Bilan 2011 : Le Niger à la croisée des chemins

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NigerL’année 2011 qui s’achève aura été marquée au Niger par une cascade d’événements dont les plus saillants sont l’alternance au sommet de l’Etat avec l’élection à la présidence de la République de Mahamadou Issoufou, après 20 ans d’opposition politique, les répercutions de la crise libyenne sur la vie socio-économique au Niger. Le démarrage de l’exploitation du pétrole nigérien et la crise alimentaire, ainsi que la qualification du Niger pour la première fois de son histoire aux phases finales de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) Gabon-Guinée 2012.

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En effet, après 20 années dans l’opposition, le candidat du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS), Mahamadou Issoufou, a été élu président de la République du Niger, le 14 mars, au détriment du candidat du Mouvement national pour la société de développement (MNSD, ancien parti au pouvoir), Seini Oumarou.

Le nouveau président et ses promesses
Aussitôt investi à la tête de l’Etat, Mahamadou Issoufou s’engage à « la renaissance d’un Niger nouveau », à travers une kyrielle d’ambitions et de promesses à réaliser pendant son mandant quinquennal, dont certaines ont été qualifiées « d’utopiques » par une certaine presse : la création de 50 000 emplois par an afin de juguler le chômage et la pauvreté chez les jeunes, la construction de 25 000 classes par an, la gratuité de l’école, plus de 600 000 milliards de francs CFA consacrés à l’agriculture, la réalisation du barrage de Kandadji, d’un échangeur à Niamey et l’arrivée du train au Niger, l’initiative 3N (les Nigériens nourrissent les Nigériens), pour faire face au déficit céréalier chronique que subit le pays presque chaque deux ans.

Si certaines de ces promesses du président Issoufou ont tardé à se concrétiser en 2011, il y a tout de même des acquis à saluer, notamment dans le domaine de la bonne gouvernance avec l’arrestation de plusieurs responsables pour détournement de biens publics, les inspections d’Etat et des finances publiques, l’installation d’une ligne verte pour dénoncer les cas de corruption et la création d’une haute autorité de lutte contre la corruption.
La phase cruciale de cet assainissement tant espéré par les Nigériens a été sans conteste la demande de levée de l’immunité parlementaire de 8 députés impliqués dans des scandales financiers et économiques, transmise à l’Assemblée nationale par le gouvernement sur instructions du président Mahamadou Issoufou.
Toutefois, le chef de l’Etat se dit conscient de la forte adversité qui se dressera sur le chemin dans cette entreprise, « mais le Niger doit cesser d’être la vache à lait d’une minorité de personnes indélicates ».

Les répercussions de la Crise libyenne et le Crise alimentaire
En 2011, la crise libyenne dont la phase cruciale a été la chute du régime Kadhafi, suivie d’une prolifération d’armes à feu, a eu des répercussions énormes sur la sécurité dans la zone nord du Niger, déjà meurtrie par plus de deux décennies d’activités de rébellions touarègues armées.
La réinsertion socio-économique des jeunes rapatriés de la Libye constitue de nos jours une préoccupation majeure pour les dirigeants du pays.
Le Niger, première ligne de la crise libyenne, avait accueilli sur son territoire plus de 700 000 refugiés de plusieurs nationalités parmi lesquels 250 000 nationaux, qui se dérobaient des descentes punitives des combattants du CNT.
En outre, la chute du régime du colonel Mouammar Kadhafi a mis fin aux aides en espèces et en nature intarissables au peuple nigérien, et tué dans l’œuf d’importants projets, entre autres, l’implantation de plusieurs institutions bancaires libyennes au Niger, la construction d’infrastructures routières dont celle de Toummo-Bilma-Agadez, sur près de 1 000 km, estimés à quelques 65 milliards de francs CFA.
A ceux-ci viennent s’ajouter les projets de construction de la route transsaharienne (Sebha-Arlit), de la construction d’un hôpital libyen de référence pour diminuer la peine des populations, l’aménagement de la vallée de l’Irhazer pour la culture de blé sur plusieurs milliers d’hectares dans la région d’Agadez.
Ce retour massif de rapatriés sans moyens a malheureusement coïncidé avec une année agro-pastorale déficitaire sur le territoire national.

En effet, les populations déjà affaiblies par les affres des crises alimentaires précédentes, s’apprêtent à affronter, une fois de plus, une crise alimentaire et nutritionnelle de grande ampleur dont les signes annonciateurs sont déjà vécus dans le quotidien des Nigériens.
Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), déjà en octobre, environ un million de personnes avaient un besoin urgent de nourriture suite aux mauvaises récoltes au Niger.
« Ce chiffre est susceptible d’augmenter à l’approche de la période de soudure, qui dure d’avril à septembre », précise la même source.

Les résultats de l’évaluation des récoltes avaient établi, rappelle-t-on, un déficit céréalier national d’environ 500 000 tonnes, qui est pire que ceux qui étaient enregistrés lors des crises précédentes en 2005 et en 2010.
Pour permettre aux Nigériens de faire face à cette situation, les autorités nationales ont décidé d’affecter, cette année, 10 milliards de francs CFA dans la pratique des cultures irriguées, un des volets du fastidieux programme agricole, « l’Initiative 3 N » du président Mahamadou Issoufou, qui n’a toujours pas concrètement démarré.
En attendant, les autorités du Niger comptent sur le soutien de tous les partenaires, pour pouvoir surmonter la crise.

Le démarrage de l’exploitation du pétrole et la qualifications à la CAN
L’événement qui a le plus marqué 2011 et qui restera pendant longtemps dans la mémoire des Nigériens, reste sans nul doute, le lancement officiel, le 28 novembre à Oualéléwa, près de Zinder (900 km, est de Niamey), des activités d’exploitation du pétrole d’Agadem, et de mise en service de la raffinerie de Zinder, société à capitaux sino-nigériens.
Ce qui, selon Christine Lagarde, directrice générale du FMI, en visite au Niger, « ouvre des perspectives d’un avenir économique meilleur » au Niger.

En effet, le Niger, après 40 ans d’exploitation de ces ressources d’uranium, occupe toujours le dernier rang en matière d’indice de développement humain. L’espoir pourrait alors naître de la commercialisation de son pétrole.
Le pays signe d’office son entrée dans le cercle des pays producteurs et exportateurs de pétrole, avec tout ce que cela comporte comme dividendes importantes.

En outre, peu avant la cérémonie de lancement, il a été signé deux conventions entre les autorités nigériennes et la partie chinoise, sur le site de la Société de Raffinage de Zinder (SORAZ), relatives, d’une part, à la reprise intégrale de la route Diffa-N’guigmi-frontière tchadienne, et d’autre part, à la construction d’une route reliant N’guigmi à Bilma, sur plusieurs centaines de kilomètres, plus au nord.

En rappelle, la SORAZ a une capacité de 100 000 tonnes. Elle produira environ 20 000 barils par jour, pour un besoin national estimé à 7 000 ; les 13 000 barils restants seront destinés à l’exportation, avait déclaré le ministre nigérien en charge du Pétrole Foumakoye Gado.
En outre, une centrale électrique d’une capacité de production de 54 mégawatts par jour y a été construite, qui pourrait alimenter toute la région de Zinder en énergie électrique.

Depuis, cet événement n’a cessé de susciter un réel espoir au sein des populations qui voient en cela, une solution définitive à la pauvreté ambiante et une baisse légitime du prix du carburant à la pompe.
Les citoyens nigériens sont, dans leur majorité, persuadés que l’exploitation du pétrole nigérien apportera un grand changement de leur niveau de vie. Ils sont nombreux à reconnaître que les retombées de la vente du pétrole peuvent contribuer à la relance de l’économie du pays et à réaliser de gros investissements dans le pays.

Pour le président Mahamadou Issoufou, dans son message à la nation à l’occasion de la célébration du 53ème anniversaire de la proclamation de la République, les recettes du pétrole, serviront à financer les besoins des plus pauvres.

« Le Fonds monétaire international prévoit d’ailleurs pour 2012 un taux de 15%, ce qui n’est pas négligeable. Selon le FMI, l’économie nigérienne figurera parmi les plus performantes du monde dans les années à venir. Il va de soi que l’or noir y sera pour quelque chose », a-t-il souligné auparavant dans une interview accordée à un journal français.

La production qui sera portée à 80 000 barils/jour en début 2014, dont 60 000 destinés à l’exportation, et 20 000 barils traités par la raffinerie selon le même ratio, a souligné le président nigérien, « va générer des ressources et des recettes fiscales substantielles pour l’Etat, susceptibles de financer les ambitions de mon programme électoral, à hauteur de 9 milliards d’euros sur cinq ans ».

En fin, autre événement marquant de l’année 2011 pour le public sportif nigérien, c’est notamment la qualification historique de l’équipe nationale de football « MENA » aux phases finales de la Coupe d’Afrique des Nations qui se dérouleront du 21 janvier au 12 février 2012 au Gabon et en Guinée équatoriale.
Source : Xinhua

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