Pour nombre d’entre nous, l’enseignement et la formation techniques et professionnels sont une sorte de déversoir qui recueille les recalés de l’enseignement général pour en faire, tant bien que mal, de petits artisans ou de petits ouvriers. Il s’agit là d’une bévue qui a fortement impacté le progrès économique et social.
Que d’opportunités ratées !
Avec la restauration du Ministère en charge de l’enseignement et de la formation techniques et professionnelles, vient le temps de se raviser. Ne plus regarder de haut ce sous-secteur de l’éducation, le placer dans une perspective ascendante, et lui donner la place qui sied dans le développement de notre pays, tel doit être le nouvel état d’esprit.
Former nos jeunes, filles et garçons, pour le marché du travail, pour qu’ils deviennent agents de croissance économique et contribuent à la prospérité du pays, tel est l’objectif principal de l’EFTP. Or, au Niger, pays ayant la population la plus jeune du monde, la ressource humaine ne fait point défaut. Le Niger est aussi et surtout un pays en refondation. Refonder, c’est reconstruire sur des bases nouvelles. Qui, mieux que la jeunesse nigérienne, peut mener à bien cette reconstruction ?
Dans cette perspective, user à bon escient de l’enseignement et de la formation techniques et professionnelles, c’est faire en sorte qu’il réveille le bâtisseur qui dort en chacun de nos jeunes.
L’enseignement et la formation techniques et professionnelles sont au cœur de la Refondation et du processus de développement. Il y a, comme on le sait, une relation étroite entre développement et sécurité. Sans sécurité, dit-on, point de développement. Les Forces Armées Nigériennes œuvrent vaillamment à l’instauration des conditions optimales de sécurité.
Je considère l’enseignement et la formation techniques et professionnelles à la fois comme pourvoyeurs de notre marché du travail, comme levier de notre économie, comme vecteur de l’industrialisation du pays et fer de lance dans la bataille pour le développement.
À côté de l’armée régulière qui défend l’intégrité du territoire national et assure la paix à l’intérieur de nos frontières, nous devons lever une armée de développement par le truchement de l’enseignement et de la formation techniques et professionnels.
Je vois alors à pied d’œuvre des compagnies de maçons, de charpentiers, de menuisiers et de plombiers, des escadrons d’électriciens, de mécaniciens et de maintenanciers, des troupes de géomètres, d’architectes et d’ingénieurs, des brigades de géologues, de mineurs et de chimistes, des divisions d’informaticiens et de roboticiens, pour extraire et transformer au profit des nôtres les richesses du sous-sol, pour bâtir des habitations et monter des usines, pour poser des rails, construire des routes, des autoroutes, des ponts, des chaussées et des centres commerciaux, pour électrifier nos villes et nos villages, pour porter le machinisme dans nos champs et dans notre industrie, pour augmenter et automatiser la production.
Si nous donnons à l’enseignement et à la formation techniques et professionnelles ses lettres de noblesse, il nous permettra de mettre le cap sur l’indépendance et la souveraineté, car en plusieurs domaines (pourvu que la volonté de faire, la disponibilité des moyens et la détermination à réussir convergent) nous pouvons atteindre l’autonomie.
À Ministère nouveau, nouvelle vision :
Un enseignement et une formation techniques et professionnelles au service de la Refondation, du développement, de l’indépendance et de la souveraineté.
Pour que cette vision ne demeure pas inopérante, elle doit être partagée.
Au sein du Ministère, elle appelle les cadres, les enseignants et les formateurs à la responsabilité, au sens du devoir et à l’action pour l’intérêt général. Hors du Ministère, à l’endroit des partenaires, elle se donne comme une invitation à collaborer dans le respect de nos aspirations, de nos orientations et des objectifs que nous nous sommes fixés.
Pour nos jeunes, elle est prévention contre l’oisiveté, les tentations de l’extrémisme et de la radicalisation. Elle leur offre l’opportunité d’entrer de plain-pied dans la vie sociale, d’y exercer leur citoyenneté et de participer pleinement à la vie de la nation.
Farmo Moumouni
Ministre de l’Enseignement et de la Formation Techniques et Professionnels