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François Hollande grimé en Hitler en une d’un journal marocain

alwatanholandLe président français figure en première page de l’hebdomadaire Al Watan Al An, affublé d’une moustache et d’une croix gammée. Le directeur de la publication «assume» et parle de «sonnette d’alarme».

Deux jours après la commémoration de la libération du camp nazi d’Auschwitz, le journal marocain Al Watan Al An n’hésite pas à faire référence au dictateur nazi Hitler pour tacler François Hollande. Sur la une de son édition datée du 29 janvier, l’hebdomadaire affiche un photomontage présentant le président français avec une moustache rappelant celle d’Hitler et un brassard orné d’une croix gammée. Le titre, traduit le magazine Tel Quel qui a repéré la une, n’est pas vraiment plus modéré: «Les Français vont-ils faire renaître les camps de concentration d’Hitler pour exterminer les musulmans?»

Avec cette couverture, l’hebdomadaire entend dénoncer l’attitude de la France vis-à-vis des citoyens musulmans. «Le gouvernement français n’assure pas la sécurité des citoyens musulmans en France», assure Abderrahim Ariri, directeur de la publication, interrogé par Tel Quel, affirmant que «plusieurs lieux de culte musulmans sont attaqués quotidiennement sans que cela n’alerte les autorités françaises». Le patron de l’hebdomadaire considère par ailleurs que «la gauche comme la droite française sont partis dans une compétition qui va causer le plus de tort à la communauté musulmane après ces attentats», en référence aux attaques à Charlie Hebdo et celles de Montrouge et de l’Hyper Cacher de Vincennes les 7, 8 et 9 janvier.

Sa critique est alimentée par la hausse d’actes anti-musulmans en France depuis les attentats. Le 19 janvier, l’Observatoire contre l’islamophobie en dénombrait 116 depuis le premier attentat, soit une augmentation de plus de 110% sur la totalité du mois de janvier 2014.
Passible de poursuites

L’hebdomadaire Al Watan Al An n’est pas un média de référence au Maroc. «Son tirage et son impact restent limités par rapport aux autres», explique Abderrahim Ariri à Francetvinfo. Auparavant journal régional de Casablanca, il est devenu en hebdomadaire en 2006. «Il n’hésite pas à prendre position, mais il n’est pas habitué des unes à scandale», indique le directeur de la publication au site d’actualité, qui «assume» néanmoins cette couverture. «C’est une sonnette d’alarme pour la classe politique, au Maroc et en France», assure-t-il au site d’actualité, évoquant «beaucoup de témoignages» indiquant une hausse de l’islamophobie en France.

Assumée ou pas, cette couverture pourrait entraîner des poursuites. Tel Quel évoque ainsi l’article 52 du Code de la presse marocain, selon lequel «l’offense commise publiquement envers la personne des chefs d’État et leur dignité (…) sera punie d’un emprisonnement d’un mois à un an et d’une amende de 10 000 à 100 000 dirhams ou de l’une de ces deux peines seulement». Ce choix éditorial ne devrait pas non plus aider à l’amélioration des relations franco-marocaines, dont les tensions régulières se sont encore accentuées ces derniers jours avec l’annulation d’une rencontre entre les ministres des Affaires étrangères des deux pays.

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