La réserve naturelle nationale de Termit et Tin Touma (RNNTT) est exposée ces dernières années à de graves menaces liées notamment aux recherches et exploitation pétrolières en cours dans la zone. Même si l’Etat du Niger l’a classée en 2012 comme zone de réserve de catégorie 5, selon les normes de l’Union internationale de conservation de la nature (UICN), les risques sont grands pour assister à une disparition progressive de la faune et la flore ainsi que les sites archéologiques qu’elle abrite, à cause des conséquences néfastes des industries extractives sur l’environnement.
C’est devant ce constat qu’un collectif des organisations de la société civile active sur les questions environnementales par le biais du Réseau Esperance a initié au mois de mai 2016 une large campagne de sensibilisation en direction des décideurs publics, des acteurs pétroliers et du grand public afin que des mesures de renforcement de la protection de la réserve soient prises.
Laquelle campagne les a également amenés sur le terrain pour mieux apprécier l’enjeu et l’importance de la mobilisation en faveur de la protection de la réserve. A travers cette campagne qui est à sa deuxième phase, il s’agit plus précisément pour le collectif, qui a reçu le soutien de Noé et de l’Institut international pour les études comparatives, de contribuer par la sensibilisation intensive du public et des porteurs d’obligation à la protection de la RNNTT et à limiter les conséquences dommageables dans la réserve.
Afin notamment de promouvoir des meilleures pratiques qui prennent en compte la politique de conservation de la nature ainsi que la réalisation des projets socioéconomiques dans les zones d’exploitation pétrolières et minières.
Pour un site naturel de biodiversité sahelo-saharienne, qui couvre une superficie de plus de 10 millions d’hectares (l’une des plus grandes de la planète) sur lequel évoluent des communautés nationales en parfaite symbiose avec une faune et une flore diversifiée, l’initiative de mener une campagne en vue de sa protection est très louable.
Les études effectuées par le collectif permettent d’en juger : La réserve abrite 18 espèces de grands mammifères dont la dernière population d’addax viable au monde (environ 200 individus) ; une centaine d’espèces d’oiseaux résidents ou de passage (135 espèces) ; une population de reptiles très diverse et variée dont la tortue sillonnée ; plus de 100 espèces végétales représentatives de la zone saharienne ; ainsi que des paysages variés d’une beauté extraordinaire.
D’après lesdites études, la zone inclut aussi un site de fouille préhistorique que le monde envie au Niger (Gadafawa-superCroc Museum Chicago) et le massif de Termit et le désert du Tin Toumma qui regorgent d’objets néolithiques et qui sont considérés comme le berceau de l’âge du fer.
Des gravures rupestres y ont été découvertes récemment lors d’une mission en septembre 2007, sur ce grand espace, sur lequel cohabitent les ethnique Toubou, Touareg, Arabe, Peul et Kanouri, et qui se trouve être la route historique du commerce du sel et des dates vers Bilma.
La campagne du collectif des organisations de la société civile sur la protection de la réserve naturelle a été marquee par une serie de rencontre et de point de presse conjointement animé par Mr Abdoulaye Harouna Chargé des programmes Réserve Naturelle de Termit Tin Toumma et Addax du Sahara, Mahaman Bachar, Coordonnateur du Réseau Esperance et Dr Maïna Kartey Boukar, secrétaire général de l’Association nigérienne des constitutionnalistes.
C’est ainsi que les initiateurs de ladite campagne ont : Rencontre avec les parlementaires des commissions développement rural et celle des affaires générales et institutionnelles et les ministres en charge de l’environnement, de l’élevage et des mines afin de plaider la révision de la constitution pour intégrer les déchets toxiques produits au Niger dans le cadre de l’exploitation pétrolière et encourager une évaluation de la situation environnementale suite à l’exploitation pétrolière à travers une mission de l’Assemblée Nationale. L’organisation d’une soirée écologique au CCFN avec pour thème : « regard croisé sur la biodiversité ».
Echanges avec les élèves des lycées Lafontaine et Olinga, objectifs visés, intégrer l’éducation environnementale dans le curricula.
Conférence-débat à l’université Abdou Moumouni Dioffo de Niamey, puis à la faculté d’agronomie.
Rencontre avec les responsables de Savana Petrolium.
A l’issue de cette campagne, un Livret de recommandations en onze points a été élaboré.
1- Appliquer et respecter, sans réserve, les engagements du Niger en matière de conservation de l’environnement, formulés dans des conventions internationales, et de la législation interne sur l’environnement, notamment les los n° 98-07 du 29 avril 1998, fixant le régime de la chasse et de la protection de la faune et 98-56 du 29 décembre 1998 portant loi cadre relative à la gestion de l’environnement;
2- Publier au journal officiel de la République du Niger tous les contrats de prospection et d’exploitation des ressources naturelles signés après et/ou produisant des effets postérieurement à l’adoption de la Constitution de la septième république du 25 novembre 2010 entre les représentants du peuple nigérien et les acteurs pétroliers conformément à l’article 150 de ladite Constitution ;
3- Instituer le principe de validation parlementaire des conventions minières et pétrolières et prendre des dispositions pour que les revenus issus des activités extractives soient gérés de façon rationnelle, dans la transparence et orientés prioritairement vers les secteurs sociaux de base conformément aux dispositions de l’article 153 de la Constitution ;
4- Assurer rigoureusement le respect par les acteurs pétroliers des engagements figurant dans leurs contrats avec le gouvernement de la République du Niger concernant l’atténuation des impacts négatifs de l’exploitation pétrolière sur l’environnement ;
5- Réviser les textes régissant le bureau d’évaluation environnementale et des études d’impact (BEEEI) et ceux organisant le Ministère en charge de l’environnement et du développement durable afin de rattacher le BEEEI à la direction générale des eaux et forêts ;
6- Réviser les textes concernant la publicité des rapports du BEEEI et ceux relatifs au suivi des plans de gestion sociale et environnementale(PGES) afin de permettre aux représentants de la société civile d’y accéder sans entrave et d’obtenir des copies (publication sur un site internet) ;
7- Renforcer et garantir la bonne application des textes concernant la consultation du public lors du suivi des PGES ;
8- Demander, via la commission parlementaire développement rurale en charge de l’environnement, la réalisation d’une expertise indépendante sur l’état des sites exploités par la CNPC ;
9- Convention de Maputo sur la conservation de la nature et des ressources naturelles, Convention sur la conservation des espèces migratrices, Convention sur la diversité biologique, Charte mondiale de la nature, Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones préalables à tout projet extractif,
10- Inscrire au budget national des fonds dédiés au renforcement quantitatif et qualitatif en faveur des agents sur le terrain (agents communautaires et forestiers) ; Rendre effective et régulière la rétrocession des 15% aux collectivités et publier les informations y relatives en vue de leur prise en compte dans l’élaboration des rapports ITIE,
11- accélérer le mécanisme d’institutionnalisation d’un fonds pour les générations futures qui entre autre sera alimenté par les sommes résultantes des pénalités infligés aux industriels récalcitrants mais aussi par les produits des différentes transactions opérées dans le cadre de sanctions au manquement à la législation environnementale.
Niger Express