La natte du gardien

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Image au Centre

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Ils n’ont pas tort les directeurs d’établissements scolaires qui insistent chaque jour que leur école soit clôturée. Dans presque tous les quartiers de la ville de Niamey, les cours d’école deviennent des hauts lieux de débauche dès que la nuit tombe.

 

Plusieurs types de personnes fréquentent ces lieux, chaque groupe avec son vice à assouvir. Les délinquants consommateurs de stupéfiants, les consommateurs de sexe, bref, tout se qui est louche et qu’on a besoin de cacher à certains regards.

 

Ce samedi soir, Morou a vu ce qu’il souhaite ne plus revoir dans sa vie. Morou est gardien de nuit dans un établissement scolaire à Niamey, de l’autre côté du quartier Aéroport. Chaque soir à partir de 20 heures, il s’amène dans la cour de l’école fortement armé : un gourdin, un arc et des fléchettes et un sabre qu’il a hérité de son grand père.

 

Morou ferait peur à première vue. Malgré tout, Morou est régulièrement visité par des individus sans scrupules qui ne reculent face à rien pour satisfaire leur passion. Surtout les adeptes du sexe ; souvent des personnalités dont jamais on n’aurait imaginé qu’elles se livreraient à ce sport à cet endroit destiné à acquérir le savoir.

 

Ce samedi soir, Morou était de très mauvaise humeur. A 21 heures, il avait déjà eu à en découdre avec trois couples qu’il a chassés manu militari. Ce soir, pas de pardon ; il ne laissera personne souillé cette école où les gens s’aventurent jusque dans les classes pour consommer le sexe. Maintes fois les élèves avaient trouvé des saletés sur leur table le lendemain. Dommage pour des petits enfants auxquels normalement il faut cacher ce genre de chose.

 

Après un troisième verre de thé mélangé à du café fort, Morou avait les jeux rouges, injectés de sang ; nulle trace de sommeil dans ses yeux. Les trois altercations qu’il a eues ont fait monter son adrénaline. Il tremblait sans cesse, le sang bouillonnant dans ses veines.

 

 

Minuit ; c’est le moment d’effectuer la énième ronde, la ronde décisive car c’est à cette heure que beaucoup de choses se passent. Il faut juste signaler que Morou est mal voyant ; il avait ses deux yeux, il voyait très bien le jour mais la nuit, il avait du mal à voir ce qui est à quelques mètres de lui. Malgré cette anomalie, Morou reste un gardien très courageux. Jamais il ne ferme l’œil la nuit durant. Il commence donc sa ronde, marchant avec précaution pour ne pas éveiller les soupçons chez les tricheurs.

 

Il débute par inspecter les classes en paillote, ce qu’il fit sans rencontrer de grandes oppositions. Juste un couple de jeunes gens qui le supplièrent le leur accorder deux minutes pour terminer ce à quoi ils se livraient. La rage au cœur, Morou céda à leur demande et deux minutes plus tard, il fut éloigné par des soupirs de plaisirs.

Après les paillotes, Morou alla au milieu du terrain des sports pour se reposer un peu. Il s’assit dans le sable fin et frais.

 

A peine ses fesses ont-elles touché le sol qu’il entendit un cri : « Aïe mon pied ». Morou venait de s’asseoir sur le pied de quelqu’un qui lui-même était couché sur une femme. Morou se leva soudain et se rendit compte qu’il tenait compagnie à un couple en pleins ébats. Il lança un juron et s’éloigna. Décidément, Morou ne pouvait rien contre ces dégénérés du sexe.

 

Il choisit donc d’aller chercher sa natte et de se reposer. Soudain, l’homme qui venait de terminer sa besogne le héla. Morou revint à lui. L’homme lui dit : « S’il vous plait, oubliez ce que vous venez de voir ; prenez ce billet de 10 mille francs… euh… mm… aller cherchez votre natte aussi ». Pauvre Morou ; sa propre natte avait servi à…

BIZO

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