Écouter les Choses plutôt que les Êtres
Suivant le précepte de Birago Diop, j’écoute << plus souvent les Choses que les Êtres >> J’entends l’appel de FévrierJ’entends le trot de l’ÉlectionDans le souffle des esprits,Dans l’effusion des cœurs,J’entends l’admonition des hommes, J’entends l’admonestation des femmes.
Février arrive à point. L’élection vient à point nommé.Le vingt-et-unième jour marquera la jonction entre le second mois de l’année et le second tour de l’élection présidentielle.
Ce n’est pas simple coïncidence pour ceux qui entendent le langage des choses .
Février tient son nom de » februare » (purifier). C’est le mois de la purification. C’est le mois le plus court. C’est un mois pressé, pressé de finir, c’est-à-dire de changer.
Dans toute élection, le renouvellement est en puissance . C’est une de ses qualités intrinsèques. La puissance immanente est elle-même principe de changement.
Instruit du symbolisme de février qui est purification, et de la puissance immanente de l’élection qui est changement, j’aborde notre politique.
Jamais politique nigérienne n’a été autant pervertie et souillée qu’au cours de ces dernières années. Le summum de l’impolitique a été atteint.
Détournée de son but : l’intérêt général, inféodée à des intérêts particuliers, entachée de mépris, d’irrévérences, de mensonges et de mauvaise foi, elle n’a cessé d’être un lieu de production de misère et de pauvreté.
C’est en vain qu’on chercherait dans notre histoire politique une période semblable où fabulation, calomnie et fourberie ont prospéré. Période de création de faux problèmes pour occulter les vrais, période de diversion, s’il en est.
Où a-t-on vu une loi autant violée et piétinée, une morale délibérément foulée aux pieds ?
Ceux qui entendent diviser pour régner se servent impunément de l’ethnie et de la race contre la cohésion sociale, contre l’unité nationale. Corruption et injustice font florès. Jamais le Niger n’a été si proche de la déliquescence.
Haro sur la gouvernance !
Le symbolisme de février incite à la purification et au changement.Purifier, c’est débarrasser la politique de l’injustice de la corruption et des maux connexes. Changer, c’est initier une nouvelle manière de conduire les affaires publiques.
Dès lors que le Niger est atteint dans son être et dans ses fondements, c’est l’instinct de conservation qui intime à tous, hommes et femmes, l’ordre de protéger le cadre du vivre-ensemble, l’ordre de préserver l’espace de l’existence
Pour soi en tant que vivant, Pour soi et pour les autres en tant que citoyen,Pour soi et sa descendance en tant que géniteur, Pour tous, c’est-à-dire pour le pays, pour la République.
Les partis politiques sont en première ligne, mais les partis politiques sont des choses, des conglomérats mus par l’intérêt du moment.
Sont particulièrement concernés dans les partis, hors de partis, au-delà des partis, militants et militantes, citoyens et citoyennes, électeurs et électrices, c’est-à-dire l’homme (au sens générique) doté de jugement.
Or, du jugement, cet acte intellectuel qui s’exerce en vue de former une opinion, de connaître, qui discerne avant de décider, aucun homme n’est dépourvu.
En février, mois de purification et de changement, écoutons les choses plutôt que les êtres.
Ecouter ce qui a été ditEntendre ce qui a été faitEt dans cet ensemble de choses, Discerner, démêler le vrai du faux, le constant de l’inconstance, la vérité du mensonge.
Juger, construire une opinion claire et distincte, Choisisir ce qui sied à la patrie Souveraine et paisible.
Mais les hommes ?
Ils ne valent que par la patrie et pour la patrie.
L’homme est un chemin.Le chemin que chaque électeur muni de sa voix souveraine emprunte pour participer au rituel de purification nationale pour le changement.
L’homme est le chemin de la volonté de nos voix. On ne s’y engage qu’après ferme jugement. On ne s’y engage que s’il mène au Niger. En votant pour un homme, c’est le Niger qu’il faut avoir en vue.
Mais le chemin a deux voies.Laquelle emprunter ?
La voie de l’homme qui a franchi le Rubicon, la voie de l’homme qui est déjà venu, qui a déjà vu et a déjà vaincu.
Farmo M.