Dans cette nuit du mercredi 28 au jeudi 29 octobre 2020, ils étaient 500.000, 700.000, 1.000.000, ou plus. Personne ne peut dire avec exactitude le nombre précis des fidèles qui ont convergé vers la célèbre localité de Kiota pour la célébration de la 68ème édition du Mouloud. Ainsi, en dépit du contexte de lutte contre la pandémie de la covid-19, qui a poussé les autorités nationales à édicter des restrictions pour le rassemblement populaire, cette fête religieuse, qui célèbre la date anniversaire de la naissance du Prophète (PSL), a été autorisée sur tout le territoire national dans le respect des gestes barrières. Ainsi, selon un communiqué du gouvernement, en date du 2 octobre dernier, la mesure de la fermeture des frontières terrestres étant toujours en vigueur, l’organisation du Mouloud est autorisée mais uniquement sur le plan national et en prenant les mesures sanitaires et sécuritaires nécessaires. Malgré ces mesures restrictives, la fête du Mouloud a bel et bien eu lieu à Kiota. L’édition de 2020 du Mouloud est placée sous le thème central : «Islam et protection civile. Quels rôles pour les Communautés religieuses».
La commune rurale de Kiota, située dans le Boboye (Région de Dosso), fief de la confrérie Tidjania au Niger, d’habitude calme, connaît à chaque célébration du Mouloud une animation sans pareil au Niger. En effet, cette année aussi, rien n’a manqué, en dépit du fait que l’afflux de fidèles en provenance d’autres pays soit réduit, à cause de la Covid-19, ceux de l’intérieur du pays et même certains des pays voisins ont tout de même répondu à l’appel annuel de Kiota. En plus, tout le programme établi par le Comité d’organisation dudit évènement a été respecté. Ainsi, comme dans plusieurs villes du Niger et comme à l’accoutumée, la ville de Kiota a donc célébré cet anniversaire, qui est un évènement culturel et traditionnel chez les musulmans, selon Cheikh Barham Aboubacar Hassoumi, président du Comité d’organisation de ladite activité. Selon le Cheick Barham, les objectifs de cette célébration sont notamment d’exprimer la reconnaissance et la gratitude de la Communauté musulmane au Dieu, Tout Puissant, de lui avoir donné Prophète et Messager prestigieux comme Mohamed (PSL) ; de faire des louanges à l’endroit du Prophète ; de lire la biographie du Prophète (Sira), qui offre de multiples et diverses matières à évoquer pour servir dans les temps présents et à venir ; de livrer aux croyants les points saillants du message universel du Prophète (Rissala) et cela en fonction des périodes et des contextes. En marge de cette cérémonie traditionnellement musulmane, des séances de conversion à l’Islam ont lieu ainsi que la célébration de plusieurs mariages. Tout cela dans une atmosphère de grande dévotion, de recueillement, d’invocation et des louanges à Dieu et à son Messager Mohamed (PSL). Comme chaque année, les fidèles, surtout ceux de l’intérieur du Niger, de Torodi à Diffa et de N’Gourti à Téra, ont massivement convergé vers cette ville légendaire de Kiota Mayaki à l’occasion du Mouloud pour des prières et la méditation en faveur de la paix et de la solidarité. Le Mouloud 2020 est la 68ème édition que la ville de Kiota a organisée. Durant toute la nuit, du 28 au 29 octobre, les fidèles ont manifesté leur amour pour le Prophète (PSL) en rappelant sa vie et en implorant Allah, le Tout Puissant, pour qu’il descende sa miséricorde sur tout le monde musulman, et particulièrement sur le Niger. Chaque année, une attention particulière est vouée à la dimension spirituelle de cette fête religieuse marquée par l’invocation d’Allah et la glorification du Sceau des Prophètes.
Lectures du Saint Coran, prières, chants religieux et conférences religieuses, au menu du programme
Bien avant la matinée du mercredi 28 à celle du jeudi 29 octobre, des invocations ont été psalmodiées sans interruption, dans les rues et dans les mosquées de Kiota, par les fidèles afin d’implorer le pardon divin. Au menu, des récitations du Saint Coran, des prières individuelles et collectives, des chants religieux, et également des conférences animées par des grands ulémas du Niger. La célébration du Mouloud est un grand rendez-vous annuel des fidèles musulmans qui viennent de tous les horizons. Le Mouloud à Kiota prend de plus en plus une envergure internationale. Chaque année, le nombre des fidèles ne fait qu’augmenter. En plus de nombreux responsables politiques, administratifs, religieux, coutumiers et des milliers de fidèles venus de toutes les contrées du Niger, ont pris part à la veillée de dévotion, de lectures de versets coraniques et de prières. Comme les années précédentes, cette année, pour des raisons sécuritaires, en plus du Commissariat de Police qui a été érigé l’an dernier, un Poste de Gendarmerie a été créé, il y a eu aussi l’encadrement de toute la zone par les Forces de Défense et de Sécurité, qui sillonnaient tous les alentours de Kiota, sans compter les checkpoints placés à Kouré et à Birni N’Gaouré pour mieux sécuriser les fidèles. D’autre part, de nombreuses grilles et portails ont été érigés pour le contrôle des entrées dans le périmètre de la mosquée et ses environs, ainsi que la confection des badges et surtout l’exigence du port des bavettes par les fidèles pour avoir accès à la grande mosquée où se déroule la veillée. Bref, cette année encore plus que les autres, le dispositif sécuritaire a été considérablement renforcé au niveau de la ville et ses environs.
Toute la journée du mercredi, les délégations officielles invitées et les fidèles tidjanes d’horizons divers ont continué à affluer dans la localité de Kiota. Qui à pied, à dos d’ânes, en charrettes asines ou bovines, à cheval, en voiture et même des enfants accrochés aux dos de leurs mères, des vieillards s’appuyant sur des bâtons, toutes les rues de Kiota étaient inondées de monde, des va et vient incessants, de la veille au jour du Mouloud. Une image et une ambiance indescriptible ! Des délégations de fidèles, en file indienne, passent présenter leurs respects et leurs salutations aux trois leaders religieux et chefs spirituels tidjanes, qui sont natifs de la ville et qui y résident. Avant la cérémonie proprement dite, le Chef de canton a pris la parole pour saluer les invités et la qualité de l’organisation. Tour à tour, des autorités ont transmis les félicitations et les encouragements des plus hautes autorités du pays, aussi bien aux organisateurs de cette importante manifestation qu’à l’ensemble des participants. Le gouverneur de Dosso, M. Moussa Ousmane, a par la suite rappelé la situation que notre pays traverse sur le plan sécuritaire. C’’est dans cet esprit qu’il a demandé à l’ensemble des fidèles de prier pour qu’Allah le Tout Puissant nous préserve contre les risques liés à la crise sécuritaire qui plane sur les pays du sahel et qu’il guide et protège nos militaires engagés dans la lutte contre les menaces terroristes au niveau des frontières de notre pays. « Le Mouloud nous appartient à nous tous, chacun doit faire du mieux et doit contribuer pour sa réussite et sa pérennisation. Ne serait-ce qu’à travers des prières », a appelé le gouverneur de la région. Ces autorités ont également témoigné leurs vives reconnaissances aux fidèles qui ont fait le déplacement. Prenant la parole au petit matin, Cheikh Khalifa Moussa Aboubacar a d’abord salué les fidèles, tout en les a appelant à cultiver, au plus profond d’eux, l’amour de Dieu ainsi que les valeurs de paix et de cohésion au sein de notre pays. Aussi, Khalifa Moussa Aboubacar a rappelé que le Mawlid (Mouloud) se fête à une période du calendrier musulman qui se rapporte au 12 de Rabiou Al Awal, et se commémore dans un grand nombre de pays musulmans à travers le monde. Il racontait à l’assistance la vie du prophète jusqu’à sa mort. Il a aussi conseillé les fidèles de ne pas maltraiter leurs enfants qui portent le nom de Mohamed et de se comporter en bons musulmans. Cheikh Khalifa Moussa Aboubacar a enfin fait prière de paix, de santé et de sérénité pour tous les invités, pour nos plus hautes autorités, pour le Niger tout entier, ainsi que les autres pays musulmans du monde. A la tombée de la nuit, de nombreuses femmes se sont rendues au domicile de Sayada Zahraou Aboubacar Hassoumi pour assister aux premières activités nocturnes entrant dans le cadre de la célébration de la nuit de Mouloud.
Durant plusieurs heures, avant la veillée religieuse, des hauts parleurs annonçaient que tout celui ou celle qui ne portera pas de bavette n’aura pas accès à la grande mosquée et cela pour des raisons de lutte contre la Covid-19 et par respect des mesures préventives édictées par les autorités au plan national. Malgré cette mesure, c’est des milliers de fidèles qui ont pris d’assaut ce lieu de culte. Au milieu de la nuit à la grande mosquée de Kiota, centre névralgique des activités de la célébration du Mouloud, Cheikh Barham Aboubacar Hassoumi a rappelé plusieurs exemples de la vie du Prophète Mohamed (PSL), qui illustrent l’importance qu’accorde l’Islam à la bonne cohabitation des communautés et à la promotion de la paix entre les différents peuples et les différentes religions. Versets du Saint Coran à l’appui, il a affirmé que «le Prophète Mohamed (PSL) qui est ainsi célébré, a été envoyé comme miséricorde pour l’ensemble de l’Humanité, y compris pour les mécréants». Cheikh Barham Aboubacar Hassoumi a souligné que l’Islam est une religion de miséricorde, une religion « qui vise le bien de l’Humanité toute entière et non de lui créer des problèmes ».
S’exprimant au nom des officiels présents, le Gouverneur Moussa Ousmane a transmis à l’ensemble de la communauté tidjane réunie à Kiota les remerciements du Président de la République SE. Issoufou Mahamadou pour les prières qu’elle ne cesse d’adresser pour une sécurité totale au Niger. Il a aussi profité de ce Mouloud, lieu par excellence d’une forte mobilisation des habitants du Boboye et de l’ensemble de son entité administrative, pour les sensibiliser sur leur devoir d’accompagner les Forces de Défense et de Sécurité dans l’accomplissement de leurs missions. Lors de la célébration du Mouloud de cette année, le Grand Khalife des tidjanes du Niger, Cheikh Moussa Aboubacar Hassoumi a célébré plusieurs conversions de personnes qui ont décidé d’embrasser l’Islam et plusieurs mariages.
Par Mahamadou Diallo (Envoyé Spécial)