Le colloque scientifique international Maradi Kolliya a été lancé lundi dernier à l’amphithéâtre de l’université Dan Dicko Dankoulodo, sous le thème de »la coexistence intercommunautaire et la construction de la paix dans l’histoire de la région de Maradi ».
A cette occasion, l’histoire du Katsina et du Gobir a été largement évoquée par M. Djardaye Issoufou dont l’exposé porte sur l’alliance Gobir-Katsina, et Dr Hamadou Hassane, qui a présenté l’évolution historique et socio-anthropologique de la chefferie traditionnelle du canton du Gobir Toudou de Madaoua.
Dans son exposé, M. Djardaye Issoufou, parlant du Gobir, a indiqué que c’était un Etat en mouvement, à la recherche de territoire favorable à une vie meilleure. Le Gobir devait, pour ce faire, faire usage de sa puissance militaire redoutable pour chercher à conquérir le Katsina (en vain), le Kwanni, le Zamfara avec succès, qui lui donna sa nouvelle capitale située dans le bassin fertile de Rima : Alkalawa.
Quant au Katsina, voisin du Gobir, il fut surtout réputé pour son rôle économique et religieux, preuve d’une certaine sécurité dans le pays. Selon l’historien, à partir du 16ème siècle, Katsina devint un carrefour commercial où convergeaient toutes les routes joignant l’Afrique du Nord et l’Afrique forestière.
»Beaucoup de Nigériens croient que les relations entre ces deux Etats n’avaient été que conflictuelles tout au long de leur histoire. Pourtant, les différents conflits qu’ils avaient connus n’étaient qu’une parenthèse définitivement fermée depuis le Jihad de Usman Dan Fodio. Ainsi, Gobirawa et Katsinawa devinrent alliés et même amis d’abord parce qu’ils avaient uni leurs forces pour combattre les jihadistes, puis parce que les Katsinawa vinrent au secours des Gobirawa en difficultés », ajoute le conférencier.
Selon Dr Hamadou Hassane, parmi les Etats haoussa, le Gobir a un statut particulier. Les historiens s’accordent pour considérer l’Etat du Gobir comme un des plus anciens, le plus vaste et le plus puissant parmi les Etats haoussa du temps de sa splendeur.
En raison de cette spécificité, note le conférencier, des hypothèses les plus fantaisistes à propos des origines des populations et des premiers souverains du Gobir ont été rapportées par de nombreux auteurs. Il s’agit, le plus souvent, a-t-il ajouté, d’interprétations de mythes d’origines ou de légendes rattachant les généalogies des Sarakuna du Gobir à des ancêtres orientaux (Yémen, Arabie, Egypte ou Turquie). »Bien qu’obscurcie par la légende, l’histoire des Etats haoussa en général, et celle du Gobir en particulier, paraissent plus claires avec l’intérêt que leur accordent les chercheurs.
Ainsi, les chercheurs qui se sont intéressés à l’histoire des Etats haoussa et au peuplement de l’Aïr confirment l’information selon laquelle les Gobirawa ont d’abord vécu dans l’Aïr. La création des villes comme Agadez, Assodé, Marandet remonte à cette époque. Les conditions climatiques difficiles, avec l’assèchement du Sahara et les conflits armés avec les groupes touaregs de plus en plus nombreux dans l’Aïr sont à l’origine des migrations des Gobirawa à Marandet au sud d’Agadez, puis à Birnin Lallé près de Dakoro, qui fut une de leurs capitales », souligne Dr Hamadou Hassane.
Très tôt, l’Etat du Gobir se singularisa par l’existence de deux grandes provinces historiquement et géographiquement distinctes : le Gobir Fadama, une zone plus arrosée dans la partie nord du Goulbi Maradi considérée politiquement et économiquement comme le grand Gobir ; et le Gobir Toudou, actuelle région de Madaoua.
Créé en 1808, le canton de Gobir Toudou Madaoua est devenu Cercle en 1909. Il comprend aujourd’hui 346 villages administratifs pour une population de 544.215 habitants.
Oumarou Moussa Envoyé spécial(onep)