Xonam, une application togolaise lancée mi-mai 2020 par le centre de documentation et de formation sur les droits de l’Homme
(CDFDH), permet aux personnes victimes d’abus et de violations de leurs
droits de les signaler en vue d’un suivi et d’une assistance juridique.
Comme son nom l’indique, Xonam en langue locale du sud Togo qui
signifie en français « Aidez-moi » ou « Au secours » entend apporter de
l’assistance aux citoyens confrontés à des difficultés de dénonciation
des abus de leurs droits.
« Sa conception et son lancement ont été motivés par l’ambition de répondre à trois besoins identifiés au Togo
: la recrudescence des violations des droits de l’homme, les
difficultés pour les citoyens d’accéder aux défenseurs des droits de
l’Homme et la nécessité pour les citoyens et les acteurs des droits de
l’Homme de rester au parfum de l’actualité des droits humains »,
explique Godwin Etse, directeur exécutif CDFDH.
“Les cas signalés et approfondis sont traités selon la nature des faits. Nous travaillons avec plusieurs partenaires et des cas comme les violences sexuelles ou conjugales sont confiés à des organisations féminines”
Godwin Etse, directeur exécutif, CDFDH
Accessible sur Playstore et directement sur un numéro WhatsApp, l’application a déjà enregistré une centaine de téléchargements et 2000 à 3000 signalements ont déjà été enregistrés.
Les dénonciations sont dominées par les violences policières, les violences faites aux femmes et la maltraitance d’enfants.
Surtout que ceux-ci sont restés à la maison durant les trois mois de
fermeture des écoles. Les autres cas portaient sur des abus d’ordre
social comme les licenciements, le travail forcé, etc.
« L’application Xonam a été d’une grande utilité pour moi,
parce qu’elle est instantanée. Le soir même où j’ai été victime de
violence policière, j’ai pu le signaler et j’ai été rappelé pour fournir
davantage de détails. C’est une innovation qui permet de limiter le temps de dénonciation des violations de nos droits », témoigne Kodji Name, transporteur par moto.
Surpris à l’extérieur le 25 mai au-delà de l’heure du couvre-feu en rapport avec la COVID-19, ce citoyen togolais avait été molesté par les agents des forces de l’ordre, laissant des marques sur son corps.
« Les cas signalés et approfondis sont traités selon la nature des
faits. Nous travaillons avec plusieurs partenaires et des cas comme les
violences sexuelles ou conjugales sont confiés à des organisations
féminines. Les démarches sont discrètes », précise Godwin Etse
L’originalité de l’application Xonam se trouve dans la mise en réseau
des organisations de défense des droits de l’homme établies sur le
territoire togolais et disposant de l’expertise et du professionnalisme
nécessaire pour recevoir et assister une victime, avec les garanties de
confidentialité et en toute objectivité.
Maintenir le contact
L’application a été mise à jour en mai avant d’être lancée à grande échelle. Objectif : maintenir le contact avec les citoyens pendant les heures du couvre-feu imposé par les autorités entre le 2 avril et le 9 juin de 20 heures à 5 heures.
« Je stressais à l’idée de ne pas pouvoir descendre sur le terrain pendant le couvre-feu. L’arrivée de l’application Xonam a véritablement permis de garder le contact avec les citoyens en permanence », apprécie Kodjo Toni, un défenseur des droits de l’homme.
« Nos téléphones servent à sauver des vies, à contribuer à rendre justice à quelqu’un; à rétablir quelqu’un dans ses droits, à rappeler à une personnes disposant de beaucoup de pouvoirs que tout ne lui est pas permis. L’application a permis aussi d’essuyer les larmes de quelqu’un puis à redonner l’espoir de vivre à un autre », se réjouit Bruno Ama, autre défenseur des droits de l’homme.
Au ministère en charge des droits de l’Homme du Togo, l’application est plutôt bien accueillie. « Nous avons participé à plusieurs cadres regroupant des ministères sectoriels et d’autres organisations de défense des droits de l’homme pour traiter les cas d’abus et de violations relevés par les organisations de défense lors de l’état d’urgence sanitaire surtout pendant les heures du couvre-feu », confirme Godwin Etse. SCIDEV en partenariat avec Niger Express