La loi des finances 2018 adoptée dans la controverse à un montant de 1 900,86 milliards FCFA

0
1680
Assembleedevanture
Image au Centre

Assembleedevanture
Après une longue journée de débats, les députés nationaux en session ordinaire, ont adopté hier nuit, le projet de loi des finances pour l’année 2018, déterminant le budget général de l’Etat, arrêté en recettes et en dépenses à un montant de 1 900,86 milliards de francs FCFA. À l’issue du vote, le budget a été ainsi adopté par 133 voix pour, 29 voix contre et 1 une abstention.

Image au Centre
Image au Centre

Dans son intervention devant la représentation nationale après le vote, le ministre des Finances, M. Massoudou Hassoumi s’est vivement réjoui de l’adoption de ce projet de loi de finances.

La loi de finances 2018 transmise à l’Assemblée nationale  risque d’être la goutte d’eau qui fera déborder le vase  indique le journal le Courrier.

Elle fait tellement grincer de dents que beaucoup d’observateurs craignent dans les semaines à venir un soulèvement similaire à celui qui a secoué le Burkina Faso voisin en octobre 2014. Les syndicats sont en débrayages permanents, les étudiants et scolaires sont régulièrement dans la rue, les enseignants chercheurs sont également en grèves perlées, les personnels des hôpitaux, vides du minimum, menacent, la société civile s’active et affûte ses armes, les citoyens de tous bords piaffent d’impatience d’en découdre avec des gouvernants aux antipodes des pré- occupations sociales. Les concertations, discussions et échanges préliminaires vont bon train tous azimuts pour mieux apprécier les mesures décriées de la loi de finances 2018, les expliquer concrètement aux populations nigériennes et pré- parer conséquemment la riposte. D’ores et déjà, un des trois grands pôles de la société civile, celui de Moussa Tchangari, a rendu public son agenda. Sous la houlette d’Alternative Espace Citoyens, les Nigériens sont ainsi conviés à prendre massivement part aux activités d’échanges et de partage qui doivent déboucher, le 11 novembre 2017, à une grande marche citoyenne contre les nouvelles mesures fiscales. Quant au MPCR de Nouhou Arzika, il a convié tous les citoyens nigé- riens, acteurs de la société civile en priorité, à une réunion de concertation en vue de coordonner la lutte contre la vie chère et les mesures de la loi de finances 2018. Cette réunion, tenue, hier mercredi 18 octobre, a été un succès de l’avis des participants. Une dynamique populaire se construit, les Nigériens de tous bords et de toutes catégories se disant excédés par les dérives du régime en place.

L’école publique est par terre et les hôpitaux manquent jusqu’aux seringues

La gestion des affaires publiques est plus que catastrophique. Le gouvernement, qui a échoué à tenir ses engagements vis-à-vis des partenaires sociaux, notamment les étudiants et scolaires, a brutalement changé de fusil d’épaule pour adopter une attitude va-t-en-guerre, ignorant royalement les appels au dialogue des syndicats fustigés et dénigrés sur les médias. Pourtant, l’école publique est malade. Dans de très nombreux établissements, alors que la rentrée scolaire est dé- crétée depuis le 2 octobre passé, il manque jusqu’à la craie pour démarrer les cours. En brousse, selon des témoignages dignes de foi, les vacances scolaires semblent se prolonger indéfiniment. Outre le manque criard de fournitures et maté- riels scolaires pour rendre la rentrée scolaire effective, l’école publique est profondément déstabilisée par le renvoi de milliers d’enseignants, synonyme de fermeture de milliers d’écoles rurales.

Sur le plan de la santé, la situation ne se présente pas avec de meilleurs indicateurs. Tout va à vaul’eau. À l’hôpital national de Niamey, la plus grande référence hospitaliè- re du Niger, les praticiens dénoncent une mauvaise prise en charge des malades au niveau de l’hôpital national liée au manque de réactifs, à la panne de certains matériels et autres outils de travail ; à la mauvaise qualité et à la quantité insuffisante de l’alimentation du personnel de l’hôpital ; à l’insuffisance, voire au manque crucial de certains produits d’entretien et autres produits d’urgence ou d’usage courant, notamment les seringues, perfalgan, cathéter, au niveau des différents services et dans les pharmacies. En somme, un système sanitaire en dégringolade. Pendant ce temps, Mahamadou Issoufou passe son temps à parcourir le monde, raclant à chaque fois le peu de liquidités financières que le Trésor public réussit à engranger. Pire, il s’entête à maintenir un gouvernement de 43 ministres, sans compter la multiple de conseilles qui émargent sur le budget de l’Etat en qualité de ministres et qui, bien que sans portefeuille connu, ont été autorisés à nommer directeur de cabinet, chef de cabinet, chef de protocole, etc. Quant à l’Assemblée nationale, malgré les mises en garde et les appels à la raison, Mahamadou Issoufou l’a portée à 171 membres alors qu’elle était de 113 membres. Bref, un train de vie public qui frustre, choque les Nigériens dont la plupart, en campagne comme en ville, tirent le diable par la queue, notamment depuis que le gouvernement a du mal à faire face à ses charges de souveraineté.

C’est dans cette situation des plus précaires que Mahamadou Issoufou décide d’imposer aux Nigériens, qui scrutent depuis de très longs mois, une issue heureuse à leurs souffrances, de nouvelles charges. Une nouvelle hausse de la tarification de l’énergie électrique ; une taxe d’habitation imposable même aux locataires et occupants à titre gratuit ainsi que l’application, supprimée depuis plusieurs années, de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur certains produits de première nécessité. La taxe d’habitation s’applique aux propriétaires et occupants des locaux situés dans les chefs-lieux de région, de département ou de commune. Quant à la Tva, elle est rétablie (article 226-nouveau, alinéa 2), à un taux, réduit de 5%, précise-t-on, sur plusieurs produits de première nécessité. Ainsi, le sucre, l’huile alimentaire, les aliments destinés aux animaux d’élevage ; le lait manufacturé, les pâtes alimentaires, la farine de maïs, de mil, de millet, de sorgho, de riz, de blé et de fonio sont désormais frappés de Tva à hauteur de 5% ; ce qui suppose une augmentation systématique de tous ces produits de 15% au moins, en tenant compte de la marge bénéficiaire du commerçant final. Des mesures que les acteurs de la société civile jugent suicidaires pour les ménages nigériens. Ils n’ont pas d’ailleurs tardé à exprimer leur colère et leur détermination à combattre ces mesures antisociales.

Les nouvelles mesures fiscales marquent le fossé qui sépare Issoufou Mahamadou de son peuple

Ces mesures antisociales sont perçues comme une provocation de trop de la part du régime. Elles interviennent dans un contexte marqué par une situation financière catastrophique que les Nigériens lient à une gestion peu orthodoxe des ressources et biens publics, ponctuée de corruption, de trafics en tous genres, d’exonérations complaisantes et même fausses, de détournements massifs de deniers publics, etc. Rien que pour les exonérations, le gouvernement a déclaré officiellement avoir perdu plus de 1000 milliards. C’est sans compter bien sûr les fausses exonérations qui ont considérablement enrichi des hommes bien connus, partis de rien. Quant aux scandales, ils foisonnent comme têtards dans un étang. À titre d’illustration, il est régulièrement fait allusion aux 200 milliards de Massoudou Hassoumi, aux 500 ou 1000 milliards de prêt auprès d’Eximbank de Chine ; aux 50 milliards de prêt auprès du Congo ; aux 20 milliards soutirés des caisses de l’ARTP ; aux 6 milliards de la Soraz ; aux 15 000 tonnes de l’aide alimentaire pakistanaise, aux indemnités de d « épart illégales de Ousseïni Tinni et de Iro Sani, etc. Ces scandales, révélés et dénoncés par la presse, n’ont jamais connu la moindre suite. À Niamey comme à l’extérieur, on parle de très nombreux ténors du régime devenus milliardaires en six années de gestion. Certains de ses ténors achètent et construisent des immeubles à plusieurs centaines de millions de francs. Pratiquement au vu et au su de tout le monde.  » Une véritable pourriture « , selon un acteur de la société civile.

La nouvelle tarification de l’énergie :  une provocation de trop de la part du régime

Le décret portant approbation de la méthodologie tarifaire et de la nouvelle structure des tarifs applicables aux usagers finaux du service public de l’énergie électrique fournie par la Nigelec [ndlr : société nigérienne d’électricité] est particulièrement expressive de la volonté du gouvernement de faire payer aux citoyens les forfaitures commises par des hommes bien connus pour la plupart. En lieu et place d’une lutte implacable contre la corruption et le détournement des deniers et biens publics, le gouvernement propose plutôt d’ignorer ces richesses illicites pour demander aux citoyens de payer plus cher l’électricité. Du tarif social aux aménagements hydro agricoles, en passant par la basse tension et la moyenne tension, le coût de l’électricité va connaître une hausse vertigineuse insupportable pour les populations. C’est le prix à payer pour assurer le fonctionnement de Gorou Banda. Mahamadou Issoufou a ainsi travaillé à rendre la vie difficile aux populations en créant une unité de production d’énergie qui revient plus chère aux Nigériens que celle qu’ils consommaient auparavant. Avec la Tva de 5% sur les produits alimentaires et la taxe d’habitation, il est à se demander si Mahamadou Issoufou ne chercherait pas à enterrer les Nigériens.

Image au Centre

LAISSER UN COMMENTAIRE

Veuillez saisir votre commentaire
Please enter your name here