« Soixante (60) ans après son accession à la
souveraineté internationale, notre pays, le Niger, est à la croisée des
chemins. Il est confronté à plusieurs défis :
– il est menacé dans son indépendance, fruit de luttes
multiformes et de sacrifices consentis par ses filles et fils, qui ont résisté
face au pouvoir colonial ;
– il est menacé dans son unité et sa cohésion,
laborieusement préservées pendant des décennies, mais sérieusement mises à rude
épreuve, présentement par une gouvernance marquée par le déni des valeurs
essentielles de la république et les violations caractérisées des droits et
libertés.
Comme tous ses voisins sahéliens, le Niger, fait face à la plus grave crise sécuritaire et existentielle de son histoire. Cette crise, amplifiée par l’incurie des gouvernants, a entrainé des centaines de morts, civils et militaires, des milliers de déplacés internes à Diffa, Tillabéri, Tahoua et Maradi. Paradoxalement elle a généré quelques milliardaires. C’est ce qu’indique clairement le rapport de l’inspection générale des armées et de la gendarmerie portant sur les seuls marchés attribués par ENTENTE DIRECTE au ministère de la défense nationale entre 2017 et 2019.
A la lumière des informations contenues
dans ce rapport, les Nigériennes et les Nigériens ont compris que la guerre en
cours dans notre pays sert d’abord deux causes :
– celle des grandes puissances extérieures,
principalement la France et les États-Unis, illégalement autorisées par le
président Issoufou, à installer des bases militaires sur notre territoire ;
– et celle du régime en place, qui a créé les conditions
pour enrichir, de manière illicite et ostentatoire, quelques uns de ses membres
et se positionner ainsi dans une logique de conservation du pouvoir politique
par tout moyen.
C’est dans cette démarche qu’il faut comprendre la mise en place d’un dispositif institutionnel taillé sur mesure pour assurer au pouvoir en place une « victoire certaine » aux futures consultations électorales. Une CENI partisane, une Cour Constitutionnelle jugée partiale par une grande partie de nos concitoyens, un fichier électoral biométrique bâclé, objet de toutes les critiques, un code électoral non consensuel, sont autant éléments du dispositif institutionnel par lequel le pouvoir pense pouvoir se maintenir. Toutes choses qui aggraveront immanquablement la situation sécuritaire déjà très préoccupante car des élections mal organisées sont toujours porteuses de crises sociales multiples et multiformes.
La tenue d’élections apaisées est d’autant plus importante qu’en cinq (5) ans de conflits, nos forces de défense et de sécurité qui ont su faire face par le passé, à divers types de menaces, sont aujourd’hui atteintes au plus profond d’elles-mêmes. Elles ont non seulement perdu de nombreux hommes sur le terrain, leur autonomie stratégique et opérationnelle, mais voient également s’éroder leur cohésion interne et leur réputation de forces protectrices des populations civiles, garantes de l’intégrité du territoire national.
Cette situation, porteuse de périls graves,
interpelle toutes les Nigériennes et tous les Nigériens.
L‘insécurité qui se généralise et la présence sur notre
territoire des forces armées étrangères ne sont malheureusement pas les seuls
sujets de préoccupation pour toutes celles et tous ceux qui sont attachés à
l’idéal républicain d’un Niger souverain, démocratique, juste et social.
En effet, la réalisation de cet idéal bute contre la montée en puissance du narcotrafic, dont certains barons ont leur entrée dans les hauts lieux de pouvoir. Elle bute aussi contre la poursuite des politiques néolibérales dont les conséquences dramatiques sont visibles dans les secteurs de l’éducation, de la santé, de l’agriculture, de l’élevage, de l’hydraulique et de l’énergie.
Au regard de ce qui précède, il importe de rappeler que neuf (9) ans durant, notre pays, est dernier en matière d’indice du développement humain et ce, malgré les énormes ressources financières jamais acquises par un régime auparavant. Ces ressources proviennent pour l’essentiel, de la rente pétrolière, des recettes issues de la plus forte pression fiscale exercée sur les citoyens et les entreprises depuis la loi de finances 2018, des ressources minières. Elles proviennent également des concours extérieurs importants sur fond d’endettements colossaux.
Pourtant le Niger ne mérite pas sa position de dernier en IDH eu égard à la jeunesse de sa population, sa position géostratégique, les richesses de son sous-sol et son potentiel agricole et énergétique.
Malgré la propagande sur des programmes comme les 3N, Les Nigériens nourrissent les Nigériens, la majorité des Nigériennes et des Nigériens des centres urbains et des milieux ruraux n’arrivent pas à se nourrir convenablement. De manière endémique, ils sont environ deux millions pour qui, chaque année, le gouvernement quémande une assistance alimentaire à l’extérieur.
Ils sont aussi des millions, ces Nigériens à ne pas avoir accès à l’eau potable et à l’électricité. Ils sont des millions à ne pas pouvoir se soigner. Ils sont des millions à ne pas savoir lire et écrire, contraints à regarder leurs enfants condamnés à l’analphabétisme. Ils sont des millions à ne pas avoir un emploi leur permettant de vivre dignement.
Aussi, nous, citoyennes et citoyens, issus
d’horizons divers,
– profondément préoccupés par la préservation et la
consolidation de l’indépendance et de la souveraineté de notre pays :
– attachés à l’unité et à la cohésion du
peuple souverain :
– résolus à contribuer à un retour rapide de la paix :
– déterminés à promouvoir les valeurs essentielles de la
république ;
– décidés et engagés à nous consacrer sans relâche à la
réalisation de cet idéal républicain ;
lançons cet appel citoyen à toutes les Nigériennes et à
tous les Nigériens, sans distinction aucune et à toutes les forces vives de la
Nation, à se dresser comme un seul homme pour :
1) exiger un traitement judiciaire correct du scandale du détournement des fonds au ministère de la défense nationale ;
2) exiger le strict respect de l’indépendance de la justice et la séparation des pouvoirs telle que proclamée dans la constitution ;
3) exiger l’abrogation des lois liberticides sur la cybercriminalité et le secret de communications afin de préserver les libertés d’opinion, d’expression et de manifestation conquises de hautes luttes ;
4) exiger le respect scrupuleux des droits et libertés tels que définis par la constitution ;
5) exiger la libération sans condition des citoyens injustement écroués pour délit d’opinions et suite aux différentes manifestations contre la gestion de l’affaire du MDN et du coronavirus par le gouvernement ;
6) exiger le départ de toutes les forces étrangères stationnées sur notre territoire ;
7) défendre résolument la souveraineté et la stabilité de notre pays et empêcher qu’il ne tombe entre les mains des forces obscurantistes, des narcotrafiquants et autres alliés locaux de l’impérialisme international ;
8) offrir des perspectives d’une vie digne aux millions de Nigériennes et Nigériens qui en sont privées, particulièrement les femmes, la jeunesse et le monde rural.
Ont signé :
- Issoufi
Alzouma Oumarou
2. Ibrahima Hamidou
3. Abdou Bontianti
4. Hamadou Issaka
5. Abdoulaye Aboubacar Diallo
6. Soumana Adamou
7. Sabo Saïdou
8. Rabi Daddy Gaoh
9. Ibo Abdou
10. Issaka Chaibou Mati
11. Nassirou Bodo
12. Hamidou Moussa
13. A.T. Moussa Tchangari
14. Ali Idrissa
15. Hassane Halidou
16. Abdoulaye Aboubacar
17. Soumana Abdou
18. Abdoul-Aziz Moussa
19. Mikahilou Moussa
20. ElHadj Salim Amadou