George Weah ou Joseph Boakai? Le Liberia à l’heure du vote

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Six ans après leur premier duel présidentiel, George Weah et Joseph Boakai se retrouvent de nouveau face-à-face.
Les Libériens sont appelés ce 14 novembre aux urnes pour dire s’ils reconduisent à la présidence l’ancienne gloire du foot au bilan critiqué –
il a remporté la précédente élection avec plus de 61 % – ou s’ils lui préfèrent le vétéran malgré son âge. La commission électorale a 15 jours pour publier les résultats, mais l’affaire pourrait prendre moins de temps, dit un de ses responsables, Samuel Cole.

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Prince Johnson, faiseur de rois ?
L’entre-deux-tours a surtout consisté pour les deux camps à obtenir le ralliement des électeurs des 18 autres candidats, dont aucun n’a atteint 3 %. Le troisième du premier tour, Edward Appleton, et deux autres des six candidats arrivés en tête ont appelé à voter pour Boakai.
Le taux de participation pourrait aussi être un facteur important, estime Lawrence Yealue, directeur pour le Liberia d’Accountability Lab, un réseau pour la bonne gouvernance. Il prévoit un taux plus faible que le record du 10 octobre (78,86 %) parce que le vote ne sera pas couplé cette fois aux élections parlementaires.

George Weah conserve son aura d’unique Africain désigné Ballon d’or, la plus prestigieuse récompense individuelle du foot. Bénéficiant de l’image d’un homme abordable et pacifique, il se réclame de son action en faveur de l’éducation et de l’électrification des foyers, de la construction de routes et d’hôpitaux. Il promet de continuer à œuvrer au développement d’un des pays les plus pauvres de la planète. Ses détracteurs lui reprochent de n’avoir pas tenu ses promesses. Ils l’accusent d’être déconnecté des réalités de ses concitoyens qui se débattent avec hausses des prix et pénuries. Plus d’un cinquième de la population vit avec moins de 2,15 dollars par jour, selon la Banque mondiale.

Joseph Boakai, qui lui impute l’aggravation d’une corruption réputée endémique, promet de développer les infrastructures, d’attirer les investisseurs et les touristes, et d’améliorer la vie des plus pauvres. Il a noué des alliances avec des barons locaux, dont l’ancien chef de guerre et sénateur Prince Johnson, qui avait soutenu Weah il y a six ans.

Crainte de violences post-électorales
L’un des enjeux est le déroulement pacifique et régulier de l’élection et l’acceptation des résultats. Cette élection est en effet la première organisée sans la présence de la mission des Nations unies au Liberia créée en 2003 (et partie en 2018) pour garantir la paix après les guerres civiles qui ont fait plus de 250 000 morts entre 1989 et 2003 et dont le souvenir reste vivace. L’élection « représente sans aucun doute une étape cruciale dans la consolidation de la paix et de la démocratie au Liberia et dans la région », a dit l’ONU dans un communiqué récent.

Des affrontements pendant la campagne ont fait plusieurs morts et fait craindre des violences post-électorales. Boakai a fait état le 12 novembre d’attaques et d’abus contre son camp, dont l’une à l’arme à feu le 10 novembre contre un convoi transportant Prince Johnson et le candidat à la vice-présidence Jeremiah Kpan Koung. Sept personnes auraient été blessées.

Le camp de Boakai a aussi dénoncé des irrégularités lors du premier tour. Les observateurs internationaux déployés en nombre ont salué le bon déroulement du premier tour, dans une région où la démocratie est ébranlée par une succession de coups d’État.

La campagne a aussi été marquée par de la désinformation. Les États-Unis, important partenaire du Liberia, ont prévenu qu’ils exploraient l’éventualité de restreindre la délivrance de visas contre les personnes « coupables ou complices d’agissements sapant la démocratie ».

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