Dans le nord du Burkina Faso, au moins 160 civils ont été tués dans la nuit de vendredi à samedi dans l’attaque la plus meurtrière enregistrée depuis le début des violences jihadistes en 2015. L’attaque a « d’abord visé le poste » de supplétifs de l’armée, puis les maisons d’habitants, selon une source sécuritaire.

Plus d’une centaine de civils ont été tués dans le nord du Burkina Faso, à Solhan, dans la nuit du vendredi 4 au samedi 5 juin, l’attaque la plus meurtrière enregistrée dans ce pays depuis le début des violences jihadistes en 2015, rapportent des sources sécuritaires et locales.

« Des individus armés ont mené une incursion meurtrière à Solhan, dans la province du Yagha. Le bilan, toujours provisoire, est d’une centaine de personnes tuées, des hommes et femmes », a indiqué à l’AFP une source sécuritaire. Selon une source locale, l’attaque a « d’abord visé le poste » de supplétifs de l’armée, puis les maisons d’habitants, qui ont été exécutés.

« Plusieurs blessés ont succombé à leurs blessures et de nouveaux corps ont été retrouvés. Le bilan toujours provisoire, est d’au moins 160 morts », selon une source locale

« Le Secrétaire général est indigné par l’assassinat, tôt ce matin, de plus de cent civils, dont sept enfants, lors d’une attaque perpétrée par des assaillants non identifiés contre un village de la province de Yagha, dans la région du Sahel au Burkina Faso », a déclaré son porte-parole Stéphane Dujarric dans un communiqué.

L’attaque « ne restera pas impunie »

« Cette incursion meurtrière (…) ne restera pas impunie », a assuré, lundi, le Premier ministre burkinabè, Christophe Dabiré, après une rencontre avec les populations de Solhan, réfugiées à Sebba, où il s’est rendu en hélicoptère avec cinq membres du gouvernement.

« L’espoir est permis parce que nous allons nous réorganiser pour pouvoir apporter la réponse appropriée à la situation », a-t-il poursuivi, avant de visiter le lieu de l’attaque. « Le lendemain de l’attaque, nous avons pris des dispositions sécuritaires et aujourd’hui cette partie du territoire est occupée par un certain nombre de forces qui sont en train de faire un ratissage. »

La veille, le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, a annoncé sur son compte Twitter un voyage « cette semaine » au Burkina Faso.

« Je me suis entretenu aujourd’hui avec le président (Roch Marc Christian) Kaboré. J’exprimerai à nouveau la solidarité de la France lors de mon déplacement cette semaine au Burkina Faso », a indiqué le ministre des Affaires étrangères.

Des habitations incendiées

Selon une source locale, « l’attaque, qui été signalée aux environs de 2 h, a d’abord visé le poste des Volontaires pour la défense de la Patrie », les VDP, des supplétifs civils de l’armée, et « les assaillants ont ensuite visité les concessions (maisons) et procédé à des exécutions ».

« En plus du lourd bilan humain, le pire que nous ayons enregistré à ce jour, des habitations et le marché (de Solhan) ont été incendiés », a indiqué une autre source sécuritaire, craignant que « le bilan, toujours provisoire, d’une centaine de morts ne s’alourdisse ».

Un responsable des services de sécurité a, pour sa part, indiqué que « des hommes ont été déployés pour mener des (opérations) de ratissage et sécuriser les populations qui vont procéder à l’enlèvement et à l’inhumation des victimes ». 

Un deuil national de 72 heures à été décrété par les autorités, à compter du 5 juin à minuit jusqu’au lundi 7 juin à 23 h 59, selon le gouvernement.

Sohlan, petite localité située à une quinzaine de kilomètres de Sebba, chef lieu de la province du Yagha située non loin de la frontière malienne, a enregistré de nombreuses attaques depuis ces dernières années.

Le 14 mai, le ministre de la Défense, Chériff Sy, et des membres de la hiérarchie militaire s’étaient rendus à Sebba, assurant que la situation était revenue à la normale, après de nombreuses opérations militaires.

Opération des forces armées dans le Nord et le Sahel

Cette attaque massive de jihadistes présumés a suivi de près une autre attaque, vendredi soir, sur un village de la même région, Tadaryat, au cours de laquelle au moins 14 personnes, dont un supplétif civil, ont été tuées.

Ces attaques surviennent une semaine après deux autres attaques dans la même zone, au cours desquelles quatre personnes, dont deux membres des VDP, avaient péri.

Les 17 et 18 mai, 15 villageois et un soldat avaient été tués lors de deux assauts contre un village et une patrouille dans le nord-est du pays, selon le gouverneur de la région burkinabè du Sahel.

Depuis le 5 mai, face à la recrudescence des attaques jihadistes, les forces armées ont lancé une opération d’envergure dans les régions du Nord et du Sahel. 

Malgré l’annonce de nombreuses opérations de ce type, les forces de sécurité peinent à enrayer la spirale de violences jihadistes qui ont fait depuis 2015 plus de 1 400 morts et plus d’un million de personnes déplacées, fuyant les zones de violences.

Avec AFP

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