Si vous entendez dire que quelqu’un a tout vu, cela est rarement positif. Dans la plupart des cas, cela voudrait dire que cette personne a connu ou vécu des déboires énormes. Dans le cas de Moundjo, il s’agit plutôt d’une situation d’impuissance dans laquelle il s’est retrouvé ; une situation qui a achevé d’empoisonner sa vie à jamais.
Pauvre Moundjo,moi-même qui suit son cousin et qui passe tout mon temps à lui souhaiter de ridicules malheurs, moi-même m’étais senti réellement mal à l’aise face à son calvaire.
Poullo comme je l’appelle, Moundjo était un chauffeur très expérimenté, très adroit. En 23 ans de conduite de véhicules en tout genre, jamais Moundjo n’a enregistré un accident.
A son calme légendaire, il faut y joindre une expérience forgée sur de longs parcours qui l’ont amené à faire plusieurs pays de la sous région. J’ai su que Moundjo était exemplaire quand une fois j’ai voyagé en sa compagnie de Niamey à Zinder.
J’ai passé tout mon temps à somnoler dans le véhicule, malgré les innombrables cassis qui jalonnent le tronçon. Moundjo, c’était réellement un expert au volant.
Un jour pourtant, revenant d’un voyage nocturne qui l’a conduit à Ouagadougou au Burkina Faso, Moundjo avait fait une fausse manoeuvre et son véhicule s’était retrouvé dans un fossé au niveaud’un carrefour de la capitale.
Pas de grands dégâts sauf que le derrière de Mondjo devint désormais inutile. Au fait, Couz comme j’aime à l’appeler, avait enregistré un choc qui a endommagé sa colonne vertébrale. Conséquence, Mondjo a perdu le contrôle de ses membres inférieurs.
Désormais, mon cher cousin vit dans un fauteuil roulant d’où on ne l’extrait que quand il va se mettre au lit. Imaginez une personne qui a passé le plus clair de son temps a voyagé et qui se retrouve cloué dans un fauteuil ; quelle déchéance ; quel désastre psychologique ; voilà désormais la calvaire que vit Couz Moundjo dit Poullo.
Un jour, il était 11 heures ? Mondjoétait seul dans le salon, assis dans son fauteuil roulant. Il suivait la télévision qui constitue sa seule distraction. Sa femme et ses enfants étaient tous partis à l’école. C’était ainsi que sa vie était devenue désormais. Soudain, Mondjo entendit frapper à la porte. Il répondit et un homme étrange entra.
L’homme salua Mondjo avant de se mettre à circuler de chambre en chambre. Moundjo regardait l’homme inspecter la maison sans pouvoir réagir. L’homme éteignit la télévision et la rangea d’un côté. Sortit deux valises et tous les biens précieux de la maison.
En trois voyages, il emmena le tout au 4X4 qu’il avait stationné au dehors. Moundjo avait les larmes aux yeux, impuissant face à ce voleur incrédule qui vidait sa maison de ses biens les plus précieux.
Dans le quartier, personne ne se doutait de quelque chose du moment où on savait que Moundjo était tout le temps à la maison. Après son forfait, l’homme salua Moundjo, le remercia et disparut.
Quand la famille Mondjo revint à la maison, la désolation était grande. Pas de télévision, pas de valises qui contenaient tous les biens et bijoux précieux de madame Moundjo ; plusieurs objets de valeurs avait disparu. Au récit des faits, la famille était comme endeuillée.
Moundjo aura décidément tout vu dans la vie.
Madougouizé