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Affaire coup d’Etat : le mensonge d’Etat

fanfdsLa tentative de coup d’état annoncée gravement par le Président de la République dans son discours à la Nation le 17 Décembre 2015 n’est finalement qu’une affaire de coup bas. Un coup tordu contre des opposants potentiellement gênant à sa réélection et au-delà, au déroulement de sa politique de la pensée unique. Que cela soit clair, nous pouvons l’affirmer avec force aujourd’hui : Il n’y a jamais eu de projet d’assassinat visant la personne du Chef de l’Etat.

A moins que l’on ait pu enfin fabriquer les preuves qu’une longue enquête n’a pu encore apporter. Pour qu’à un moment de réjouissance nationale le Président de la République ait jugé opportun d’informer la nation de l’existence d’un tel projet, ce qu’il y avait eu vraiment des preuves tangibles et incontestables à défaut d’un début d’exécution.

Mais jusqu’à présent rien. Absolument rien depuis la révélation par le ministre de l’intérieur, scénariste hollywoodien d’un jour, du plan d’action rocambolesque et le fameux dossier volumineux pompeusement exhibé à la presse par son homologue de la Défense Nationale d’alors. Toutes choses qui n’avaient convaincu que ceux qui avaient bien voulu y croire.

A se demander si même dans l’hypothèse où un tel dossier d’enquête avait existé, à quel titre devait-il se retrouver entre les mains d’un ministre de la Défense Nationale ! Cette grande maladresse ne traduisait qu’une volonté de convaincre la presse de ce que lui-même savait pertinemment faux.

Un adage bien connu de chez nous dit que  » si celui qui parle n’est pas lucide, que celui qui l’écoute le soit « . Nous nous doutions bien que notre fillette ne soit pas trop belle pour être une fée parlant de notre démocratie. La voilà recachée aux proportions qui sont les nôtres c’est-à-dire humaines avec ses aspects horribles car on l’a présentait parfaite narcissique, c’était oublier les Hommes que nous sommes. Allons ne soyons pas ridicule ! Le monde a évolué, ce n’est pas par cette manière cynique et grossière que l’on construit un état véritablement démocratique ou que l’on arrivera à éliminer ses adversaires politiques! L’arène politique, ce sont des idées, des actes et des convictions. Au peuple de se déterminer.

Puisqu’il ne fallait pas perdre la face Gargantua devant coûte que coûte sortir vainqueur, on fit à l’époque pression sur un pauvre citoyen appréhendé dans la foulée d’une visite rendue au célèbre prisonnier de l’époque. Torturé des jours durant, selon ses proches, dans les locaux d’un des services jadis sombre de la République dans l’espoir de lui soutirer la clé du montage du film : La date de l’opération sortie de la bouche du célèbre prisonnier.

Une autre vaine tentative d’écarter la candidature de celui-ci à l’élection présidentielle qui s’annonça. Oui nous disons bien torturé ! Pourtant, notre Constitution proclame clairement dans un de ses articles que la personne humaine est sacrée. Le recours à « une police politique  » circonstancielle et les méthodes d’interrogatoires cruelles et dégradantes qu’auraient utilisées cette dernière, enlèvent définitivement toute crédibilité à cette affaire. Ce n’est pas le blanchiment de cette procédure illégale par une instruction judiciaire classique qui changera le résultat.

Qui peut dorénavant avoir foi en ces pseudo-démocrates après ce grossier mensonge d’Etat qui a conduit à priver de liberté des citoyens pendant toute une année ? Accusation que l’enquête de la gendarmerie n’a pu étayer et que l’instruction judiciaire peinerait visiblement à prouver. Hélas, chaque ange cache son démon. Mais au fait, où sont nos prisonniers ? Dans quelles situations judiciaires sont-ils ?

Les militaires

La fin justifie les moyens, même si l’on devait au passage sacrifier quelques militaires afin de briser les ailes de l’ennemie politique n°1. La tâche était aisée, car liquider  » légalement  » des militaires serait chose facile au Niger. Il faudrait juste appliquer le code. Pour cela, on leur fit observer cumulativement au régime judiciaire, le régime militaire.

Dans ce dernier cas, 60 jours d’arrêt de forteresse assorti de leur traduction devant un conseil d’enquête où les membres étaient choisis. Il suffirait de désigner des militaires qui ne vous tiendraient pas en estime car aux assises, il s’agirait juste de répondre à la question : Est-ce que tel officier doit-être radié oui ou non ? En général, la réponse serait oui à la majorité des 3 contre un, là aussi on connait bien la chanson. Mais, parfois, la raison l’emporte sur les attentes maléfiques des princes.

Le dossier est alors transmis à qui vous savez, c’est-à-dire au Président de la République, Chef suprême des Armées. C’est à lui qu’il reviendrait de donner ou non le coup de grâce. Dans le cas présent, la suite était connue d’avance. C’était la radiation avant même l’issue de l’instruction judiciaire ! Arrêtons-nous ici un instant pour nous interroger en toute objectivité sur le sérieux et la légalité constitutionnelle de cette procédure expéditive. Mais allons seulement…

La vérité est que cette précipitation en dit long sur les motivations mesquines des princes qui nous gouvernent.

Les civiles et les douaniers
Comme il fallait coûte que coûte juger et condamner les civiles quoiqu’il arrive, l’intérêt de l’instruction judiciaire revêt ici toute son importance. Celle-ci tire en longueur suivant un rythme qui semble curieusement cadencé avec un certain agenda politique : sans doute la fin des élections générales. Mais voilà que ces élections se font toujours attendre, des impondérables ont surgi en cours de route faussant les calculs de nos ingénieurs.

Dans le mieux des cas possibles, ils auraient été relaxés après les élections générales, le but visé était d’affaiblir le parti Lumana FA Africa pendant toute la période électorale. Mais le pire sort qui leur était initialement réservé était d’obtenir leur condamnation au cours d’un procès à huit-clos au tribunal militaire. Le terrain paraissait déblayé pour briser ces irréductibles lieutenants de Hama Amadou. Mais tout ne se passe pas comme prévu.

Les officiers de l’Armée et de la Douane quant à eux serviraient de victimes collatérales dans la guerre fratricide menée contre Hama Amadou. Mais, tout porte à croire que les juges en charge de ce dossier épineux veulent plus trouver la vérité que des coupables. Ce qui serait tout à leur honneur. En définitive tout ce temps passé en prison par ces malheureuses victimes, passerait en perte et profit.

N’est-ce pas là une des failles de notre système judiciaire que l’exécutif ne se prive pas d’utiliser dans des dossiers à forte connotation politique ? C’est pourquoi une reforme de notre système judiciaire visant à remplacer le juge d’instruction par un système accusatoire à l’anglo-saxonne nous parait importante. Avec ce système, l’enquête sera menée contradictoirement par l’autorité judiciaire et les avocats.

Le Guri n’est finalement qu’un incubateur du totalitarisme. Si les autorités ne cessent de clamer à la communauté internationale que l’Etat de droit et la bonne gouvernance sont une réalité au Niger, force est de constater que ces déclarations ne sont que des coquilles vides. La volonté politique sincère de respecter strictement les lois et règlements de notre pays et d’assurer une justice équitable à tous fait totalement défaut. L’application de la plupart des dispositions de la Constitution est devenue virtuelle. Conséquence, on assiste lentement à l’effondrement de l’état de droit dans notre pays et à l’érection d’une justice à la carte.

Depuis son arrivée au pouvoir, les différents pouvoirs de l’État consacrés par la Constitution se retrouvent dans la réalité concentrés entre les mains du seul Issoufou Mahamadou. Ils sont comme les sœurs Gorgones pour ceux qui connaissent un peu la mythologie Grecque. L’exécutif étant Méduse. Ayons le courage de nous départir de notre attitude percluse au lieu de continuer à accepter que se perpétuent sous nos yeux des tels abus. Le récent arrimage de l’ancien Chef de file de l’opposition Seyni Oumarou au pouvoir a été très mal accueilli dans le pays.

Celui-ci ayant subitement découvert qu’il valait mieux pour lui de se rallier et de  » se nourrir d’espoir  » pour l’affermissement de la démocratie que d’agir pour l’imposer. A la grande déception de beaucoup de nigériens, il abandonne ainsi le combat pour se rendre à Méduse qui lui tend en contrepartie de juteux postes et avantages. Allons ! Allons chers concitoyens, ne restons pas éberlués. Soyons lucides, courageux en amoureux de la vérité et de la justice et agissons afin d’empêcher la fossilisation de ces pratiques malsaines dans notre société.      

Labiizé
05 janvier 2017
Source : Le Monde d’Aujourd’hui

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