Invité

Dr Moussa Hamidou Talibi: «Dans la conception de la personnalité en Afrique, l’individu ne se réalise pas comme projet d’être individuel.

Talibi
Titulaire d’une thèse d’habilitation à diriger des travaux de Dr Moussa Hamidou Talibi enseigne la Philosophie à l’Université Abdou Moumouni de Niamey depuis 1996. Il vient de publier  »PERSPECTIVES AFRICAINES D’UN NOUVEL HUMANISME », dont la présentation a eu lieu le 04 mai 2016 à la médiathèque du Centre Culturel Franco Nigérien de Niamey. Dans cette interview, le journaliste Souley Moutari aborde, avec l’auteur, les contours de son œuvre et le rôle des intellectuels africains relativement à la problématique de l’émancipation humaine.


Dr Moussa Hamidou Talibi, vous êtes surtout connu à l’Université de Niamey pour vos enseignements sur la philosophie moderne et contemporaine à laquelle vous avez consacré des travaux de troisième cycle. Après une thèse d’habilitation sur l’œuvre de Boubou Hama, vous publiez maintenant  »PERSPECTIVES AFRICAINES D’UN NOUVEL HUMANISME ».

Est-ce là une volonté de prendre vos distances vis-à-vis de la philosophie occidentale, dans sa démarche européocentriste ?
Votre question m’amène d’une certaine façon à repréciser les deux orientations qui ont déterminé mes activités de recherches depuis les années 2000. Après cette thèse de 3ème cycle sur la  »théorie de l’agir communicationnel » de Jürgen Habermas, je me suis engagé d’abord dans les questions ayant trait à la mondialisation, et concomitamment je m’intéressais aussi aux savoirs endogènes, notamment les savoirs produits par nos populations en Afrique, ce qu’on appelle généralement les savoirs locaux. Ces deux orientations m’ont amené à intégrer deux laboratoires de recherches au plan-régional.

Le 1er laboratoire, c’est celui des études et des recherches philosophiques et sociales sur l’Afrique contemporaine et le monde de la formation doctorale philosophie et rationalité de l’école doctorale, études sur l’Homme et la société qui est un laboratoire dirigé par feu Pr Sémou Pathé Guèye qui m’a encadré pour la thèse de 3ème cycle. Après cette thèse, j’ai intégré son laboratoire qui se préoccupait justement de la signification de la mondialisation et de ce que cela implique pour l’Afrique. Ensuite, un 2ème laboratoire qui parle de savoirs contemporains sur les pratiques et théories de développement, du professeur Cyril Koné de l’université de Ouagadougou.

Dans le cadre de ce laboratoire, nous nous préoccupons de paix civile et de réconciliation, au plan humain. En outre, au Niger j’ai également intégré 2 groupes pluridisciplinaires de recherches au niveau de l’Université Abdou Moumouni, dont le 1er est le groupe littérature genre et développement, visions et perspectives du Niger, et le 2nd le groupe universitaire de recherche sur le cousinage à plaisanterie. Donc, au plan des laboratoires, je traite des questions de mondialisation, et au plan des groupes de recherche je traite des questions de savoirs endogènes. Ce sont deux perspectives différentes, mais à mon niveau, il y a eu la nécessité de faire la jonction entre ces deux perspectives. Mes réflexions se sont orientées autant sur les questions de mondialisation, que sur les questions des savoirs endogènes.

Et là où ça devient intéressant, c’est que j’ai inséré ces deux perspectives dans la problématique de la mondialisation! A travers les colloques auxquels j’ai participé, les travaux des deux laboratoires de recherche auxquels j’ai participé, nous nous sommes rendus compte que du point de vue du phénomène de la mondialisation qui correspond à ce qu’on appelle la globalisation, qui fait que le monde est devenu un village planétaire grâce aux progrès de la science, grâce aux progrès de la communication, le monde apparait comme un village. Comme dans un village où tout le monde se connait, tout ce qui se passe dans un coin du monde est relayé tout de suite dans un autre coin du monde.

Mais le problème c’est que, s’il est vrai que grâce aux moyens techniques qu’offre la science, nous sommes arrivés à contracter le temps et l’espace, nous n’avons pas résolu les problèmes de l’humanité, et au contraire, la mondialisation est un processus fondamentalement déterminé par la rationalité occidentale qui s’effectue selon deux paramètres que nous avons identifiés. Il y a le développement et l’expansion de la science et de la technique, ce qui permet la maitrise du monde, la maitrise de la nature. Cela nous rappelle un peu le projet cartésien qui voudrait que l’Homme soit maitre et possesseur de la nature par les sciences et la technique. Donc, le pouvoir que nous avons nous a permis de développer les sciences et ça a rapproché les peuples, mais en même temps, la mondialisation est un phénomène qui se caractérise par l’expansion du capitalisme.


Jusque dans les années 90, il était question d’impérialisme, et quand on parle de capitalisme au plan international, on voit la lecture marxiste qui voudrait que le capitalisme s’affirme comme impérialisme. Mais depuis la chute du mur de Berlin, qui a sonné le glas de l’opposition entre l’Est et l’Ouest, entre le capitalisme et le communisme, beaucoup de penseurs ont vu que l’évolution du monde est désormais déterminée par le seul capitalisme. Ce qui n’est pas faux ! Et cela a amené un auteur comme Francis Fukuyama à sortir un livre en 1992 pour donner une intelligibilité de ce qui venait de se passer dans le monde en disant que nous vivons la fin de l’histoire.


Et cette fin de l’histoire correspond à la fin de l’hégémonie de la démocratie libérale sur toutes les autres idéologies, à commencer par l’idéologie capitaliste. Mais en 1996, un autre américain a sorti un ouvrage pour attirer l’attention sur le fait que contrairement à ce que pense Francis Fukuyama, le monde n’est pas totalement livré au libéralisme économique, parce que dans les autres pôles, il y a l’émergence et l’expansion d’autres civilisations, tel que l’Islam, telle que la volonté de la Chine populaire de jouer un rôle, ce qui l’a amenée en 1996 à parler de choc de civilisation. Donc, d’un côté on nous fait comprendre que la mondialisation correspond à la fin de l’histoire, où la seule idéologie capable de fonctionner c’est le libéralisme économique, et de l’autre côté on nous dit qu’en réalité nous sommes entrés dans une autre phase de l’évolution du monde, où désormais ce sont les civilisations qui vont s’affronter. Alors, ma problématique se situe entre ces deux thèses.

Et la thèse que je soutiens, plutôt qu’il y ait affrontement ou choc de civilisations, la mondialisation offre des opportunités pour que l’ensemble des civilisations du monde convergent vers ce que j’ai appelé justement une rationalité construite à partir des autres rationalités. Parce que chaque civilisation, et ça, c’est une thèse forte que je soutiens, est porteuse de rationalité. Il n’y a pas que la rationalité occidentale. Vous avez une rationalité qui émane de l’Asie, une qui émane de l’Orient, une qui émane de l’Afrique.


Donc, l’Occident seul ne peut imposer ses visions, ses valeurs au reste du monde, puisque le reste du monde a les mêmes prétentions à l’universalisme. Alors, et c’est là où je rejoins un peu la théorie de l’agir communicationnel: L’universel, ce n’est pas quelque chose que l’Occident va proposer au monde, c’est ce que l’ensemble des habitants de la Planète vont concevoir comme universel, à travers justement le dialogue interculturel, le dialogue inter-civilisationnel, pour qu’à l’issue, ce dialogue soit considéré comme la rencontre des rationalités, et le résultat va être la convergence des rationalités qui va nous permettre de dire à partir de ces discussions qui peuvent se faire dans différentes sphères de la vie, comment le monde doit être, avec quelles normes on peut vivre, quelles sont les normes consensuelles qui nous permettent d’éviter le choc ces civilisations. Cela parce que tout simplement chaque peuple voudrait être reconnu comme peuple. Or si l’occident dit, c’est moi qui ai le monopole de l’universalité, ma vision des droits de l’Homme, ma vision de la démocratie, ma vision de la morale, c’est ça qui compte, ça ne peut pas aller.

Dr, là vous critiquez un peu la prétention occidentale à l’universel ?
Ce n’est pas que je critique un peu, mais j’accompagne la critique des philosophes occidentaux de portée philosophique incontestable, tels que Hegel, Marx, Adorno, Horkheimer, Habermas, qui soutiennent d’une manière ou d’une autre que l’évolution de la rationalité occidentale, ce qu’ils ont appelé  »le logos » occidental, s’est effectuée de façon unilatérale. Et l’école de Francfort, à travers Horkheimer, Adorno parle de  »raison instrumentale », plutôt que de raison capable de sauver le monde, de raison émancipatrice. Ils parlent d’une raison instrumentale qui est en œuvre dans le droit, dans l’économie, dans les relations internationales, parce que cette rationalité est déterminée par la volonté hégémonique de dominer.


Et c’est à côté de cette rationalité que Habermas propose la rationalité communicationnelle qui vise à ce qu’on mette en avant les valeurs, ce qu’il faut appeler sens du monde, plutôt que de considérer que le monde est réglé selon la rentabilité économique, l’efficacité de la science, le capitalisme. De ce point de vue, le capitalisme ne résout pas les problèmes de l’humanité. Et nous sommes tous d’accord aujourd’hui QUE du point de vue de la réalité, nous avons suffisamment de ressources pour la consommation mondiale. Mais de la manière dont ces ressources sont réparties dans le monde, il y a un clivage entre le Nord et le Sud, et au sein des Etats. Et ce sont les tensions que nous avons dans les sociétés qui nous montrent qu’il y a des inégalités qui sont accentuées par cette volonté rationaliste instrumentale qui empêche le monde de vivre le village planétaire, comme un monde égalitaire.

Au-delà de cette critique quelque peu pessimiste, y a-t-il des raisons d’espérer quant à l’émancipation humaine dans ce monde ?
C’est justement à ce niveau que mon ouvrage traite dans la 2ème partie de l’humanisme africain qui, à la différence de l’occidental qui met en avant l’individu et ce que l’individu peut être du point de vue du capital, met en avant la personne humaine et les relations qui déterminent la personne humaine.
Dans la conception de la personnalité en Afrique, l’individu ne se réalise pas comme projet d’être individuel.

L’individu apparait comme un programme de la société, ne s’appartient pas en tant qu’individu ; l’individu appartient à la communauté, et, en mettant en avant la communauté, on essaie en même temps de montrer que l’Homme, quelle que soit sa capacité, doit tenir compte de son alter ego. L’humanisme africain met en avant l’intersubjectivité, cette intersubjectivité que Habermas a cherchée dans la conception de la philosophie occidentale. Et lui-même, dans un de ses ouvrages,  »Le discours philosophique de la modernité », il montre que plutôt que l’intersubjectivité, ce qui a été mis en avant en occident depuis le début de la modernité, c’est  » la philosophie du sujet ».


 »La philosophie du sujet » qui voudrait qu’un sujet pensant, un sujet moral, considère le monde comme son domaine, le monde comme quelque chose qu’il faut dominer. Or dans cette visée, le sujet ne fait pas que dominer le monde, le sujet prend d’autres sujets comme des objets de domination. Et dans le cadre du capitalisme, c’est ce qu’on appelle la réification. Quand l’autre est considéré comme un moyen d’arriver à une fin. C’est comme si vous chosifiez la personne. Or dans le capitalisme, il y a une chosification, cela apparait dans la publicité, ou dans le cadre de la propagande politique, quand on vise autre chose que la personne. On ne considère pas la personne comme fin, mais comme moyen d’arriver à ses fins.
C’est dans ce sens qu’en parlant de besoin d’une  »convergence des rationalités jusque-là plurielles »,

vous parlez de la nécessité de la présence de l’Afrique dans ce débat ?
La demande de la présence de l’Afrique nous est rappelée par les témoignages des occidentaux eux-mêmes. Quand ils visitent l’Afrique, ils voient cette valeur humaine qu’ils ont perdue. Ils voient l’humanisme africain qui est vécu au niveau sociétal, qui est vécu au niveau culturel et qui constitue un paravent par rapport aux tensions politiques. Si je vous parle de cousinage à plaisanterie chez nous, si je vous parle de mariage intercommunautaire, si je vous parle de satire populaire, si je vous parle du médiateur traditionnel, ce sont autant de facteurs humains que l’occident a perdus du fait justement des visées positivistes qui consistent à écarter les valeurs, à écarter ce qu’on appelle le social, pour ne tenir compte que de ce que l’individu vaut. Alors cet humanisme là, qui est sous-jacent à notre culture, peut non seulement servir l’Afrique, mais aussi servir le monde, puisque le monde est dans le besoin. Aujourd’hui, dans le monde, ce qu’il y a, la réalité, c’est la violence, l’inhumanité, la guerre, les conflits présents, ou latents ou ouverts.


La paix c’est toujours quelque chose qu’on cherche, et qui se ravit ou qui se soustrait à notre désir. On peut avoir la paix aujourd’hui, mais elle peut être remise en cause le lendemain. Donc, comment arriver à une paix durable ? C’est pour cela que je parle de dialogue interculturel, de dialogue intercivilisationnel à travers la possibilité qui est donnée à chaque civilisation de montrer la rationalité qui est inhérente à ces données civilisationnelles.


Quand je discute avec un religieux, par exemple un musulman, un chrétien, je lui dis, mets toi dans la perspective que tu t’adresses à un être humain, que tu dois convaincre de la pertinence d’obéir ou d’accepter les règles de ta religion, que la personne l’accepte. Tu dois convaincre de la pertinence d’obéir ou d’accepter les dogmes de ta religion. Alors si tu arrives à expliquer le bien fondé des dogmes de l’Islam ou de la religion chrétienne d’un point de vue de la raison, c’est que tu montres la rationalité qui est inhérente justement à la religion, plutôt que de considérer que la religion est une affaire de foi. La religion est certes une question de foi, mais pour que cette foi puisse être intériorisée, il faut que la personne se laisse convaincre par cela. Et c’est ce que Kant appelle la  »religion dans les limites de la simple raison ».


Concernant le cas précis de l’Afrique, certaines critiques visent les intellectuels auxquels il est reproché leur démission du champ des débats relatifs aux grands enjeux contemporains. En tant que philosophe, que pensez-vous de ces genres de critiques ?
En réalité, quand vous lisez mon livre, vous allez vous rendre compte qu’il n’y a pas en tant que telle une démission des intellectuels, parce qu’il y a de la réflexion qui est menée au niveau universitaire. Mais, cette réflexion n’est pas connue du public. Et le projet du livre c’est de faire passer au niveau du grand public, tous ces débats intellectuels qui se font. Par exemple, j’ai discuté avec beaucoup d’intellectuels de la place de l’Afrique et de l’histoire de l’Afrique dans le monde, et de la responsabilité des Africains dans leur Histoire.


Et j’ai soutenu avec beaucoup d’auteurs tels que le philosophe gabonais ZUE N’Guema, spécialiste de Hegel, et qui aujourd’hui reprend les textes de Hegel pour dire que  » lorsqu’on dit que Hegel dit que les Africains ne sont pas entrés suffisamment dans l’histoire, est ce qu’on a suffisamment lu Hegel ? Est-ce qu’aujourd’hui Hegel n’a-t-il pas raison quand on voit les Africains toujours à la traine de la mondialisation? ». Par le passé, on disait que l’Afrique n’avait pas participé à l’histoire, que l’Afrique n’avait pas participé à la conception des grandes religions, que l’Afrique n’avait rien apporté au monde. Aujourd’hui, on dit pratiquement la même chose, lorsqu’on dit que l’Afrique est sous-développée, lorsqu’on dit que les Africains sont à la traine de la mondialisation. ZUE N’Guema dit : Est-ce que nous avons là tiré leçon de l’histoire ? Parce qu’on continue à dire que nous sommes les derniers.


On dit que nous sommes des pays en voie de développement, nous sommes des pays émergents, là où les autres sont développés. A ce niveau, il dit qu’il y a une question à se poser : quelle est la responsabilité des Africains ? Nous autres intellectuels africains, nous avons l’habitude de critiquer la colonisation, le néocolonialisme. Mais ce que moi, je dis, depuis la chute du mur de Berlin, nous n’avons plus d’idéologie, la seule idéologie qui fonctionne, c’est l’idéologie capitaliste. Et on ne parle plus d’impérialisme, on parle de mondialisation. En réalité, la mondialisation, c’est l’autre nom du capitalisme, c’est l’autre nom de l’impérialisme, puisqu’on continue à nous dominer, mais de façon anonyme.

Lorsqu’on nous fait signer des politiques d’ajustement structurel, lorsqu’on nous oblige à négocier avec les institutions financières, lorsqu’on nous pose des conditionnalités, eh bien, on continue toujours à nous dominer. Donc la démission des intellectuels africains vient, de mon point de vue, au niveau du rôle que chacun doit pouvoir jouer dans son domaine.


Sur le terrain politique, parce que tant que nous avons des problèmes sur le terrain politique, rien ne peut suivre. Nous sommes en train d’expérimenter la démocratie. Depuis la fin des années 90, les pays africains sont dans un processus démocratique. Mais ce qui est permanent, c’est toujours la volonté de remettre en cause ce processus, par des coups d’Etat, par des volontés de se maintenir au pouvoir en changeant les Constitutions et souvent avec la complicité des intellectuels. Pourquoi nous ne pouvons pas nous comporter comme tous les humains. Pourquoi ailleurs, les hommes se donnent la possibilité de respecter les lois qu’ils se sont données eux-mêmes. Pourquoi nous pensons que nous devons toujours changer les lois en fonction de nos intérêts? Le fond de la question est à ce niveau, et là intellectuels, hommes politiques, nous sommes tous responsables à des degrés différents.

Dr, une question beaucoup plus personnelle, vous dites assez souvent  »Un homme peut toujours faire quelque chose de ce qu’on a fait de lui ». Qu’est-ce que vous voulez dire à travers cette citation que vous aimez beaucoup ?
Je le dis très souvent aux étudiants,  »l’Homme peut toujours faire quelque chose de ce qu’on a fait de lui, de ce que l’histoire a fait de lui, de ce que les circonstances ont fait de lui ». L’homme est un être qui, dans son existence, est façonné par plusieurs déterminations.

Des déterminations historiques, des déterminations sociologiques, des déterminations psychologiques, il peut être d’une condition favorable d’une condition défavorable, mais il a toujours la possibilité de changer sa condition. Là je me situe un peu dans la perspective existentialiste qui dit que dans tous les cas, quelles que soient les déterminations, nous avons toujours une part de responsabilité dans ce que nous devons faire. Donc un homme peut toujours faire quelque chose de ce qu’on a fait de lui signifie simplement que vous pouvez toujours émerger quelles que soient les conditions dans lesquelles vous vivez. Il ne faut jamais chercher de prétexte pour ne pas avancer.
Souley Moutari(onep)
www.lesahel.org

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