Monsieur le ministre, lors de votre passage devant les députés nationaux le 19 novembre dernier, vous avez expliqué que le Gouvernement avait fait beaucoup de concessions quant aux revendications du BEN SMES, qui n’a cependant toujours pas mis fin à ses mouvements de grève. Que comptez-vous faire alors pour trouver une solution à ce problème qui n’a que trop duré ?
A l’issue des échanges entre nos deux parties, j’ai personnellement demandé au BEN-SMES d’observer une trêve de six (06) mois afin de me permettre de reprendre le dossier en vue d’en appréhender les différentes implications. Cette trêve qui s’articule en deux périodes va consister, selon moi, pendant les deux (02) premiers mois, à faire des plaidoyers auprès des différents responsables des institutions de la République et d’autres personnes ressources, et pendant les quatre mois suivants, à plaider pour la finalisation des aspects techniques relatifs à l’adoption de la nouvelle grille.
Un comité de facilitation composé de six représentants, à raison de trois par partie, a été proposé au cours des différents échanges. Le BEN-SMES a accepté le principe et a même proposé ses représentants.
Je conduirai moi-même le Comité dans le cadre des plaidoyers à entreprendre auprès des plus hautes autorités de la République.
Lors de votre passage devant les députés, vous avez fait la révélation selon laquelle la loi n’autorise pas les médecins et tous les agents de santé assermentés, travaillant dans la Fonction Publique, à exercer dans le secteur privé de la santé. Qu’entendez-vous faire face à cette situation, monsieur le ministre ?
Je voudrais commencer par attirer l’attention sur le fait que le serment prêté par les agents de santé à la fin de leur formation n’a rien à voir avec le droit d’exercer dans le privé ou non.
L’exercice privé des professions dans le secteur de la Santé est régi par la loi N°98-016 du 15 juin 1998 et son décret d’application N°98-329/PRN/MSP du 19 novembre 1998 fixant ses modalités d’application. Cette loi dit, dans son article 6 entre autres, que »l’exercice de la profession de santé à titre privé est incompatible avec tout emploi de la Fonction Publique. Toutefois, l’exercice privé des professions de santé est compatible avec les fonctions de consultant, de chargé de cours, de vacataire et d’enseignant chercheur dans les facultés, les écoles et les centres hospitaliers. »
Toutes les autorisations délivrées par le Ministère de la Santé sont faites après examen technique à plusieurs niveaux, conformément à ces textes en vigueur, d’un dossier déposé par les postulants.
La loi prévoit des sanctions également. Ainsi dans son article 8, elle précise que : »les personnes physiques ou morales qui auront exercé sans autorisation seront punies d’une amende de 100 mille à 500 mille francs CFA. En cas de récidive, le tribunal pourra en outre priver l’intéressé du droit d’exercer pour une durée de cinq ans au plus. »
Au fil des années, les insuffisances de ces textes ont fait surface dont entre autres : Le manque de définition du secteur privé; la mauvaise appréciation des disciplines de Santé car la Loi ne précise pas toutes les disciplines de Santé (Spécialités médicales et Chirurgicales, Psychologie clinique, Génie biomédical, Soins obstétricaux, Sciences sociales, Sciences infirmières, Nutrition…); le rôle mal défini des Ordres de Santé concernés et leur collaboration; l’insuffisance des conditions d’exercice à titre privé des professionnels de santé, agents de l’Etat en activité; l’inexistence d’un cadre formel de partenariat entre secteurs public et privé de la Santé; l’insuffisance des sanctions administratives disciplinaires encourues par le délinquant professionnel de la Santé.
Afin de remédier à ces insuffisances, aux difficultés grandissantes auxquelles font face d’une part le Ministère de la Santé Publique quant à son droit de regard et de délivrance des autorisations pour l’exercice privé de Santé, et d’autre part les promoteurs privés eux-mêmes du fait de la non maîtrise des procédures à suivre, une révision des textes régissant l’exercice privé des professions de Santé est en cours. Les documents élaborés seront validés avant la fin de l’année et présentés à l’adoption en Conseil de ministres.
Monsieur le ministre, un autre défi sur lequel les responsables en charge du secteur de la Santé sont interpellés est celui non seulement de l’accès des populations à des soins de santé de qualité, mais aussi et surtout le problème de l’accueil des patients. En tant que médecin, quelles solutions envisagez-vous face à cette situation ?
Permettez-moi de recadrer cette question importante qui ne doit pas s’adresser à ma personne, mais à mon statut de premier responsable du secteur de la Santé. Ainsi, dans le but d’améliorer l’accès des populations à des soins de santé de qualité, mais aussi et surtout le problème de l’accueil des patients, dans le Plan de Développement Sanitaire (PDS), il y a des sous programmes dont celui de la couverture sanitaire qui prévoit de faire passer le taux de 47,88% à 60 % en 2021.
Il y a également eu des recrutements de ressources humaines en vue de renforcer les structures sanitaires.
Nous avons prévu dans le curricula des Ecoles de Santé d’insister sur l’éthique et la déontologie, et des modules de formation comme l’approche centrée sur le patient.
La question du personnel constitue aussi une autre préoccupation dans le secteur de la Santé. Y a-t-il l’espoir d’une reprise du recrutement des agents de la Santé après l’annulation du dernier concours suite aux irrégularités qui l’ont émaillé ?
Le secteur de la santé constitue une des plus grandes priorités du Programme de Renaissance acte 2 de Son Excellence Elhadji Issoufou Mahamadou, Président de la République, Chef de l’Etat. Cela a été réitéré par Son Excellence Brigi Rafini, Premier ministre, Chef de Gouvernement dans la DPG.
Au niveau du ministère, nous disposons d’un Plan de Développement des Ressources Humaines 2011-2020 qui s’articule autour des axes stratégiques qui portent sur l’organisation de la fonction de gestion des ressources humaines pour la Santé; la gestion des recrutements et des affectations; la gestion des carrières ; le renforcement de la formation initiale et continue des ressources humaines pour la Santé; l’incitation à la performance des ressources humaines
Avec la libéralisation du secteur de la formation professionnelle, il y a de plus en plus d’écoles privées qui forment aux métiers de la Santé. Est-ce que le Ministère de la Santé Publique a un droit de regard sur la formation dispensée aux étudiants de ces écoles destinés à devenir des agents de Santé ?
Le Ministère de la Santé Publique est partie prenante dans la création et l’ouverture des écoles et instituts privés à travers l’avis technique qu’il donne à la demande du Ministère des Enseignements Professionnels et Techniques, en fonction du niveau des filières à ouvrir par l’école. Mais depuis 2002, date de création et d’ouverture des toutes premières écoles privées de Santé, l’on a assisté à l’apparition de plusieurs difficultés dont les principales sont: Certains programmes ne sont pas appliqués dans leur intégrité; le volume horaire pour un même module diffère d’une école à l’autre; les effectifs sont pléthoriques dans les classes; les terrains de stage sont saturés; l’absence de contrôle pédagogique des écoles; chaque école organise ses examens de fin de cycle.
Pour y remédier, le Ministère de la Santé Publique a impulsé des réformes afin que les programmes répondent aux besoins de santé de la population; qu’ils tiennent compte de la politique sectorielle de santé, et que l’élaboration des programmes tiennent compte des compétences attendues.
C’est ainsi qu’un chantier d’harmonisation des programmes a été entrepris. Cette harmonisation vise les objectifs suivants: satisfaire aux critères d’intégration sous régionale (OOAS) ; former des ressources humaines de qualité et compétitives sur la scène internationale; harmoniser les programmes de formation; assurer un contrôle pédagogique des écoles; instituer un système d’accréditation des écoles; organiser un examen unique de certification.
Aussi, l’harmonisation des programmes basée sur l’Approche Par Compétence (APC) a débuté en octobre 2008 et a été effective dans les écoles et instituts publics et privés de formation en Santé, conformément aux conclusions issues de l’atelier sur l’harmonisation des programmes de formation tenue en juin 2008 à Kollo.
Le Ministère de la Santé Publique
s’attèle ainsi, à la fin de chaque année académique, à l’organisation de l’Examen Unique de Certification en Santé. Cette année 2016 a coïncidé avec la 6ème édition.
Une Commission Nationale d’Organisation de l’Examen Unique de Certification en Santé organise cet examen. Elle comprend 1 commission nationale présidée par le secrétaire général du Ministère de la Santé Publique et 8 commissions régionales présidées par les directeurs régionaux de la Santé Publique.
Un comité technique chargé d’élaborer les épreuves théoriques et pratiques, présidé par la directrice de Cabinet appuie la commission nationale dans l’organisation technique et matérielle de l’examen.
Cette année, nous organisons la 6ème session. Un effectif de 2 633 étudiants est concerné, contre 1921 en 2015, soit une progression de 37%.
Le Niger dispose pourtant, à cette date, 24 écoles et instituts de formation en Santé, répartis dans toutes les régions du pays.
En moyenne, 2.000 agents sont diplômés à l’issue de chaque session. La
Direction des Ressources Humaines assure la supervision formative au moins une fois par an, de l’ensemble des écoles publiques et privées de formation en Santé. L’Inspection Générale des Services assure également l’inspection de ces établissements.
Réalisée par Souley Moutari(onep)
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