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Hommage au premier coach du Onze national Mena : Hamidou Garba

L’information sur sa mort nous est tardivement parvenue. Hamidou Garba, premier entraîneur nigérien de l’équipe nationale de football du Niger s’en est allé le 23 février dernier à l’âge de 88 ans. Le père de Hassane Hamidou, ex international nigérien et homme orchestre du Sahel Sporting Club pendant de longues années, avait eu l’insigne honneur d’être le premier coach du onze national du Niger.  Après une carrière d’Instituteur et de formateur bien remplie avec notamment des passages à Birni N’Gaouré, Maradi, Tahoua et Zinder, il est mis à la disposition du ministère de la Jeunesse et des Sports en 1963, pour suivre une formation d’éducation physique.

Avec ses camarades Rabo Neïno Tazar, Diassé Boubacar, Seyni Djibey…, Hamidou Garba participe à la création de l’équipe de l’Amicale de Niamey, une association culturelle et sportive composée uniquement d’autochtones nigériens. Au sein de cette formation où il évolue comme demi-centre (milieu offensif dans le jargon actuel), il impose sa marque et se fait remarquer grâce notamment à ses qualités de meneur de jeu et de meneur d’hommes. Crampons rangés en 1963, il offrait sa prestigieuse image encore au football en arborant le costume d’entraîneur. Cadre du ministère de l’éducation nationale, il est alors mis à la disposition de celui de la jeunesse et des sports. L’année suivante, de retour de Dakar où il peaufinait sa formation d’entraîneur sportif, il devint alors, le premier entraîneur de football nigérien de l’histoire.

En 1964, par «un esprit patriotique», le Président Diori Hamani décide de «nigérienniser» l’équipe nationale qui était alors composée en grande partie de ressortissants des pays de l’AOF. L’entraîneur Hamidou Garba, qui secondait le sélectionneur hongrois de l’équipe nationale du Niger Lajos Szollar, participe à la mise en place de la toute nouvelle équipe nationale du Niger composée uniquement de joueurs nigériens, avec Yacouba Ousseini dit « Malin » comme capitaine. Ce duo d’entraîneur conduira la préparation de l’équipe du Niger aux phases éliminatoires des premiers Jeux Africains de Brazzaville 1965, qui se déroulaient à Lagos. En décembre 1964, l’Equipe Nationale typiquement nigérienne est officiellement présentée et 12 équipes, appelées Secteurs, correspondant aux quartiers de Niamey furent mises sur pied. Dans ce processus, Hamidou Garba, tout autant que Elh Riba Dan Madame, Soumana Marounfa, Soumana Cissé, auront  joué un rôle important. Il contribuera également, un an plus tard, à la promotion du championnat scolaire. Avec Florian Albert, coopérant français auprès du ministère des sports, ils étendent ce championnat, longtemps limité à la capitale Niamey, à l’échelle nationale.

Les années suivantes, ayant bénéficié de la confiance de tous les acteurs, Hamidou Garba crée les conditions d’une modernisation du football local. Il y insufflera une nouvelle dynamique. Un air de modernité soufflera sur l’équipe du Niger à travers des matchs amicaux internationaux, des regroupements réguliers ainsi que des stages de haut niveau comme celui de 1966 en France. Avec l’appui des autorités nigériennes dont notamment Djibrilla Hima, Commissaire à la jeunesse et au sport et vice-président du Conseil Supérieur du Sport Africain (CSSA), l’équipe nationale séjournera à l’Institut National du Sport de Paris (aujourd’hui INSEP) pour son premier stage de perfectionnement. Pour celui qui faisait du respect mutuel entre joueur une valeur cardinale et qui ne cessait de rétorquer «discipline librement consentie», le football était de l’art !

Vers la fin de l’année 1973, sifflet et chrono mis au placard, il devient Adjoint au Sous-préfet de Niamey. Il n’y restera que quelques mois, jusqu’au coup d’État militaire du 15 Avril 1974. Par la suite, retour à la passion. Plus timidement cette fois, il continua à se consacrer et à donner de son temps au sport nigérien avec un passage au Comité national Olympique en qualité de trésorier mais également en participant à l’organisation du Tour Cycliste du Niger jusqu’au début des années 1980.

Carrière administrative et sportive désormais derrière lui, l’homme qui a toujours préféré l’ombre à la lumière, caractérisé par une modestie et une humilité légendaire, se consacre à lui-même et aux siens. Retranché dans sa concession à Niamey, il partageait ses journées entre lecture, réception de visiteurs et promenades à pied, car il aimait bien la marche. L’entraîneur est parti comme il a vécu, sans faire de bruit laissant derrière lui des souvenirs inoubliables dans les annales du football nigérien.

Oumarou Moussa(onep)

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