L’épidémie de choléra déclarée par la Ministère de la Santé Publique le 09 août dernier a déjà coûté la vie à 144 personnes sur 4283 cas recensés dans six des huit régions que compte le Niger[1]. Bien que le nombre de cas notifiés dans certaines régions soit en diminution, les efforts doivent se poursuivre pour rompre la chaine de transmission là où les foyers de choléra restent actifs.
« Nous faisons actuellement face à une épidémie de choléra de grande ampleur. Les risques de propagation de la maladie sont accrus par une insuffisance en eau potable et assainissement, particulièrement en saison des pluies », explique Souleymane Ba, coordinateur des urgences à Zinder.
En plus d’une surveillance épidémiologique accrue dans les régions où elle est présente, MSF a lancé une réponse d’urgence dans la région de Zinder à la mi-juillet, quand les premiers cas de choléra ont été détectés à l’hôpital de Magaria. La rapidité de la multiplication des foyers épidémiques dans le reste du pays a incité l’organisation à étendre son appui dans plusieurs districts des régions de Tahoua, Niamey et Maradi, cette dernière étant à l’heure actuelle la plus durement touchée, avec 2381 cas notifiés.
Dans ces quatre régions, MSF a mis en place 15 centres et unités de traitement de choléra, en plus de la disposition de points de réhydratation dans plusieurs villages et d’un appui en logistique et médicaments aux autorités de plusieurs districts sanitaires. A ce jour, les équipes de MSF ont appuyé à la prise en charge de plus de 1770 patients.
« L’objectif de notre intervention est de contribuer à la réduction du nombre de cas et de décès liées à l’épidémie », explique Ba. « Plus précisément, en coupant la chaine de transmission via la détection des personnes qui pourraient avoir contracté la maladie, l’isolement des patients dont le diagnostic est suspect ou confirmé, l’appui à la prise en charge et la sensibilisation sur le respect des mesures préventives telles que le lavage des mains et des aliments, et la surveillance communautaire ».
Le choléra se transmet par les mains, la consommation d’eau et de nourriture contaminées par les selles des personnes infectées. Les équipes de MSF poursuivent donc également leurs efforts pour la désinfection des points d’eau et des maisons dans les zones affectées par l’épidémie. Bien que la maladie peut être évitée avec un fort investissement dans les réseaux d’eau et d’assainissement, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime que jusqu’à 140,000 personnes en meurent chaque année dans le monde.
Les inondations de l’année dernière et les épisodes pluvieux intenses déjà observés cette année sont un environnement privilégié pour la reproduction des moustiques. Ce qui contribue à entretenir un cercle vicieux de maladies. Cette année, de janvier à août, le nombre de patients infectés par le paludisme a augmenté de 42 pourcents comparativement à la même période l’année dernière.
Ceci constitue une des comorbidités qui affectent les patients pris en charge pour le choléra.
La mise en œuvre rapide de moyens humains et matériels pour répondre à l’épidémie qui sévit actuellement constitue un défi supplémentaire, au vu du nombre élevé de districts affectés dans le pays. La difficulté est d’autant plus grande que cette réponse doit se mettre en place en parallèle à celle du pic de la malnutrition et du paludisme qui met actuellement sous tension les capacités des infrastructures sanitaires, en termes de personnel soignant et de capacités d’accueil.
« Dans la région de Zinder, où le nombre de cas recensés de choléra poursuit sa diminution, c’est en réagissant vite, à la fois sur le volet médical et communautaire, que nous sommes parvenus à contenir les foyers épidémiques », explique Ba. « C’est pourquoi il est essentiel que plus de moyens soient mis en place par l’ensemble des partenaires qui interviennent aux cotés des autorités sanitaires nigériennes, en particulier pour rompre la chaine de transmission au niveau des villages et des quartiers affectés par la maladie, particulièrement dans les zones où l’épidémie continuer d’évoluer ».
En période d’épidémie, le recours à la vaccination dans les zones affectées est une mesure complémentaire à la prise en charge, aux activités d’eau hygiène et assainissement et de sensibilisation, pour empêcher l’émergence de nouveaux foyers. C’est l’ensemble de toutes ces actions qui permettront de venir à bout de l’épidémie. MSF se tient prête à appuyer le Ministère de la Santé Publique pour une campagne de vaccination dans les régions les plus touchées.
[1] Chiffres de la Direction de la Surveillance et de la Riposte aux Epidémies au 14 septembre 2021