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Hamsatou Danté : Une grande dame de la culture nigérienne

De son vrai nom Mariama Danté, mais plus connue sous le nom de Hamsatou Danté, Hamsatou a beaucoup fait pour son quartier, ce qui lui a valu le surnom de  »Gna Zongo » ou maman de Zongo, et aussi pour son pays sur le plan culturel.

 

Agée de 74 ans, aujourd’hui affaiblie par la maladie, cette grande battante n’a pourtant rien perdu de sa verve quand il s’agit de parler de la culture en général, du chant, du ballet et de l’ensemble instrumental en particulier. Mère de 7 enfants et grand-mère de 6 petits-fils, Hamsatou Danté raconte avec nostalgie sa passion pour le chant et la musique et la façon dont elle en est arrivée là.

 

 

Hamsatou Danté précise toutefois qu’elle n’a pas hérité la chanson. Elle y a pris goût à son jeune âge, et a été initiée par une autre grande dame de la chanson, Hawa Zalay, sur notamment les chansons dédiées aux mariés appelées  »sanké-sanké » lors des cérémonies de mariage.

 

Hamsatou a fréquenté l’école jusqu’en classe de CM2 et a obtenu le Certificat de fin d’Etudes Primaires et Elémentaires (CEPE), ce qui l’a aidée à assimiler rapidement tout ce que lui apprend sa maîtresse de chant, Hawa Zalay.

 

 

Cette vocation pour la chanson va se concrétiser avec l’avènement de la  »Samaria » au temps de Seyni Kountché qui a redonné à la culture nigérienne toutes ses lettres de noblesse. C’est ainsi que l’ordre fut donné aux chefs de quartiers de Niamey par le maire de l’époque Djibo Habi, instruit par le Chef de l’Etat lui-même, de composer des chansons traditionnelles et ce, dans le cadre d’une compétition ouverte aux jeunes cantatrices de la capitale.

 

Aussi, le chef de quartier de Zongo fit appel à notre artiste pour représenter ledit quartier, afin de compétir avec onze autres filles d’autres quartiers. Le règlement pour cette compétition prévoyait des thèmes au choix et Hamsatou choisit de chanter une chanson sur le mariage qu’elle maîtrisait déjà bien, ce qui lui valut le premier prix.

 

Le premier pas étant franchi, elle est lancée et intègre de ce fait la  »Samaria » de son quartier. Hamsatou Danté, battante et grande travailleuse, va se faire connaître du public nigérien par le biais des différents festivals tournants organisés à travers le pays.

 

Et c’est ainsi que, lors d’une édition tenue à Dosso, la troupe de Niamey représentée par Zongo remporta le premier prix en ballet et obtint une coupe et une enveloppe de 50.000 FCFA. Par la suite, la troupe de Zongo, dirigée par cette dame de fer qui aime le travail bien fait, opta pour les ensembles instrumentaux dont elle gagna huit (8) fois de suite le premier prix accompagné d’une enveloppe de 50.000 FCFA.

 

Au nombre des titres primés, il y a :  »kayessi » ou  »bonne fête »,  » yangal timmé »,  »yalardua »,  »labo bon djara  » etc. Trois mois après chaque festival, les artistes étaient réunis dans un département donné pour suivre une formation de perfectionnement dans le but de bien préparer le prochain festival.

 

A la question de savoir comment elle compose des œuvres, Hamsatou Danté explique qu’elle se rend au fin fond des régions pour faire des recherches auprès des anciens dépositaires de la tradition et des répertoires populaires, pour se documenter et composer ses œuvres culturelles.

 

S’agissant des accoutrements, pour chaque œuvre composée, l’artiste Hamsatou Danté se base sur l’habit traditionnel du terroir dans lequel a été puiser le thème mis en exergue. De composition en composition, cette grande dame de la culture nigérienne a eu à présenter des ensembles instrumentaux relatifs à toutes les ethnies du pays.

 

Dans le cadre de ses activités culturelles, Hamsatou Danté indique avoir voyagé à travers le monde (Afrique, Asie et Europe). Elle nous confie que par rapport à la relève, elle est très bien assurée parce qu’elle a formé Alzouma Yacouba dit Denké Denké qui a son propre groupe ainsi que sa fille Fatouma dite Alhamdiya qui, à son tour, a été formée par Denké Denké et qui évolue dans l’orchestre  »les cigales du Sahel », ainsi qu’une de ses nièces qui est en même temps choriste et musicienne.

 

Pour ce qui est des distinctions honorifiques, Hamsatou Danté dit avoir été décorée par le Général Seyni Kountché et le Général Ali Chaïbou, pour services rendus à la Nation.

 

Elle a tenu à remercier beaucoup la Première Dame Dr Malika Issoufou qui lui a témoigné toute sa reconnaissance pour sa contribution au développement de la culture nigérienne.

 

Elle a voulu donner des conseils aux jeunes artistes qui, selon elle, doivent persévérer en multipliant les recherches sur le terrain auprès des anciens afin de créer de nouvelles œuvres pour faire avancer la culture nigérienne au lieu de se contenter de chanter les louanges de tel ou tel leader politique.

 

Elle déplore le fait que beaucoup d’artistes soient devenus comme des griots. Hamsatou Danté demande au gouvernement d’organiser des activités compétitives genre festival national afin d’amener les artistes à faire de nouvelles créations et ce, dans tous les domaines de la culture.

 

Ce qui, selon elle, permet à un pays de créer des industries culturelles dignes de ce nom et de se faire connaitre sur le plan international.

 

Zeïnabou Gaoh

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