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Entre 2000 et 2014, le massif forestier du bassin du Congo a perdu 16,6 millions d’hectares
La situation est due davantage à l’action des petits exploitants qu’à celle des grandes compagnies
La solution réside dans la mise en place de politiques adaptées et l’assistance aux populations rurales
Par: Julien Chongwang
Des chercheurs du département des sciences géographiques de l’université du Maryland, aux Etats-Unis, ont publié une étude indiquant qu’au rythme actuel de leur destruction, les forêts naturelles en République démocratique du Congo (RDC) pourraient disparaître d’ici à 2100.
Parue dans la revue Sciences Advances, l’étude, qui porte sur les forêts naturelles de l’ensemble du bassin du Congo, fonde sa conclusion sur l’analyse de données satellitaires chronologiques relevées entre 2000 et 2014.
Ces données ont montré que pendant cette période, la superficie de forêts perdue dans tout le bassin est de l’ordre de 16,6 millions d’hectares (ha). La RDC se taillant la part du lion, avec 69,1% de cette surface, suivie du Cameroun (9,9%).
“Il faut d’abord progresser dans l’état de droit, avec des lois qui sont appliquées et un système judiciaire qui fasse effectivement appliquer les sanctions prévues par la réglementation.”
Alain Karsenty, Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD).
Quant à la superficie annuelle moyenne de forêts perdue par pays, elle varie entre 8.000 hectares en Guinée Équatoriale et 817.000 hectares en RDC.
L’étude attribue cette rapide déforestation à la forte pression démographique, couplée au fait qu’un grand nombre de ménages ne vivent que de l’exploitation des ressources de ces forêts.
« On estime que 84% des perturbations forestières de la région sont dues au défrichement à petite échelle et non mécanisé de forêts », peut-on y lire. Cette situation tranche nettement avec l’idée répandue dans la région selon laquelle ce sont les compagnies d’exploitation forestière qui sont les premiers responsables de la déforestation.
Alexandra Tyukavina, chercheure associée à l’université du Maryland, explique dans une interview à SciDev.Net que « l’exploitation forestière par les grandes entreprises est l’un des principaux facteurs de perte de forêts au Cameroun et en République du Congo, mais pas dans tout le bassin du Congo ».
Mais elle s’empresse de souligner qu’au plan général, « en Afrique centrale, les forêts ont toujours été défrichées principalement par les petits exploitants, contrairement à d’autres régions et pays comme le Brésil et l’Indonésie, où le défrichement à grande échelle des forêts industrielles est dominant ».
Dégradation
Cela dit, insiste-t-elle, « la nouveauté de notre recherche réside dans la quantification explicite des contributions de différents facteurs de perte de forêt pour la première fois pour l’ensemble du bassin, à l’aide de données de télédétection. »
Si la responsabilité des petits exploitants est à ce point engagée dans la dégradation et la déforestation dans la sous-région, la question s’impose de savoir comment préserver cet écosystème, tout en nourrissant la population croissante de cette région qui, d’après l’étude, sera multipliée par cinq d’ici à la fin du siècle.
Alain Karsenty, chercheur au département « Environnements et Sociétés » du Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement), estime qu’il faut agir aussi bien au niveau des politiques publiques, qu’à l’échelle des petits exploitants.
« Il faut d’abord progresser dans l’état de droit, avec des lois qui sont appliquées et un système judiciaire qui fasse effectivement appliquer les sanctions prévues par la réglementation », précise le chercheur.
Il est nécessaire, selon lui, pour chaque État, de définir et cartographier un « patrimoine forestier permanent » dans le cadre d’un aménagement du territoire négocié avec les différentes parties prenantes de l’utilisation des forêts.
« Assurer la primauté de la loi signifie qu’il faut faire prévaloir le statut de patrimoine forestier permanent sur les autorisations administratives qui peuvent être accordées par différents ministères, pour développer l’agriculture au détriment des forêts classées permanentes », souligne-t-il.
Maîtrise de la démographie
Le chercheur invite en outre les six pays [1] concernés par l’étude à mettre en place des politiques de maîtrise de la démographie et de développement combiné du gaz naturel et de l’électricité dans les grandes agglomérations en substitution du charbon de bois.
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