Nous sommes à Abalak petite bourgade administrative de la région de Tahoua, endroit d’élevage par excellence où il fait bon vivre et se côtoient éleveurs agriculteurs, commerçants dans une ambiance bon enfant peuplée de peulhs bororo, targui, haoussa installés depuis la nuit des temps.
Comme nous l’avons dit tantôt, Abalak est un lieu d’élevage et où les petits ruminants sont exclusivement à la gente féminine. On ne peut être surpris de voir une seule femme posséder une cinquantaine voir une centaine de moutons et chèvres confondus qu’elles confient généralement à deux ou trois bergers peulh, lesquels regroupent pour 2,3, 4 femmes qu’ils conduisent aux différentes aires de pâturage.
Un travail très lucratif mais comportant ainsi des risques : vol d’animaux ou bien profitant d’un instant d’inattention, les animaux peuvent saccager un verger ou un champs.
Nous sommes au côté nord-est de la bourgade. A sa sortie se dresse un restaurant tenue par Mme Binta. Qui est Madame Binta ? C’est une femme belle teint claire, élancée et svelte fruit d’un mariage mixte, sa mère est peulh et son père est targui. Une femme qui pendant sa jeunesse a fait foi des ces lieux ou après récoltes, les jeunes se rencontrent pour célébrer le shoro ou démonstration de bravoure chez les peuhls.
Sûre de sa beauté Binta, pris le chemin de l’aventure. Après un séjour de trois mois àTahoua le chef-lieu de la région, elle mit le cap sur Niamey, la capital pour un troisième séjour d’une durée de près d’une année. Après quoi la belle dame se rendit à Abidjan(RCI), à Yaoundé, Douala au Cameroun et fini par Kano au Nigeria.
A la sueur de sa beauté, Binta gagna de l’argent. Beaucoup d’argent. L’ennemi de tous, l’ennemi le plus redouté l’attend impatiemment. En effet, avec l’âge, Binta la Belle « BB » pour les intimes, les dents rougies par la cigarette et l’alcool. Son jolie teint commença à pâlir, sa beauté à s’effriter, et les hommes à ne plus se retourner sur son passage. Ce qui est d’une grande inquiétude pour Binta la Belle.
Un jour alors elle décida de rentrer au bercail où elle ouvrit un restaurant.
Tous les soirs aux environs de 17h30-18h les bergers font rentrer ces petits ruminants confiés à eux. Et c’est ainsi qu’un bouc par égarement se trouva dans la cour de BB qui sans attendre l’attrapa le conduisit dans sa case paillotte qui tient office de cuisine ; elle l’égorgera et le dépeça.
Au même moment la nommée Zouéra légitime propriétaire du bouc se rendit compte qu’a l’arrivée il manque un animal. Et en plus depuis un certain, les animaux disparaissent régulièrement dans la ville, sans laisser de trace. Une situation qui inquiète les propriétaires. Les habitants hommes et femmes commencent à se poser des questions : qui est ce voleur ?
Les commentaires vont bon train. On soupçonne comme par hasard le boucher du coin. Non disent d’autres, il doit avoir un prédateur qui se sert de temps á autre. Zouera partit à la recherche de son bouc. Connaissant l’itinéraire des bergers elle refait le chemin en sens inverse, et passe de concession en concession en questionnant les voisins : avez –vous un bouc à la robe rouge tachetée de blanc ?
Partout la même réponse ;non nous n’avons pas vu votre bouc. De maison en maison, Zouéra arriva chez BB affairée dans sa cuisine elle n’entendit pas l’arrivée de zouéra qui á sa grande surprise vit du sang animal, puis une tète de bouc dans la pénombre. Elle comprit aussitôt.
Binta qui se retourna de sa besogne, vit Zouéra. Et comprit de part sa stupéfaction, qu’elle est la propriétaire du bouc. Habituée á être constamment sur ses gardes, vestiges des temps où elle demeura dans les lieux de haute délinquance, d’un bond Binta empoigna Zouéra, l’entraina dans la paillotte et avec son couteau elle assena 12 coups mortels.
La pauvre Zouera ne mit pas du temps à rendre l’âme. Binta tira le corps inerte de sa victime, qu’elle cacha derrière la case. Après le crépuscule Issa, l’époux de Zouéra, un vaillant cultivateur rentre à la maison, son attention fut attirée par l’absence de Zouera qui est femme bien éduquée. Elle attend toujours l’arrivée de son mari pour lui servir le foura en signe de bienvenu. Aussitôt Issa se mit à la recherche de son épouse bien aimée. Ses pas finissent par l’amener chez Binta la belle. Méfiante, elle pensa que Issa la soupçonne de la disparition de son épouse. Elle attaqua de nouveau avec le même couteau qui a arraché la vie à Zouera. Un coup, deux coup….Issa put la maitriser et se mit á crier au secours. Les voisins accoururent, et purent immobiliser Binta, laquelle sera remise á la gendarmerie où elle avouera son crime et le vol de 18 boucs et 8moutons.
Binta la Belle, sera jugée et condamnée à une peine de 20ans qu’elle ne purgera. Elle mourut après trois années passée au bagne.
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