Côte d’Ivoire: Laurent Gbagbo, comme le sphinx qui renaît de ses cendres

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C’est fait! L’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo (LG) signe son grand retour sur la scène politique, avec la création, de son nouveau parti politique. Porté sur les fonts baptismaux lors du congrès constitutif tenu ce week-end des 16 et 17 octobre à Abidjan, le Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), a élevé, sans surprise, à sa tête, l’ancien pensionnaire de la Cour pénale internationale (CPI). Du coup, l’animal politique qui, dans l’opposition, a donné bien des nuits blanches à ses prédécesseurs, notamment Félix Houphouët Boigny, Henri Konan Bédié (HKB) et Robert Guéï, et à son successeur, Alassane Ouattara, refuse cette mort politique que lui avait prédite des bookmakers et autres adversaires politiques. Sans être le «sphinx de Daoukro», surnom attribué à HKB, le fils de Mama qui a effectué son retour au pays natal, après une dizaine d’années d’exil judiciaire, à la Haye, devant la Cour de Fatou Bensouda, la désormais ancienne procureure de la CPI, renaît de ses cendres. Il ne pouvait en être autrement, car lors de son come-back au bercail du 17 juin, Laurent Gbagbo avait déjà annoncé les couleurs.

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«Je reviendrai ensuite me mettre à la disposition du parti. Je suis votre soldat, je suis mobilisé.» Ainsi avait parlé le maintenant ancien président du Front populaire ivoirien (FPI), parti dont il était le co-fondateur et figure tutélaire mais qu’il a quitté, affirmant avoir laissé «l’enveloppe» à Pascal Affi N’Guessan qui s’en réclame le président légal. Avec le PPA-CI, Laurent Gbagbo se débarrasse ainsi de deux poids lourds, en l’occurrence son épouse Simone Ehivet dont il a demandé le divorce et Affi N’Guessan, qui lui disputaient le leadership au sein du FPI. S’il reste souverainiste et dans le giron du socialisme, le nouveau bébé de Laurent Gbagbo est né avec de nouvelles dents panafricanistes, ce qui permet à l’ancien président ivoirien de se donner des perspectives plus larges. «Le panafricanisme n’est pas un slogan, c’est une réalité», a, du reste, déclaré LG, ajoutant, avec son légendaire sens de l’image dont sont friands nombre de ses concitoyens: «Quand vous avez une certaine taille, petite, et que vous n’avez que le cacao à proposer, vous ne vous bandez pas les muscles pour vous promener devant les gens».

Le PPA-CI pourra-t-il, pour autant, être le sésame qui permettra à l’ »ancien patron du FPI de lorgner de nouveau vers le palais présidentiel en 2025? Rien n’est moins sûr! Laurent Gbagbo, même s’il a décrété qu’il fera la politique jusqu’à sa mort, sait bien qu’il lui manquera, bientôt, la force physique pour descendre dans l’arène avec de jeunes loups qui sont conscients que le temps est arrivé pour eux également de prendre leur destin, et par ricochet celui de la Côte d’Ivoire, en main. Et comme les deux autres dinosaures de la politique ivoirienne, Alassane Ouattara (79 ans) et Henri Konan Bédié (87 ans), Laurent Gbagbo (76 ans), songe certainement à passer la main. Même s’il affirme, haut et fort, que ni la condamnation de 20 ans de prison ramassée dans l’affaire dite du «casse de la BCEAO», encore moins cette loi sur la limite d’âge à 75 ans pour les candidats à la présidentielle, dont l’idée pousse progressivement, ne pourraient faire barrage à ces ambitions politiques, le président fondateur, pas du Gondwana, mais du PPA-CI, empruntons juste le titre à Mamane, doit pouvoir se dire qu’il peut servir la Côte d’Ivoire autrement, qu’en visant forcément le fauteuil suprême.

En tout cas, Laurent Gbagbo n’est pas encore prêt à aller s’asseoir au village». Et le PPA6CI est né pour accompagner ce nouveau combat politique qu’engage l’ancien président ivoirien.

Par Wakat Séra

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