Les ressortissants des communes rurales du Gorouol et de Bankilaré toutes communautés confondues, réunis en assemblée générale ce dimanche 29 janvier 2023, à la maison des jeunes Djado Sékou de Niamey, à l’effet d’examiner la situation socio-économique et sécuritaire que vivent les populations de cette zone font la déclaration suivante :
Le canton du Gorouol compte les communes rurales du Gorouol et de Bankilaré. Il est limité à l’Est par les cantons d’Ayorou et de Déssa à travers le lit principal du fleuve Niger, au Sud-Est par les cantons de Kokorou et de Téra, à l’Ouest et au Sud-Ouest par le Burkina Faso, et au Nord par le Mali.
De toutes les communes du Niger, seules celles de Bankilaré et du Gorouol font frontière à la fois avec le Mali et le Burkina, zone des trois frontières (Burkina-Mali Niger) en un mot le centre de gravité des trois frontières où vivaient ensemble les populations Sonrai, Touaregs et Peuls en parfaite symbiose.
Ces trois communautés vivaient en parfaite harmonie, de tel qu’il est rare de trouver une personne de ces groupes ethniques qui ne parle pas la langue de l’autre.
Mais depuis plus de cinq ans, cette symbiose et cette harmonie légendaires connues sont mises à rude épreuves, par une situation d’insécurité devenue permanente, la terreur s’y est installée, toutes les bases terroristes sont implantées dans ces trois pays.
Depuis que les terroristes sont menacés du côté du Burkina et du Mali, Ils se sont repliés sur les communes du Gorouol et de Bankilaré. Aujourd’hui, toute la partie nigérienne de la zone des trois frontières est sous contrôle terroriste à savoir le département de Bankilaré, le département de Téra, plus précisément les communes rurales de Bankilaré, Diagourou, Gorouol, Kokorou, et Méhenna.
Au vue de cette situation d’insécurité grandissante reconnue au niveau national et international, on aurait pu s’attendre à la mise en place d’un dispositif sécuritaire particulier.
Mais malheureusement, au regard de ce qui se passe, nous nous sentons abandonnées par l’Etat du Niger et sommes aujourd’hui en présence de ce qui s’apparente à un génocide et à un crime contre l’humanité. Sinon comment comprendre que :
1-Sur le plan sécuritaire :
Le dispositif sécuritaire actuel, ne repose essentiellement que sur des rares patrouilles et des bases militaires à Wanzerbé et à Bankilaré qui ne répondent pas à l’attente des populations meutries. Comment comprendre? Que des personnes soient assassinées, rançonnées, le bétail emporté y compris dans les localités qui abritent ces bases militaires, Wanzerbé et Bankilaré sans la réaction de ces derniers. Les troupeaux enlevés n’ont jamais été rattrapés, alors même qu’ils se déplacent à pieds. Comment comprendre que des complices dénoncés, arrêtés soient relâchés aussi tôt et revenir faire des représailles contre des personnes et/ou villages? Comment comprendre que des terroristes viennent exiger dans 48 heures, le déplacement des populations d’un village administratif de plus de 6000 habitants, situé à moins de 20 km de deux bases militaires?
Actuellement le nombre de déplacés installés à Téra et à Bankilaré s’élèvent à plus de 10 000 personnes dont 15 chefs de village, tous les maires et les conseillers communaux.
2-Sur le plan de l’éducation :
Le système scolaire depuis plus de cinq est perturbé avec une grande partie des écoles fermées dont 87 dans la commune rurale de Bankilaré comptant 5 810 élèves et 81 écoles dans la commune rurale du Gorouol comptant 11 091 élèves soit au total 16 901 élèves concernés.
3-Sur le plan économique :
La situation économique se caractérise par : a) la restriction de la mobilité du fait de l’interdiction de circulation des motos ; b) l’absence de communication téléphonique du fait de la destruction des antennes de la téléphonie mobile qui constituent des moyens de communication indispensables en période d’insécurité ; c) le vol du bétail qui représente le moyen de thésaurisation privilégiée des populations rurales, d) le paiement obligatoire d’impôts et diverses formes de taxes.
Devant ce drame humain sans précédent que vivent nos populations dans cette zone, nous sommes en droit de nous demander pourquoi ce silence de nos autorités ?
Tout en reconnaissant les efforts fournis par l’Etat, notamment à l’occasion du déplacement des populations de Fantio, de Kolman etc.. , à notre corps défendant force est de constater que le mal gagne du terrain, pour preuve la dernière situation de Téguey où les terroristes ont sommé la population de quitter leur village dans un délai de 48 heures et l’occupation permanente de la plus part des villages et campements de la zone.
Face à cette situation dramatique, nous ressortissants des communes rurales du Gorouol et de Bankilaré :
1. Lançons un appel à toute les populations de la Commune du Gorouol et de Bankilaré, de se tenir prêtes pour défendre leurs terres, leurs biens et leurs dignité devant cette adversité qui leur est imposée, et que nous rendons responsables l’état du Niger et son gouvernement de tout ce qui adviendra;
2. Exprimons notre vive préoccupation et notre indignation devant le laxisme de l’état du Niger face à la situation sécuritaire qui prévaut dans la zone des trois frontières;
3. Exigeons la sécurisation de la zone des trois frontières;
4. Exigeons le retour des populations déplacées dans leur village respectifs dans un bref délai;
5. Exigeons la réouverture de toutes les écoles de la zone;
6. Exigeons le renforcement de la sécurité de la zone pour une meilleure défense du territoire;
7. Demandons la construction de deux ponts sur le Gorouol pour une meilleure circulation;
8. Demandons la réparation des antennes de la téléphonie mobile;
9. Demandons l’organiser un forum sur le dialogue et la paix entre les communautés de la zone concernée.
Fait à Niamey le 29/01/23
Les ressortissants