Cet éditorial est le résumé d’un texte écrit par un intellectuel zambien Field Ruwe, qui après avoir eu tous les diplômes universitaires, s’est rendu compte après une discussion avec un homme blanc, qu’en tant qu’intellectuel, il était encore plus inutile à son pays, comparé à une ouvrière qui cassait les pierres dans la rue.
La discussion se passe dans un avion. Après les salutations d’usage, l’homme blanc en apprenant que Fiel Ruwe était zambien, commença directement par lui dire qui était vraiment son président de la république, qui venait d’être élu. “Vous venez d’élire le roi Cobra comme président.
J’ai passé trois ans en Zambie dans les années 1980…Je faisais partie du groupe du FMI qui est venu vous arnaquer. Votre gouvernement m’a mis dans un manoir d’un million de dollars surplombant un bidonville appelé Kalingalinga. De ma terrasse, j’ai tout vu : les riches et les pauvres, les malades, les morts et les biens portants.
Depuis, je suis passé à un autre groupe avec des pratiques similaires. Dans les prochains mois, mes collègues et moi serons à Lusaka pour hypnotiser le Cobra. Je travaille pour le courtier qui a acquis une partie de votre dette. Votre gouvernement ne doit plus de l’argent à la Banque mondiale, mais à nous désormais, des millions de dollars.
Nous serons à Lusaka pour offrir quelques millions à votre président et repartir avec un chèque vingt fois plus élevé. Donnez-moi un président africain, un seul, qui n’a pas craqué sous l’effet combiné de la carotte et du bâton. »
A cette dernière remarque, le zambien évoqua le nom de Ketumile Masire president du Botswana qui a dirigé le pays de 1980 à 1998, et le blanc répondu : « Oh, lui, eh bien, nous ne l’avons jamais touché parce qu’il a refusé le FMI et la Banque mondiale. C’était la chose la plus intelligente à faire pour lui »
Le blanc qui ramasse les ordures, le sans-abri blanc qui se drogue, se sent supérieur à vous, quel que soit son statut ou son éducation. Je peux ramasser un idiot dans les rues de New York, le nettoyer et l’emmener à Lusaka et vous vous pressez tous autour de lui en chantant muzungu, muzungu et pourtant c’est une racaille. Dis-moi pourquoi faites-vous ça?
Développement
Le blanc continua en expliquant comment ils ont fabriqué l’avion pour les transporter sur les stations balnéaires et les lacs comme la Zambie. Quand l’intellectuel noir lui rappela qu’il n’y a pas de lac Zambie, il répliqua « C’est comme ça que nous appelons votre pays. Vous êtes aussi stagnants que l’eau d’un lac. Nous venons avec nos grands bateaux et pêchons vos minéraux et votre faune et nous vous laissons des miettes dont vous vous nourrissez.
Cette farine de maïs que vous mangez, ce sont des miettes, les petits poissons Tilapia que vous appelez Kapenta sont des miettes. Nous les Bwanas (blancs) prenons les meilleurs poissons. Je suis le Bwana et vous êtes le Muntu. J’obtiens ce que je veux et tu obtiens ce que tu mérites, des miettes. C’est ce qu’obtiennent les paresseux : les Zambiens, les Africains, tout le Tiers-Monde. » La discussion aboutit sur la race. Le blanc rappela au noir que les scientifiques avaient démontré qu’il n’y avait pas de différence dans la constitution biologique :
« Nous sommes les mêmes personnes. Tous les blancs, asiatiques, latinos et noirs à bord de cet avion sont les mêmes. Et pourtant, je me sens supérieur. Chaque personne blanche dans cet avion se sent supérieure à une personne noire. Le blanc qui ramasse les ordures, le sans-abri blanc qui se drogue, se sent supérieur à vous, quel que soit son statut ou son éducation. Je peux ramasser un idiot dans les rues de New York, le nettoyer et l’emmener à Lusaka et vous vous pressez tous autour de lui en chantant muzungu, muzungu et pourtant c’est une racaille. Dis-moi pourquoi faites-vous ça? ».
Les ingénieurs africains sont-ils si invisibles qu’ils ne peuvent pas inventer un simple concasseur de pierres, ou un simple filtre à eau pour purifier l’eau de puits pour ces pauvres villageois ? Êtes-vous en train de me dire qu’après 37 ans d’indépendance, votre école d’ingénieurs n’a pas produit un scientifique ou un ingénieur capable de fabriquer de simples petites machines à usage de masse ? A quoi sert votre université alors…
Intellectuel inutile
L’homme intellectuel noir, titulaire d’un Phd, pour dire le moins, était resté muet, et l’homme blanc continua : « Oui, vous mon ami, tous les vôtres sont paresseux Quand vous posez votre tête sur l’oreiller, vous ne rêvez pas grand. Vous et les autres soi-disant intellectuels africains êtes de sacrés paresseux.
C’est vous, et non ces pauvres gens affamés, qui êtes la raison pour laquelle l’Afrique est dans un état si déplorable. Oh oui c’est le cas et je le répète, vous êtes paresseux. Les Africains pauvres et sans instruction sont les personnes les plus travailleuses sur terre. Je les ai vus sur les marchés de Lusaka et dans la rue en train de vendre des marchandises. Je les ai vus dans les villages travailler dur. J’ai vu des femmes sur Kafue Road écraser des pierres pour les vendre et j’ai pleuré. Je me suis dit où sont les intellectuels zambiens ?
Les ingénieurs zambiens sont-ils si invisibles qu’ils ne peuvent pas inventer un simple concasseur de pierres, ou un simple filtre à eau pour purifier l’eau de puits pour ces pauvres villageois ? Êtes-vous en train de me dire qu’après 37 ans d’indépendance, votre école d’ingénieurs n’a pas produit un scientifique ou un ingénieur capable de fabriquer de simples petites machines à usage de masse ? A quoi sert votre université alors… Savez-vous où j’ai trouvé vos intellectuels ? Ils étaient dans des bars. Ils étaient au Lusaka Golf Club, au Lusaka Central Club, au Lusaka Playhouse et au Lusaka Flying Club.
J’ai vu de mes propres yeux un groupe de diplômés alcooliques. Les intellectuels zambiens travaillent de 8h à 16h, puis ils passent la soirée à boire. Nous les européens ne le faisons pas. Nous réservons la soirée pour le brainstorming…Et vous tous, Zambiens de la diaspora, êtes tout aussi paresseux et apathiques envers votre pays.
Vous ne vous souciez pas de votre pays et pourtant vos propres parents, frères et sœurs sont à Mtendere, Chawama et dans des villages, tous vivant dans la misère. Beaucoup sont morts ou meurent de négligence de votre part. Ils meurent du sida parce que vous ne pouvez pas trouver votre propre remède. Vous vous qualifiez ici de diplômés, de chercheurs et de scientifiques et vous exprimez rapidement vos références une fois qu’on vous le demande – oh, j’ai un doctorat dans ceci et cela – un doctorat mon pied !
Réveillez-vous tous. Vous devriez être occupé à extraire des idées, des formules, des recettes et des schémas des usines de fabrication américaines et à les envoyer à vos propres usines. Tous ces mémoires que vous compilez devraient être le trésor de votre pays. Pourquoi pensez-vous que les Asiatiques sont une force avec laquelle il faut compter ? Ils ont volé nos idées et les ont transformées en leurs.
Regardez le Japon, la Chine, l’Inde…Tant que tu dépendras de mon avion, je me sentirai supérieur, et toi mon ami restera inférieur. Les Chinois, les Japonais, les Indiens, même les Latinos sont un cran au-dessus. Vous, les Africains, êtes au bas de l’échelle. »
La suite de cette discussion dans le prochain éditorial, mais en attendant, Dans ce texte, il suffit de remplacer les noms des villes, des rues et des lieux de loisirs zambien par ceux de n’importe quel pays, et chaque africain se retrouve.
Roland TSAPI