Un général français dénonce la manipulation dans l’affaire des attentats de Paris

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Dans une lettre adressée à un officier musulman, le général français Henri Poncet s’élève contre les opérations de manipulation des émotions suscitées par les attentats contre le journal satirique Charlie Hebdo. Publiée par un site web, la lettre de cet officier supérieur confirme tout ce qui se dit sur la grosse machine propagandiste antimusulmans et anti-immigration qui s’est mise en branle depuis ces attentats meurtriers.

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Rentrant des Etats-Unis quelques jours après les actions terroristes qui ont frappé la France, le général Poncet se joint ainsi à ces voix dissonantes qui dénoncent l’hypocrisie d’une classe politique en panne d’idées. «Je comprends ton malaise, car je me rappelle ton regard inquiet alors que, jeune sous-officier, tu venais d’être affecté à mon état-major et que, dans le cadre du petit tour que j’aimais faire régulièrement, j’étais entré à l’improviste dans ton bureau.

Tu avais tout de suite vu que j’avais remarqué ton tapis de prière plié dans un coin. « Pratiquant ? » t’avais-je demandé. Tu m’avais répondu par l’affirmative et j’avais vu ton soulagement quand j’avais ajouté : « Soldat français et musulman, pas de problème »», a souligné cet officier supérieur de l’armée française. Il poursuit dans sa lettre au capitaine Djamel : «Tu me dis également que tu t’es refusé de participer à un quelconque rassemblement. Je le comprends. L’élan émotionnel et spontané a été récupéré pour initier une opération de manipulation des foules qui a engendré ces manifestations de très grande ampleur. Je te rassure, si j’avais été en France, je m’en serais également abstenu.»

Cet ancien commandant des opérations spéciales ira plus loin en affirmant que «la liberté d’expression n’excuse pas tout et ne justifie en rien le droit à la caricature outrancière que j’assimile à l’insulte la plus méprisable». Pour le général Henri Poncet, les caricatures de Charlie Hebdo ne sont donc pas de l’art. Elles ne cadrent non plus avec les valeurs républicaines ni avec le principe de la liberté d’expression et d’opinion. Il considère que la forte émotion suscitée par ces attentats a été utilisée par certains politiciens français au nom de la laïcité pour attiser leur haine du musulman.

«Gageons qu’avoir porté ces caricatures en valeur républicaine et en symbole de liberté, d’avoir voulu leur donner une caution nationale, va nous entraîner à chercher à marier la carpe et le lapin», avertit-il, rappelant ainsi ce qu’a écrit Albert Camus dans L’Homme révolté : «La liberté absolue raille la justice. La justice absolue nie la liberté. Pour être fécondes, les deux notions doivent trouver l’une dans l’autre leurs limites.» Et toujours dans L’Homme révolté, il évoque cette limite en se référant aux Grecs et à «Némésis, déesse de la mesure, fatale aux démesurés».

Cet officier supérieur, révolté, estime que «c’est tout un pan de nos opérations psychologiques qui vient de s’écrouler. J’espère que nos autorités ne vont pas oublier que la liberté d’expression se décline aussi avec la responsabilité». «Mais la classe politique, toutes catégories confondues, a voulu cacher son incurie et son incapacité à exercer les fonctions régaliennes de l’Etat depuis près de vingt ans», dénonce-t-il.

Il regrette qu’en se serrant les coudes, cette classe politique «ait joué à fond sur l’émotionnel pour ne pas se retrouver en position d’accusé par le peuple». Il appelle ainsi le capitaine Djamel à ne pas baisser les yeux parce qu’il est musulman et à être fier de son armée. «De ton armée, Djamel, tu as le droit d’être fier, fier de toi-même, de tes frères d’armes. Tu peux regarder le drapeau de ton régiment sans baisser les yeux.

Tu as droit au respect de tes concitoyens, de ton pays, de ton commandant en chef, parce que tu te bats pour la liberté, l’égalité et la fraternité», a conclu le général Henri Poncet. Une lettre magistrale qui risque de soulever des vagues médiatiques dans l’Hexagone, plus particulièrement dans les milieux politico-médiatiques de Paris.
Rafik Meddour

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