Issoufou Mahamadou dresse son bilan de huit ans de gestion du pouvoir

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Le Président de la République, Chef de l’Etat, SE. Issoufou Mahamadou, a accordé, le samedi 6 avril dernier, un entretien exclusif à la Télévision nationale à l’occasion du huitième anniversaire de son accession à la tête de l’Etat du Niger. Au cours de cet entretien, le Chef de l’Etat a fait le bilan de la mise en œuvre de son programme de gouvernance dénommé  »Programme de Renaissance du Niger » qu’il met en œuvre depuis le 7 avril 2011, date de son investiture pour son premier mandat, renouvelé par le peuple Nigérien en mars 2016. Cet entretien à bâtons rompus qui a duré près d’une heure, a permis au Président Issoufou d’aborder plusieurs questions d’intérêt national, sous régional et même continental. Le Programme de Renaissance du Niger, sur la base duquel le peuple nigérien a hissé le Président Issoufou Mahamadou à la tête du Niger et lui a renouvelé sa confiance a été longuement évoqué. Chiffres à l’appui, le Président de la République a répondu point par point à toutes ces questions quelles soientt liées aux infrastructures, aux secteurs sociaux de base, à la création d’emplois pour les jeunes, à l’agriculture et à l’élevage, à l’eau et à l’assainissement, à la bonne gouvernance, au processus électoral, à la monnaie unique, à la Zlecaf et au G5 Sahel. Des questions d’ordre sécuritaire, politique, économique et social étaient également au coeur de l’interview. Nous vous proposons l’intégralité de cet entretien sur le bilan de 8 ans d’exercice de pouvoir par SE. Issoufou Mahamadou.

Tout d’abord, que faut-il retenir, en termes de bilan, de la mise en œuvre de votre Programme de Renaissance du Niger ?
Je voudrais rappeler que c’est en 2011 que le peuple nigérien a eu à me faire confiance, pour un premier mandat de 5 ans. En 2016, le même peuple nigérien m’a renouvelé sa confiance. Cela fait donc huit ans que je suis à la tête de mon pays. Le bilan de ces huit années de mise en œuvre du Programme de Renaissance est positif. Pendant ces huit ans, le Gouvernement a travaillé sans relâche à la mise en œuvre des huit priorités dudit Programme.
La Renaissance culturelle, qui est l’une des priorités du programme, vise la modernisation sociale, la modernisation politique, économique. Le contenu donc de cette renaissance a été précisé. Ensuite, la sécurité du pays, durant toute cette période a été assurée, dans un environnement où des organisations terroristes et criminelles font peser des menaces très fortes sur les Etats. La stabilité des institutions démocratiques a également été assurée, pendant cette période. Toujours durant ce temps, nous avons tout fait pour créer les conditions de stabilité, de développement économique du pays, avec une forte croissance de notre économie, une maîtrise de l’inflation et de l’endettement du pays et un effort d’assainissement des finances publiques. Ce qui a permis, à travers la mobilisation des ressources internes, de réduire le déficit budgétaire de notre pays, qui sera autour de 3% à l’horizon 2020, conformément aux critères de convergence de l’UEMOA.
Par ailleurs, le gouvernement a fait beaucoup d’efforts dans le domaine des infrastructures, qu’elles soient routières, énergétiques, de télécommunications, mais aussi urbaines. D’autre part, des résultats sans précédent ont été obtenus sur le plan de l’Initiative 3N, de l’éducation, de la santé, de l’accès à l’eau potable et à l’assainissement, de la création d’emplois pour les jeunes. Donc, je peux dire que le Niger est vraiment en chantier, et que le Niger se transforme, grâce à la mise en œuvre du Programme de Renaissance.
Monsieur le Président, la priorité de votre programme c’est justement la Renaissance culturelle, qui semblait, au départ irréalisable, sachant qu’elle implique des changements de comportements. Ce qui est un chantier de très longue haleine. Avez-vous le sentiment que les choses commencent à bouger ?
Oui. La Renaissance culturelle, je le rappelle, vise trois modernisations. La modernisation sociale, la modernisation politique et la modernisation économique. Ces trois chantiers visent également à créer les conditions du renforcement de l’action collective de l’ensemble du peuple nigérien sur le chemin de son développement économique et social. Il s’agit, en effet d’un chantier de longue haleine.
Le gouvernement a défini le plan d’actions pour la mise en œuvre et l’exécution de ce chantier et a aussi mis en place une feuille de route. Il a aussi identifié les valeurs qu’il faut promouvoir sur le chemin de la Renaissance culturelle, ainsi que les contre-valeurs qu’il faut combattre.
Le gouvernement a également bien défini les enjeux autour desquels il faut travailler. Il s’agit par exemple de la transition démographique, la promotion de la scolarisation de la jeune fille, la lutte contre la mendicité et la mentalité d’assisté. C’est aussi la lutte pour la salubrité, la protection de l’environnement, l’unité nationale. Il y a aussi le renforcement, sur le plan politique, de la capacité de l’Etat à rendre justice, à lutter contre la corruption, à lever l’impôt, car sans impôt, on ne peut rien faire. Sur le plan économique, il y a d’autres enjeux sur lesquels nous travaillons, comme le développement de l’esprit d’entreprise, la promotion du travail.
C’est vraiment un vaste chantier sur lequel un résultat a retenu mon attention. C’est concernant la transition démographique, la réduction de la fécondité. Elle est passée de 7, 6 à 6 enfants par femme. Nous sommes, pour ainsi dire, sur la bonne voie. Le gouvernement continuera à donner les impulsions nécessaires, afin que ce difficile chantier puisse être mené à bon port.
Monsieur le Président, des populations brandissent, à chacun de vos déplacements, en région, des fruits et légumes, avec beaucoup de fierté. Par ailleurs, des expositions sont organisées dans toutes nos grandes villes et ravissent des prix à des nombreuses foires au plan national. Alors, à deux ans de la fin de votre second mandat, pensez-vous que l’Initiative 3N a atteint ses objectifs ?
 »Sécheresse ne sera plus synonyme de famine », telle était la promesse que j’ai faite aux Nigériens. Grâce à la mise en œuvre de l’Initiative 3N, je pense avoir tenu cette promesse. A travers la mobilisation des eaux, l’approvisionnement des producteurs en intrants, la défense et la restauration des terres, nous avons ainsi pu créer les conditions de l’augmentation de la culture pluviale ainsi que des cultures irriguées. Entre 2011 et 2018, la production des cultures pluviales a augmenté de 71% et celle des cultures irriguées a augmenté de 300%. Cela a permis de faire en sorte que sécheresse ne soit plus synonyme de famine.
En plus, les réalisations que nous avons faites dans le secteur de l’élevage ont également permis d’augmenter la production de viande et celle du lait. On note aussi une augmentation de la production halieutique et celle des produits forestiers non ligneux.
Parallèlement à l’augmentation de la production, le Gouvernement a toujours, et cela chaque année, conçu et mis en œuvre un plan de soutien, en rapport avec les partenaires. Ce plan vise à venir en aide aux populations vulnérables, car même si la campagne agricole a été excédentaire, il y a toujours des villages qui sont déficitaires, donc des populations qui sont vulnérables. Par conséquent, chaque année, nous mettons en place ce plan de soutien.
De 2011 à 2018, c’est près de 1.000 milliards FCFA que nous avons investis pour soutenir les populations vulnérables. Il y a eu des ventes de céréales à prix modérés, des opérations de distributions gratuites des vivres, du Cash for Work, du Food for Work, etc. C’est dire que l’Initiative 3N est une combinaison de réponses structurelles avec des actions d’urgence. Mais au fur et à mesure qu’on va avancer, dans la mise en œuvre de cette Initiative, les réponses structurelles vont prendre plus de poids, par rapport aux réponses d’urgence. Là aussi, nous sommes sur la bonne voie dans la mise en œuvre de cette Initiative, avec pour nouvelle ambition,  »la faim zéro en 2021 ».
Monsieur le Président, vous avez officiellement procédé à la relance des travaux du barrage de Kandadji, un vœu nourri par les Nigériens depuis les indépendances. Après toutes ces tentatives infructueuses, avez-vous la certitude que tous les blocages sont aujourd’hui levés et que ce barrage verra finalement le jour ?
Plaise à Dieu, cette fois-ci, la relance du projet Kandadji est irréversible. Je le dis parce que nous avons sélectionné une entreprise pour exécuter les travaux du chantier, une entreprise dont les capacités techniques et financières sont avérées. Je le dis aussi parce que je sens que les partenaires sont à nos côtés pour la réalisation de ce projet structurant pour le Niger.
Ce projet qui a des buts multiples, permettra, entre autre de produire de l’électricité, de régénérer l’écosystème du fleuve mais aussi de créer les conditions du développement, non seulement pour la région de Tillabéri, mais aussi pour l’ensemble du pays. Je pense que cette fois-ci, les choses sont bien engagées, et la réalisation de ce barrage sera une réalité, dans quelques mois ou années.
Le volet infrastructures du Programme de Renaissance, continue d’embellir les chefs-lieux des régions et semble atteindre aujourd’hui sa vitesse de croisière avec notamment les préparatifs du Sommet de l’Union africaine que notre pays va accueillir en juillet 2019. Monsieur le Président, quel bilan tirez-vous de ce programme ?
En ce qui concerne les infrastructures, il faut dire que nous avons eu à réaliser des routes bitumées, des routes rurales, tandis que d’autres routes ont été aussi réhabilitées. Nous avons également réalisé des infrastructures énergétiques, dont la centrale thermique de Gorou Banda et la centrale solaire de Malbaza.
En matière de télécommunications, nous avons renforcé la fibre optique et mis en place la TNT. Nous avons par ailleurs développé l’électrification rurale, modernisé des infrastructures aéroportuaires de villes comme Niamey, Tahoua, Maradi, Zinder et Agadez. En fait, nous avons modernisé les villes. D’ailleurs, Niamey, la capitale, avec ses échangeurs, son 3ème pont, ses travaux de voiries, notamment la voie express, constitue un véritable exemple de cette modernisation des villes de notre pays. Ici, j’ai quand même un regret de taille : c’est le blocage, pour des raisons indépendantes de notre volonté du projet de chemin de fer. Les Nigériens savent effectivement que cela ne dépend pas de nous. Je ne développerai pas ici les raisons pour lesquelles ce projet est bloqué.
Donc toutes ces infrastructures que nous sommes en train de réaliser auront pour effet d’assurer la compétitivité de notre économie en réduisant les coûts de transport et ceux de l’énergie. En plus, cela va renforcer la compétitivité de nos villes dans l’accueil des évènements internationaux. Niamey, qui est aujourd’hui dotée d’infrastructures modernes, accueillera très prochainement le Sommet de l’Union africaine.
Monsieur le Président, au-delà de la question des infrastructures, ce Sommet de l’Union africaine considéré comme l’aboutissement de l’offensive diplomatique que vous avez menée depuis 2011, sera doublé d’un autre sommet qui va consacrer l’entrée en vigueur de la Zone de libre-échange continentale en Afrique, un dossier que vous avez personnellement conduit, de bout en bout. Qu’attendez-vous de vos compatriotes, à l’occasion de ce double évènement ?
Comme je viens de le dire, les infrastructures que nous avons réalisées, notamment à Niamey, renforcent la compétitivité de nos villes pour accueillir des évènements internationaux. Aux Sommets de l’Union africaine et de l’OCI, auxquels vous faites allusion, viendront s’ajouter d’autres rencontres internationales. Je sais que l’hospitalité est légendaire au niveau de notre peuple et j’attends des Nigériens qu’ils réservent à nos hôtes l’accueil chaleureux qu’exige notre tradition.
Monsieur le Président, depuis l’indépendance on parle et reparle de l’intégration africaine. Est-ce-que, à votre avis la Zlecaf peut impacter et accélérer ce processus ?
Quand vous lisez le Programme de Renaissance, vous verrez que les objectifs du programme vont au-delà du cadre de national. Tout le monde connait nos ambitions en matière d’intégration régionale et continentale. C’est d’ailleurs pour cela que je me suis très fortement engagé, notamment dans le processus de la mise en place de la monnaie unique au sein de la CEDEAO. Mais je me suis aussi engagé dans la mise en place de la Zone de libre-échange continentale parce que je suis convaincu que c’est la voie de l’avenir pour l’Afrique, et que les 84.000 kms de frontière qui existent entre les pays africains entravent le développement de l’Afrique. Il nous faut donc sortir de ces frontières en mettant résolument en œuvre tous les programmes de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, notamment la Zone de libre-échange continentale, le plan de développement industriel de l’Afrique qui permettra notamment de transformer nos matières premières, le plan du développement agricole de l’Afrique et celui du développement des infrastructures en Afrique. Si on met en place la ZLECAf, il faut que les pays africains aient des choses à échanger. C’est donc pour cela qu’il faut promouvoir l’industrie. Il faut également qu’il ait des voies de communication entre ces pays, d’où la nécessité de prévoir les infrastructures.
Excellence Monsieur le Président de la République, malgré tous les efforts de l’Etat et de ses partenaires, l’insécurité continue à sévir à l’est et à l’ouest de notre pays. Récemment encore la secte Boko Haram a perpétré des tueries et des enlèvements dans la région de Diffa. On reste toujours sans nouvelles des femmes enlevées à N’Galéwa. Est-ce qu’on peut parler d’échec sur ce dossier sécuritaire qui engloutit pourtant une part importante du budget national ?
Il n’y a pas d’échec. Et ainsi vous m’offrez l’occasion de féliciter et d’encourager les forces de défense et de sécurité. Je suis fier des résultats qu’elles ont obtenus dans la lutte contre les organisations terroristes et criminelles. Nos forces se battent sur beaucoup de fronts depuis la frontière avec le Burkina Faso, jusqu’à la frontière libyenne, de la frontière avec le Mali jusqu’au bassin du Lac Tchad.
Notre armée est la 3ème de la CEDEAO, et j’en suis fier. Nous continuerons à fournir des efforts de recrutement, de formation et aussi d’équipement pour renforcer les capacités de notre armée. De la même façon que nous continuerons également la mutualisation des capacités avec les pays voisins, aussi bien au niveau de la Force mixte multinationale qui se bat contre Boko Haram dans le bassin du Lac Tchad qu’au niveau de la Force conjointe du G5 Sahel. J’espère que, très prochainement, il aura une restauration de l’Etat en Libye, ce qui permettra d’améliorer la sécurité sur l’ensemble de la région, aussi bien au niveau du Bassin du Lac Tchad qu’au niveau du Sahel.
Monsieur le Président, vous venez de démontrer que la sécurité n’a pas de prix, comme on a l’habitude de le dire. A cet effet, beaucoup de ressources ont été affectées par notre pays à ce domaine. Mais, cette option que d’aucuns qualifient du tout sécuritaire n’a-t-elle pas d’impact sur la prise en charge des autres secteurs sociaux de base ?
Vous avez raison de le rappeler, la sécurité n’a pas de prix. C’est pour cela que nous mobilisons toutes les ressources nécessaires pour assurer la paix et la sécurité sur notre vaste territoire. Il y a des années où la sécurité a absorbé 19% des ressources budgétaires, comme ce fut le cas en 2018. C’est pourquoi, nous disons à nos partenaires de tenir compte de cette donne même pour le calcul du déficit. Il serait bon qu’on calcule le déficit budgétaire en tenant compte des dépenses de sécurité. Ces dépenses font que, peut-être, nous investissons moins dans les autres secteurs, comme par exemple l’éducation.
Dans le secteur éducatif, le Programme de Renaissance a prévu d’investir 25% des ressources budgétaires, actuellement nous n’investissons qu’entre 19 et 22%. Vous remarquez que ça fait 3 à 6 points de moins, que les prévisions dudit programme.
Dans le secteur de la santé, là il n’y a pas de problème, nous faisons des investissements qui sont à peu près conformes aux objectifs du programme. Nous avons prévu d’y investir 10% et, chaque année, nous investissons autour de ce montant.
Au niveau de l’Initiative 3N, nous avons prévu d’investir 15 % de ressources budgétaires. Sur ce plan nous en faisons plus. Ceci pour dire qu’en effet, s’il n’y avait pas les problèmes de sécurité ces dernières années, nous aurions certainement réalisé plus de routes, plus d’infrastructures énergétiques et plus d’infrastructures de communication. Mieux, nous aurions plus investi dans les secteurs de la santé, de l’éducation, de l’emploi, quoique la sécurité aussi crée aussi des emplois. En effet, nous avons, dans ce domaine procédé à beaucoup de recrutements au niveau des Forces de défenses et de sécurité pendant ces 8 dernières années.
Les questions sécuritaires ont apparemment consommé une bonne partie des ressources financières mobilisées. Qu’en est-il alors des secteurs sociaux de base ?
Malgré l’importante part de ressources financières qui a été consacrée à la sécurité, les secteurs sociaux de base ont aussi bénéficié d’investissements. Avec la grande mobilisation des ressources internes et externes, nous avons pu investir, en 8 ans, 10.000 milliards FCFA dans la mise en œuvre du Programme de renaissance. Je disais que dans le seul secteur de l’éducation, entre 19 et 22% de ces ressources y ont été investis.
Quand on fait le bilan des infrastructures réalisées entre 2011 et 2018, on se rend compte qu’on a réalisé autant que ce qui a été fait dans ce pays en 50 ans, soit de 1960 à 2010. Durant ces huit ans, nous avons recruté du personnel, nous avons construit des salles de classe, nous avons imposé la fréquentation scolaire jusqu’à l’âge de 16 ans.
Le secteur de la santé a aussi bénéficié d’importantes ressources qui tournent autour de 10% de ces 10.000 milliards FCFA mobilisés et investis dans le cadre de mise en œuvre du Programme de Renaissance. D’importantes infrastructures ont également réalisées dans ce domaine. C’est ainsi que des hôpitaux de référence à Niamey et à Maradi, des centres hospitaliers régionaux ont également été construits, sans oublier les Centre de santé intégrés. Nous avons également fourni le pays en médicaments. Je dois rappeler ici que les médicaments, à eux seuls, représentent 75 % du coût de santé. C’est donc un poste énorme de consommation de ressources.
Dans le domaine de l’assainissement aussi des efforts ont été réalisés pour rendre le cadre de vie des Nigériens plus agréable. Nous avons aussi créé beaucoup d’emplois, car la convergence de tous les efforts que nous déployons dans ces nombreux secteurs vise à aboutir à la création d’emplois pour les jeunes. Je constate avec fierté que la jeunesse nigérienne possède beaucoup de talents et de potentialités. L’occasion nous été plusieurs fois été offerte pour faire ce constat, notamment à travers des concours comme E-Takara, les foires et autres expositions. Nous encourageons nos jeunes à poursuivre dans cet élan talentueux et promoteur pour l’avenir.
Monsieur le Président de la République, au-delà de la sécurité nationale, vous avez également géré celle de l’ensemble de l’espace sahélien, en assurant la présidence en exercice du G5-Sahel, une union qui a vu beaucoup de promesses d’appuis financiers, sans jamais véritablement bénéficier de ces fonds et pouvoir passer à l’acte. Alors ne pensez-vous pas, vous-mêmes et vos pairs du Sahel, que la communauté internationale vous a abandonnés à votre sort ?
La présidence nigérienne du G5 Sahel a travaillé sur l’aspect sécurité-développement. Sur le plan de la sécurité, on peut le dire aujourd’hui, la Force conjointe est opérationnelle. Sur le plan du développement, rappelez-vous, nous avons tenu une conférence à Nouakchott, en Mauritanie, pour mobiliser les ressources financières nécessaires à la mise en place du Plan d’Investissement Prioritaire du G5 Sahel. Ce Plan a pour objectif la gouvernance, le développement des infrastructures, celui de la résilience et la promotion du développement humain dans les zones fragiles, notamment frontalières entres les pays du G5 Sahel.
Je me félicite du soutien que j’ai obtenu de la part des partenaires pendant cette présidence nigérienne du G5 Sahel. Je souhaite bien sûr ce que les partenaires fassent preuve de diligence dans le décaissement des ressources financières promises, aussi bien au niveau de la sécurité qu’au niveau du développement.
Monsieur le Président, sous votre conduite, le Niger a joué et continue à jouer un rôle important dans la lutte contre la migration clandestine. Comment arrivons-nous à gagner ce combat quand on voit le flux de ces jeunes qui cherchent, malgré tous les cas de mort enregistrés dans la méditerranée et même le désert du Sahara, à rejoindre l’Europe ?
Nous menons un combat sans merci contre la migration clandestine pour deux raisons : une raison morale et une raison sécuritaire. Sur le plan moral, nous trouvons inacceptable que des milliers de jeunes africains meurent dans le Sahara et en méditerranée. Sur le plan sécuritaire, comme on le sait, les trafiquants des migrants sont aussi des trafiquants d’armes. Ils ont donc des connexions avec les terroristes. C’est donc partant de ces deux raisons que le gouvernement a conçu un plan de lutte contre la migration clandestine et qu’il est en train de mettre en œuvre avec succès dans la dimension sécuritaire et dans celle de développement.
Sur le plan de la dimension développement, la solution au phénomène de la migration clandestine réside dans la transformation, sur place, de nos matières premières. Ce qui permettra d’offrir des emplois à notre jeunesse. C’est pour cela que nous travaillons à mettre en œuvre, à l’échelle de l’Afrique, des programmes auxquels je faisais tantôt allusion, notamment la Zone de libre échange continentale africaine (ZLECAf), les Plans de développement industriel, de développement agricole, celui du développement des infrastructures. Tout cela aura pour résultats de transformer nos matières premières sur place, de renforcer les échanges entre nous, de créer davantage d’emplois pour notre jeunesse. Ma conviction est que l’Afrique va continuer à être un réservoir de migrants, tant qu’elle restera un simple réservoir de matières premières non valorisées. C’est pourquoi, il faut tout mettre en œuvre pour transformer sur place nos matières premières.
Je vous donne pour exemple le cacao. Savez-vous que le cacao représente à peine 5% de la valeur du chocolat ? C’est dire que les pays qui produisent cette matière première (cacao) n’arrivent à retenir que 5% de la valeur du chocolat. On peut multiplier les exemples avec des matières premières comme l’uranium, la bauxite, etc. C’est pourquoi tous les efforts doivent être mobilisés dans les pays africains afin de transformer nos matières premières. L’Afrique est certes considérée comme un continent très riche, mais cette richesse n’est pas synonyme de développement tant que les matières premières ne sont pas effectivement transformées sur place. C’est à cela que nous allons nous atteler parce que c’est ça la vraie réponse à la migration clandestine.
Votre 8ème année à la tête de l’Etat est marquée par une ébullition sur le plan social, avec notamment ce qu’on appelle les Journées d’actions citoyennes (JAC) et autres contestations de la loi des Finances. Plus récemment les enseignants chercheurs s’insurgent contre la nomination des recteurs des universités qui étaient jusqu’ici élus par leurs collègues. Qu’est-ce qui empêche le gouvernement de ramener la sérénité sur le plan social ?
Je dois rappeler que le gouvernement a toujours privilégié les négociations et le dialogue dans ses relations avec les partenaires sociaux. S’agissant des lois des Finances, je dois rappeler que ces lois reflètent les priorités du Programme de Renaissance. Ces lois ont pour objectif d’améliorer les conditions de vie des Nigériens. Maintenant, s’il ya des compatriotes qui pensent le contraire, c’est tout à fait leur droit. Je respecte leurs opinions, mais ces opinions doivent s’exprimer dans le respect des lois de la République.
S’agissant des Universités publiques, vous n’êtes pas sans savoir que le gouvernement est à pied d’œuvre pour améliorer la qualité de l’enseignement à tous les niveaux. Or si je compare la situation du système éducatif de notre pays avec celle des autres pays de notre sous-région, nous constatons que les performances de notre système éducatif sont sans rapport avec les ressources que nous y investissons. Ce qui n’est pas normal. Cela nécessite des réformes en profondeur et à tous les niveaux y compris au niveau de l’enseignement supérieur.
Parmi les causes de l’instabilité sociale, on cite les réformes apportées au système de gestion des finances publiques. Ces réformes étaient-elles indispensables monsieur le Président, et quelles en sont aujourd’hui les bienfaits constatés ?
Oui, ces réformes sont indispensables. Elles ont produit des bienfaits pour notre économie. Elles ont permis de consolider la stabilité macroéconomique et de soutenir la croissance. Je dois rappeler ici que la croissance de notre économie pendant les huit dernières années a été autour de 6% et nous prévoyons une croissance de 7% pour les prochaines années. Mais nous avons aussi, à travers ces réformes, maîtrisé l’inflation et l’endettement du pays.
De même, nous avons accru les ressources internes et réduit les déficits. Il fut un moment où nous avions un déficit budgétaire de 9%. En 2018, ce déficit a été ramené à 4,2%. Et en 2020, le déficit budgétaire du Niger sera conforme aux critères de l’UEMOA, c’est-à-dire inférieur ou égal à 3%. Ces réformes ont aussi permis d’accroître la mobilisation des ressources internes.
Alors, quand on tient compte de cette mobilisation des ressources internes et qu’on y ajoute la mobilisation des ressources externes, on se rendra compte qu’on a fait du bien à notre pays. Durant ces huit ans, nous avons mobilisé et dépensé 10.000 milliards de francs CFA. On a dépensé ces ressources pour assurer notre sécurité, consolider les institutions démocratiques et républicaines et réaliser des infrastructures routières, énergétiques, hydrauliques, de communication, etc ; Ces ressources ont été aussi dépensées pour réussir l’initiative 3N ; promouvoir l’éducation, la santé, l’accès à l’eau potable pour les populations, et créer des emplois pour les jeunes. Voilà les bienfaits des lois des Finances et c’est ça la réalité que certains ne voient pas.
Aujourd’hui, l’économie nigérienne fait partie des 10 premières économies les plus dynamiques de l’Afrique au sud du Sahara grâce à ces réformes. C’est la raison pour laquelle ces réformes doivent se poursuivre et se renforcer. Je dois dire ici que pendant ces huit dernières années, nous avons accru les revenus par habitant. La richesse par habitant a augmenté et la pauvreté a reculé.
A titre d’exemple, rien que pour le salaire que paie le gouvernement, la masse salariale annuelle est passée de 103 milliards en 2010 à plus de 273 milliards en 2018. Tout ça, révèle les bienfaits des réformes que nous sommes en train de mettre en œuvre depuis huit ans. Aujourd’hui l’économie nigérienne est sur la bonne voie.
Pourtant, malgré toutes ces mesures d’austérité mises en œuvre, notre pays est encore très mal classé dans la dernière publication du Programme des Nations Unies relativement à d’indice de développement humain (IDH). Faudrait-il encore plus de sacrifices, Monsieur le Président ?
D’abord, je rectifie : il n’y a pas de mesures d’austérité ! Parce que les mesures d’austérité, ça veut dire réduire les salaires ; il n’y a pas eu réduction des salaires, mais plutôt augmentation des salaires. Les mesures d’austérité impliquent le licenciement des travailleurs de la Fonction Publique, or on n’a pas licencié des travailleurs, on a plutôt recruté d’autres nouveaux fonctionnaires. Pendant cette période-là, c’est globalement 50.000 fonctionnaires qu’on a eu à recruter. Donc c’est une fausse idée que de considérer que les mesures que nous sommes en train de prendre sont des mesures d’austérité. C’est faux, il n’y a pas de mesures d’austérité, mais plutôt des mesures qui nous permettront d’atteindre les résultats que je viens de rappeler tantôt.
Par rapport au classement de l’IDH, il faut retenir cet indice intègre trois variables : le revenu par habitant, l’espérance de vie, et la scolarisation. Ceci, pour résumer ce que les gens comprennent, parce que si je rentre dans les détails de durée moyenne de scolarisation et de durée attendue de scolarisation, personne ne comprendra rien. Mais il faut retenir que le facteur scolarisation est un facteur important.
Si on prend le classement du point de vue de la richesse créée, le Niger a un peu gagné dans le classement. En 2017, les dernières données du FMI classent le Niger à la 144ème sur 193 pays du point de vue de la richesse par habitant, devançant ainsi près de 49 pays. Donc ce critère-là classe le Niger en très bonne position du point de vue de la richesse créée et du PIB. Et j’insiste là-dessus : nous ne sommes pas le pays le plus pauvre du monde, de ce point de vue ! Au contraire, nous dépassons 49 pays !
Si nous prenons l’espérance de vie, là également nous sommes loin d’avoir un mauvais classement. Nous devançons beaucoup de pays de la sous-région. Mais le problème du Niger vient de la scolarisation. Et là je ne vais pas accabler la colonisation, mais je vais rappeler qu’à l’indépendance, le taux de scolarisation était de 3%. Je ne vais pas accabler les régimes qui nous ont précédés, mais chacun a fait ce qu’il a pu pour améliorer cette scolarisation qui nous tire vers le bas. Nous aussi, depuis que nous sommes en place à partir de 2011, nous nous battons pour améliorer le taux de scolarisation, en particulier pour améliorer le taux d’alphabétisation.
Quels que soient les efforts que nous faisons pour scolariser les jeunes nigériens, il y a la tranche d’âge de 15-25 ans qui nous tire vers le bas. Voilà la signification de ce classement. Je sais que les Nigériens sont très frustrés chaque année lorsqu’on annonce le mauvais classement du Niger. Il faut nuancer les choses, il faut relativiser et se dire qu’il faut s’engager très fortement dans le combat de l’amélioration de la scolarisation, de l’amélioration de l’alphabétisation des adultes tout en attirant l’attention de l’opinion sur la nécessité de promouvoir la scolarisation de la jeune fille et l’alphabétisation des femmes.
C’est un secteur par rapport auquel nous sommes vraiment en retard. C’est heureux de constater que le gouvernement ait décidé comme vous le savez de réglementer la protection de la scolarisation de la jeune fille. Tout cela participe à l’amélioration de l’indice de développement humain.

Monsieur le Président de la République, l’économie de notre pays paie l’effet de la baisse des prix de notre principal produit d’exportation qu’est l’uranium jusqu’à une certaine époque et de la chute des cours du pétrole également. Or, d’importants projets comme Imouraren et le pipeline pour l’exploitation du brut restent tributaires des coûts de ce produit sur le marche mondial. Est-ce qu’on peut espérer une embellie à plus ou moins court terme sur le paysage économique durement éprouvé par tous ces effets conjugués ?
L’économie du Niger a connu plusieurs chocs : la baisse des prix des matières premières, les chocs climatique et sécuritaire et ceux lié à la récession économique chez notre grand voisin, le Nigeria. Mais malgré ces chocs, notre économie fait preuve d’une grande résilience. J’ai rappelé le taux de croissance pendant ces huit dernières années qui tournait en moyenne autour de 6% par an.
Notre économie a été certes résiliente, mais s’il n’y avait pas eu ces chocs là, on aurait eu encore une croissance plus grande. S’il n’y avait pas la chute des prix des matières premières ; s’il n’y avait pas eu l’effondrement de la demande sur le marché de l’uranium, on aurait ouvert Imouraren. Et cela aurait renforcé la croissance de notre pays. S’il n’y avait pas eu l’effondrement des cours du pétrole, on assignerait peut être l’augmentation de la production du pétrole au Niger. Mais cela fait partie des perspectives en ce qui concerne le pétrole.
Ces perspectives sont bonnes pour le Niger. C’est justement pourquoi nous avons des prévisions de taux de croissance autour 7% pour les cinq (5) prochaines années. De ce point de vue, le Niger a un bel avenir devant lui malgré les chocs auxquels vous venez de faire allusion.
Monsieur le Président de la République, on sait que le secteur privé joue un rôle essentiel dans le développement économique de tout pays. Qu’est-ce que le gouvernement nigérien fait pour que le secteur privé nigérien contribue davantage au développement économique de notre pays ?
Quatre (4) facteurs sont à la base de la richesse dans un pays. Il s’agit en l’occurrence de la croissance effective, des investissements publics, des investissements privés et des exportations. Mais c’est les importations qui interviennent de manière négative dans la détermination du Produit Intérieur Brut (PIB). Donc, si nous devons accroitre le PIB et augmenter la croissance de notre économie, nous devrons agir sur les facteurs positifs. Et parmi ces facteurs positifs, il y a incontestablement les investissements privés. C’est pour cela que le gouvernement a fait du secteur privé un des moteurs de la croissance économique. En effet, dans le Plan de Développement Economique et Social (PDES), qui a d’ailleurs fait l’objet de la Table-ronde de Paris, il y a quelques mois de cela, nous prévoyions de mobiliser 10 milliards de dollars en provenance du secteur privé sur les 23 milliards de dollars espérés. C’est pour dire l’importance que nous accordons au secteur privé. Dans cette optique, nous faisons beaucoup d’efforts en matière d’amélioration du climat des affaires. Le Niger est considéré comme un des pays les plus réformateurs en Afrique Subsaharienne. Nous faisons beaucoup d’efforts pour améliorer certains indicateurs comme la création d’entreprises, la délivrance des permis de construire, le raccordement à l’électricité, l’obtention des prêts, la célérité dans les procédures d’exécution des contrats etc. L’objectif de notre pays est d’être parmi le top 50 d’ici 2021 en matière du climat des affaires. Et tout cela, pour faciliter l’intervention du secteur privé national, mais également du secteur privé étranger. Notre objectif est d’attirer au maximum les investissements directs étrangers dans le pays.
Pour aborder maintenant les questions d’ordre politique, vous avez promis, M. Le Président, d’organiser des élections propres et de remettre le flambeau à un président démocratiquement élu. A ce sujet, la CENI a déjà entamé les consultations pour l’enrôlement des Nigériens et la confection du fichier électoral biométrique. Malheureusement, cette institution est en train de travailler en l’absence de l’opposition. Est-ce que dans ces conditions la crédibilité des élections sans l’implication totale de tous les acteurs, de l’opposition notamment, n’entacherait-elle pas la crédibilité du processus électoral?
S’agissant de l’organisation des élections, nous sommes tenus par le délai constitutionnel. Nous avons ces contraintes dont l’opposition doit tenir compte et s’impliquer dans le processus électoral. Je rappelle que l’une des priorités du Programme de la Renaissance, c’est de consolider les institutions démocratiques et républicaines. La légitimité est une des conditions de la vitalité et de la force des institutions. Je tiens à ce qu’en 2021, des élections libres, transparentes, impliquant tous les partis, soient organisées. J’encourage la CENI à poursuivre sa mission et j’invite l’opposition à s’impliquer dans le processus électoral.
Comme on le sait, les élections générales coûtent excessivement chères. Et là elles vont intervenir dans un contexte où notre pays consacre comme vous l’avez dit, d’énormes ressources pour assurer sa sécurité et l’intégrité de son territoire. Avons-nous, Monsieur le Président, les moyens de supporter les charges liées à ces consultations générales ?
Vous avez raison de me dire que les élections coûtent chères. D’ailleurs, la démocratie coûte chère. Mais l’absence de la démocratie coûte encore plus chère. C’est pour cela que nous sommes engagés, déterminés à organiser ces élections quel que soit le coût. Et mon rêve est que le 2 Avril 2021, je puisse passer le relai à un président démocratiquement élu par le peuple nigérien.
Dans le même ordre d’idée le CNDP a pris d’importantes décisions toujours à l’absence d’un nouveau regroupement des formations politiques qui se réclament de l’opposition radicale. Est-ce que ce n’est un autre facteur qui peut décrédibiliser le processus électoral ?
C’est pour cela que je vous dis que nous avons des contraintes constitutionnelles. Ces contraintes sont là, je dois partir le 2 Avril 2021. Tous les acteurs doivent comprendre cela. Et tous les acteurs doivent se mobiliser afin que ces contraintes constitutionnelles soient respectées. En tout cas, de mon côté je ferai tout pour qu’il n’ait pas de retard dans l’organisation des élections. Et le gouvernement mobilisera tous les moyens pour que les élections puissent se tenir pour que le 2 Avril comme je l’ai dit, je puisse passer le relai à un Président démocratiquement élu. Ça sera une première dans l’histoire du Niger. Et le jour où je le ferai, je serai l’homme le plus heureux.
Parlant toujours du processus électoral, votre parti politique, le PNDS Tarayya, a connu sa première grande crise interne lors de la désignation de votre dauphin. Ce pour quoi vous avez vigoureusement écarté du gouvernement un de vos fidèles compagnons. Est-ce que ce problème est, aujourd’hui, définitivement réglé ?
D’abord il n’y a pas eu de crise au sein du PNDS, il y a eu des débats comme cela est normal dans tout parti politique qui se respecte. Je voudrais rappeler ici, et comme je l’ai dit tout à l’heure, un des objectifs du Programme de la Renaissance, c’est la modernisation politique. La modernisation politique veut dire quoi ? En effet, cette modernisation consiste à concevoir et à pratiquer la politique comme une science pour la conquête, l’organisation et l’exercice du pouvoir politique autour des valeurs démocratiques et républicaines. Et c’est ce que fait le PNDS durant plus d’un quart de siècle. Ainsi, le PNDS veut montrer la voie de la modernisation. Je voudrais rappeler ici que le PNDS est le parti qui a eu à faire l’alternance à sa tête sans crise. En 2011, quand j’ai été élu Président de la République, le camarade Bazoum a été désigné président du parti à l’unanimité, mieux, à 100% par les structures du parti sans aucune crise. Pourquoi ce résultat ? C’est parce que le PNDS a été créé autour d’un certain nombre de valeurs. Le PNDS montre la voie de ce que nous pouvons appeler comme étant la modernisation politique. On peut se féliciter de cela. Il n’y a pas de crise au niveau du PNDS. Vous avez vu comment s’est passé d’ailleurs le dernier congrès du parti ? Congrès à l’issue duquel le candidat du PNDS a été investi à 100% des voix des structures du parti ! C’est carrément un plébiscite !
Pourtant, Monsieur le Président, certains analystes ne croient pas en la sincérité de cette désignation de M. Bazoum comme étant le prochain candidat du PNDS aux prochaines élections ; certains prédisent une volte-face de votre part. Est-ce que M. Bazoum est définitivement et sincèrement l’unique dauphin du Président Issoufou Mahamadou ?
Ecoutez, je comprends parfaitement leur scepticisme à ce sujet.
Pourquoi ?
Parce qu’il y a eu tellement de promesses trahies en politique, aussi bien sous nos tropiques qu’ailleurs dans le monde. Il y a eu tellement d’engagements non-tenus, dans ce domaine-là, que ce soit au Niger ou ailleurs en Afrique. Eh bien, c’est normal que les gens soient sceptiques. Mais je voudrais rassurer mes compatriotes en proie à ce scepticisme. En effet, nous avons des convictions, nous faisons la politique autour d’un certain nombre de principes pour lesquels nous nous sommes toujours battus afin d’asseoir et de raffermir les bases de notre parti.
Notre ultime combat, comme je l’ai déjà dit, c’est de moderniser la vie politique au Niger, de détribaliser la politique et les pratiques politiques. Aussi, pour cela, il faut qu’on donne l’exemple. Et donc je rassure ceux qui doutent, et dont je comprends le doute, que ce choix qui a été fait par le congrès du PNDS est ir-ré-ver-sible, ir-ré-vo-cable !
Monsieur le Président de la République, sur ce même chapitre, certains analystes estiment que la désignation de M. Bazoum est plus ou moins précoce, et qu’il s’agit d’une manœuvre pour couper l’herbe sous les pieds de certains alliés de la MRN et de l’APR. Est-ce que vous avez une réponse à ces allégations ?
Le PNDS n’a aucun intérêt à le faire. Je crois que les relations entre les partis de la MRN sont excellentes. Le PNDS n’est pas le seul parti de la Mouvance à avoir désigné son candidat pour l’élection présidentielle de 2021 ; il y a d’autres partis qui ont fait la même chose. Donc je ne pense pas qu’il y ait des problèmes à ce niveau.
Toujours sur ce chapitre de la politique, votre challenger du deuxième tour de l’élection présidentielle 2016, M. Hama Amadou, est toujours à l’extérieur pour éviter une peine prononcée à son encontre par la justice, dans une affaire que lui et ses partisans qualifient plutôt de politique. Est-ce que M. Hama Amadou peut espérer rentrer, un jour, au bercail et prendre éventuellement part aux futures joutes politiques ?
Ecoutez, je crois que vous savez qu’il y a une séparation des pouvoirs au Niger qui est bien réelle. Donc, il ne m’appartient pas de répondre à une telle question. C’est une question qu’il faudrait poser au juge. C’est à la Justice de répondre à votre question.
Monsieur le Président de la République, est-ce que vous restez confiant quant à l’organisation d’élections libres et pacifiques en 2021, et surtout la perpétuation d’un climat politique et social apaisé ?
Oui absolument ! Inch’Allah, des élections libres, transparentes et inclusives seront organisées en 2021 dans notre pays. Je suis animé de la ferme volonté politique pour que cela se réalise dans notre pays. Je viens de l’affirmer à maintes reprises. Nous avons aussi une expertise avérée en matière électorale. Par conséquent, toutes les conditions sont réunies pour que ces élections soient organisées dans la transparence.
Enfin, une dernière question Monsieur le Président. Après huit ans de conduite des destinées du Niger, et au vu des nombreuses réalisations à votre actif, est-ce que vous avez le sentiment du devoir accompli aujourd’hui ?
Franchement, j’ai, au tout début de cet entretien, fait le bilan de la mise en œuvre du Programme de la Renaissance en ses actes I et II. Ce qui ressort de ce bilan, c’est que les engagements qui ont été pris auprès des électeurs ont été honorés. Les promesses ont été tenues. Donc j’ai vraiment le sentiment du devoir accompli.
Mais, ceci étant dit, je n’ai guère la prétention d’avoir réglé tous les problèmes du Niger. Comme vous le savez, le Niger revenait de loin, tout était à reconstruire, et on s’était attelé du mieux qu’on le pouvait pour faire le maximum. Du reste, on n’a jamais promis de régler tous les problèmes du Niger. Le processus de construction d’une nation est long. Nous avons posé notre pierre, comme d’autres l’ont fait avant nous, et comme d’autres le feront après nous. A la postérité d’en juger !

(Script réalisé par l’ONEP)
(08/04/2019)

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