Nouvelles manifestations aux USA, Trump veut diviser l’Amérique, la mort de George Floyd requalifiée en meurtre

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Les foules ont de nouveau envahi mercredi les rues des grandes villes, dans le calme. L’ex-chef du Pentagone, Jim Mattis, a critiqué la politique de Donald Trump face à la contestation.

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Les quatre policiers qui ont interpellé George Floyd, un homme afro-américain de 46 ans, à Minneapolis (Minnesota) le 25 mai sont dorénavant tous poursuivis par la justice. Et sa mort, lors de cette arrestation, a été requalifiée en meurtre comme le réclamaient des centaines de milliers d’Américains qui manifestent depuis la semaine dernière, ont annoncé, mercredi 3 juin, les autorités.

Les manifestations, qui ont parfois été accompagnées de pillages et d’émeutes ces derniers jours, se sont poursuivies mercredi dans de nombreuses villes américaines malgré les couvre-feux en place, sans qu’aucun débordement majeur n’ait été signalé.

La publication du rapport complet de l’autopsie pratiquée sur le corps de George Floyd, mercredi soir, a révélée que l’homme de 46 ans avait été testé positif au nouveau coronavirus, au début du mois d’avril, mais n’aurait pas présenté de symptomes. Un nouveau test virologique, pratiqué après sa mort, s’est lui aussi révélé positif.

La communication du rapport a été effectuée avec l’autorisation de la famille, selon le bureau de médecine légale du comté d’Hennepin, où l’autopsie a été réalisée. De premières conclusions, diffusées dès lundi, indiquaient que M. Floyd est mort le 25 mai « par homicide », après avoir fait un « arrêt cardiaque » à cause de la « pression » exercée sur son cou par les policers.

Derek Chauvin, qui s’est agenouillé sur le cou du quadragénaire pendant plus de huit minutes, provoquant sa mort, avait dans un premier temps été inculpé d’homicide involontaire. Les chefs d’accusation le visant ont été requalifiés mercredi en meurtre au second degré (« meurtre non prémédité »), plus grave, passible de quarante ans de prison. Les trois autres agents qui l’accompagnaient sont désormais également poursuivis pour complicité, et placés en détention, à la satisfaction de la famille de George Floyd.

Ces poursuites étaient au cœur des demandes des manifestants qui font entendre leur colère partout dans le pays. Pour le gouverneur du Minnesota, l’inculpation des quatre policiers est une occasion de « s’attaquer au problème du racisme institutionnalisé et de l’impunité » qui ont abouti à la mort de George Floyd. « C’est probablement notre dernière chance d’y remédier, en tant qu’Etat et nation », a-t-il dit.

Nouvelles manifestations massives, près de 10 000 arrestations ces derniers jours

A Washington un important dispositif policier a été une nouvelle fois déployé pour boucler l’accès à la Maison Blanche, même si les autorités ont dit s’attendre à des rassemblements pacifiques. Lundi soir, les abords de la Maison Blanche avaient été évacués manu militari pour permettre à Donald Trump de sortir dans la rue et poser avec un exemplaire de la Bible devant la petite église qui fait face au centre du pouvoir exécutif américain.

A New York, la contestation était pacifique mercredi. Un couvre-feu précoce, une pluie battante et des tactiques policières améliorées semblaient avoir mis fin à certaines des destructions des nuits précédentes.

A Los Angeles, les manifestants ont de nouveau envahi les rues, au départ de West Hollywood. Et si l’horaire d’entrée en vigueur du couvre-feu avait été repoussé à 21 heures, les participants étaient toujours nombreux dans le quartier de Downtown après 22 heures.

Le maire, Eric Garcetti, a accédé à une des principales revendications du mouvement « Black Live Matters », qui organise la contestation : réduire le budget de la police pour investir dans des programmes sociaux et éducatifs à destination des communautés noires. Le maire démocrate a renoncé à augmenter le budget de la police l’an prochain et décidé d’allouer 250 millions de dollars à de tels programmes.

A Seattle (nord-ouest), les autorités locales avaient décidé de lever purement et simplement le couvre-feu.

Au total, la police a procédé ces derniers jours à près de 10 000 arrestations dans tout le pays, selon une estimation reprise par les médias américains.

L’ex-ministre de la défense, Jim Mattis, accuse Donald Trump de vouloir « diviser » l’Amérique

Après les scènes de violence qui avaient émaillé la nuit précédente, le président Donald Trump avait menacé lundi de déployer l’armée « pour régler rapidement le problème », des propos immédiatement dénoncés par l’opposition.

En désaccord apparent avec Donald Trump, le secrétaire américain à la défense s’est lui-même dit mercredi opposé à l’idée de déployer les soldats dans les grandes villes. « Je ne suis pas favorable au décret de l’état d’insurrection », qui permettrait au milliardaire républicain de déployer des soldats d’active face à des citoyens américains, et non des réservistes de la garde nationale comme c’est actuellement le cas, a déclaré Mark Esper.

Jim Mattis, ex-ministre de la défense de M. Trump qui avait démissionné, est à son tour monté au créneau pour accuser le président de « diviser » l’Amérique. « De mon vivant, Donald Trump est le premier président qui n’essaye pas de rassembler les Américains, qui ne fait même pas semblant d’essayer », a écrit l’ancien général des marines.

Donald Trump dément s’être réfugié dans un bunker

Le président américain s’est aussitôt déchaîné sur Twitter, qualifiant M. Mattis de « général le plus surestimé du monde » et de « chien fou ». « Je suis content qu’il soit parti ! », a insisté le locataire de la Maison Blanche.

Le milliardaire, qui vante les vertus viriles de l’ordre et de la « domination » depuis le début de cette crise, a par ailleurs démenti mercredi les informations selon lesquelles il avait été hâtivement mis à l’abri vendredi soir par le Secret Service dans un bunker sécurisé lors d’une manifestation devant sa résidence officielle.

Donald Trump a toutefois dit penser qu’il ne sera pas nécessaire de déployer l’armée en réponse aux manifestations qui secouent les Etats-Unis.

La société Snap a fait savoir mercredi qu’elle ne mettrait plus en avant dans la section découverte de sa plate-forme Snapchat le compte de Donald Trump, expliquant que les commentaires incendiaires effectués par le président la semaine dernière rendaient son compte inéligible.

Barack Obama salue un « changement de mentalité » chez les manifestants américains

L’ex-président, Barack Obama, a, quant à lui, salué le « changement de mentalité en cours », qui pourrait selon lui aboutir à des réformes au niveau national. « Rappelez-vous que ce pays a été fondé sur un mouvement de protestation. Ça s’appelle la Révolution américaine », a lancé M. Obama lors d’une visioconférence avec des militants. Le Monde

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