Boubacar Souleymane alias Barry est un artiste musicien autodidacte avec plusieurs cordes à son arc. Il manie bien la guitare, le kontigui et la calebasse. Il est né vers 1963 à Koutoké dans le département de Ayorou ; il est polygame et père de six enfants. Ayant abandonné les bancs de l’école en 5ème, il prit tôt goût à la musique et à tous les instruments qui donnent du bon son à une mélodie.
L’artiste Barry connait bien le domaine de la musique, ses détails et sa valeur car il y a consacré toute sa vie. Tous ses instruments, il les manie avec dextérité notamment la calebasse dont il se sert bien ces dernières années. Entre lui et la calebasse, il y a toute une histoire. Il aime tellement bien jouer cet instrument qu’on croirait que c’est une question d’héritage alors qu’il n’en est absolument rien. Selon lui, les populations riveraines du Fleuve Niger utilisent généralement cet instrument constitué de demi coque de fruit de calebasse de grande dimension, qui posé à terre, est frappé du plat de la main ou du poing. Il est joué pour accompagner les chants et les danses des jeunes filles lorsqu’elles se divertissent souvent la nuit au clair de lune et ou lors des cérémonies de réjouissances tels que le baptême et le mariage. C’est l’un des objets les plus produits par les artisans dans ces entités. « La calebasse a façonné ma vie, me nourrit et me sert de repère ; j’ai grandi dans un milieu peulh, avec la musique peulh du terroir.
Nous mangions dans des calebasses, nous décorions nos maisons avec des calebasses et avec la calebasse, je gagne ma vie, donc je peux dire qu’elle représente tout pour moi », explique-t-il. Ce joueur de calebasse a refusé l’école pour faire de la musique ; il a commencé à jouer avec les instruments au Mali, précisément à Gao dans la troupe culturelle de la zone où il a presque passé son enfance. Il coordonnait précisément dans les années 80 les activités de la rencontre biennale des Arts et de la Culture et fort heureusement, il s’y accroche.
Ce passionné de tam-tam et de tambour s’adonnait aux ballets, aux ensembles instrumentaux, tout ce qui y est relatif. Et au fil des jours en l’absence des cours, il trouvait du temps pour s’enticher convenablement. Suite à une belle prestation en 1984 à cette grande rencontre de Bamako, les portes d’une carrière s’ouvrirent pour lui, il fréquentera plusieurs grands groupes musicaux à Gao pour parfaire son apprentissage. Ali Farka Touré était son inspiration et a beaucoup contribué à son initiation et son perfectionnement. Au début de sa professionnalisation, Barry, de retour au pays natal le Niger, il jouait essentiellement du Kontigui ou de la guitare lors des concerts et autres cérémonies. Ces activités le conduiront dans plusieurs localités du Niger et d’autres pays. S’il est aussi habile avec la calebasse, c’est tout simplement parce que Barry a été à la bonne école ; il a commencé ses premiers chocs sous le regard bienveillant et rigoureux de feu Maman Garba et sera par la suite recruté par la troupe artistique du Centre de Formation et de Promotion Musicales (CFPM) sous la tutelle de Yacouba Moumouni en qualité de joueur de calebasse et aussitôt, il commença à servir le groupe Mamar Kassaî. Ses prestations sont appréciées du public, ce qui évidemment le réconforte et le rassure.
Le palmarès fut des plus élogieux, dès l’année de son intégration au sein de cette formation ; la troupe a remporté plusieurs prix dont celui de la Francophonie et depuis, c’est l’ascension : Mamar Kassaî est connu au-delà des frontières nigériennes. Il a prouvé son savoir-faire dans plusieurs groupes musicaux. Actuellement, fort de son expérience, il continue d’accompagner la troupe mais aussi plusieurs autres du pays font appel à son expertise. « En plus du groupe Mamar Kassaï que j’accompagnais également sur scène, je joue souvent pour plein d’artistes en dehors des compétitions et avec bien sûr la permission du promoteur de Mamar Kassaî. Avec cette dernière et les autres qui faisaient appel à moi, j’ai pu faire des scènes un peu partout comme aux Etats Unis, en France, en Belgique, au Pays Bas et bien d’autres », a-t-il confié.
Ce passionné de tam-tam et de tambour nous explique : « pour bien s’en servir, la calebasse doit avoir certaines qualités, elle doit être bien résistante et bien ronde. » Et le plus intéressant dans le groupe, chaque instrument raccordé émet un son diffèrent. Il pense en effet que le métier de musicien est noble et que tous les métiers valent d’être pratiqués, surtout que la musique est un art qui adoucit la vie et permet à l’esprit de se reposer. Selon lui, la musique a beaucoup d’avantages, puisqu’elle permet de nouer des relations amicales et même de gagner sa vie. La musique doit selon lui être une discipline obligatoire dans toutes les écoles à l’image, selon notre interlocuteur, de notre pays voisin le Mali où elle est enseignée. Quoi de plus joli et beau à voir qu’un enfant qui s’amuse et qui joue de la musique. Ne dit-on pas que la musique adoucit les mœurs.
Par Aïssa Abdoulaye Alfary(onep)