Une vingtaine de personnes avaient été arrêtées, le 25 mars dernier, à Niamey, après un rassemblement interdit contre la loi de finances qui s’était transformée en bataille rangée avec les forces de l’ordre. Parmi elles des leaders de la société civile.
Et le mardi, la justice s’est prononcée sur leurs cas et plusieurs d’entre eux doivent sortir de prison.
Les quatre principales figures de la société civile jugées dans ce procès ont été condamnées à trois mois avec sursis. Moussa Tchangari, Ali Idrissa, Nouhou Arzika ont été reconnus coupables de provocation d’un attroupement non armé. En revanche, le juge n’a pas retenu l’accusation « d’organisation d’une manifestation interdite ».
Un verdict courageux, selon l’ancien bâtonnier Daouda Samna qui coordonne la défense des activistes. Mais l’avocat regrette cependant la condamnation avec sursis et entend faire appel.
C’est à l’unanimité que le Collectif des avocats a reconnu que ce procès est une victoire de l’Etat de droit : « Le principal enseignement dans ce délibéré c’est qu’aujourd’hui les interdictions de manifestations doivent être faites dans les conditions fixées par la loi. Si on doit interdire, on doit le faire dans les 72 heures et notifier immédiatement aux signataires ».
Six manifestants ont été condamnés à un an de prison, dont six mois fermes pour participation à un attroupement non armé. Les dix autres prévenus ont été relaxés. La ville de Niamey, qui avait demandé des dédommagements pour casse et dégradation de routes, a été déboutée. Aucun préjudice n’a été retenu par le juge faute de preuve.
Plusieurs observateurs internationaux étaient également présents au délibéré, comme Alioune Tine, directeur régional d’Amnesty International en Afrique de l’Ouest : « Cette décision de justice est juste, elle est équitable. Vraiment, nous ne sommes pas du tout déçus de ce qu’on a entendu au Palais de justice de Niamey ».
Un seul militant a été condamné à une peine plus lourde : deux ans, dont un ferme, pour outrage à magistrat. Il s’agit de l’avocat Lirwane Abdrahamane. Condamné comme les autres activistes à trois mois avec sursis, il a aggravé son cas lors de son procès en accusant le doyen des juges d’avoir touché de l’argent pour l’inculper lui et ses camarades. Pour ses propos, il restera donc en prison. Une condamnation « plus qu’exagérée », selon certains de ses confrères.
Il reste encore cinq acteurs de la société civile qui attendent d’être jugés pour avoir participé ou avoir organisé d’autres marches interdites.