Les négociations entre le Niger et les Emirats arabes unies qui souhaitent installer sur une base militaire dans ce pays sahélien d’Afrique de l’Ouest sont entrées dans leur phase finale.
Les discussions entre les Emiratis et les Nigériens ont été longues et difficiles, mais elles sont désormais sur le point d’aboutir. Plus que quelques détails à régler afin que dans les prochains mois l’armée émiratie installe une base militaire à la frontière nord du Niger qui jouxte l’Algérie et la Libye.
Le risque d’embrasement
Il s’agit d’une opération à hauts risques pour le président Isssoufou qui met ainsi un pied dans le bourbier libyen. Cette alliance avec « le parrain » essentiel de l’offensive d’Haftar contre le gouvernement libyen d’union nationale présidé par Fayez Sarraj et cautionné par l’On pourrait fragiliser la situation sécuritaire au Niger qui n’est déja pas brillante.
L’accord entre le Niger et les Emiratis témoigne à quel point la décision du maréchal Haftar de tenter une prise de pouvoir par la force en Libye pourrait embraser la région entière.
Le président du gouvernement libyen, Fayez Sarraj a déclaré, dans un entretien accordé à la chaîne Sky News, que les combats autour de Tripoli ont eu pour première conséquence, un regain certain de la force de Daech, avec le réveil de nombreuses cellules dormante.
La diplomatie du carnet de chèques
Le président nigérien Mahamadou Issoufou avait, au départ, marqué sa réticence à un accord avec les Emirats, arguant que son pays venait de refuser l’installation d’une base militaire à l’Italie. Rome voulait justement installer une base militaire dans le nord du Niger surtout pour combattre l’immigration clandestine vers l’Europe.
S’ils sont entrés dans la quête de l’installation d’une base militaire longtemps après l’Italie, les Emiratis semblent avoir trouvé des arguments plus décisifs : le carnet de chèques et les pressions diplomatiques, notamment l’aide de leurs alliés saoudiens très influents au Niger.
Haftar en ligne de mire
En fait, ce n’est pas tant le Niger ou la menace terroriste dans le Sahel qui intéressent les Emirats arabes unies qui, soit-dit en passant, n’ont pas de tradition militaire. L’obsession ce petit Etat de sept émirats répartis sur 83.600 km2, c’est la Libye. Prendre pied au nord du Niger, à un jet de pierre de la Libye, c’est pour les Emiratis être en mesure de soutenir massivement et plus facilement le maréchal Khalifa Haftar, leur allié dans le conflit qui oppose le chef de l’armée nationale libyenne au gouvernement d’union nationale de Fayez el-Sarraj.
Au-delà du soutien au maréchal Haftar, l’installation d’une base émiratie au Niger prolonge la rivalité entre, d’un côté, les Emirats arabes unies et leurs alliés saoudien et égyptien soutiens déclarés de l’armée nationale libyenne et de, l’autre côté, la Turquie et le Qatar, parrains du gouvernement d’union nationale d’el-Sarraj et des milices armées qui défendent Tripoli.
Une opération à hauts risques
Pour le Niger, l’arrivée d’une base militaire émiratie est une opération à hauts risques. En effet, plusieurs ressortissants nigériens sont déjà pris au piège de la guerre en Libye. Ils pourraient faire les frais d’une absence de neutralité de leur pays dans les affrontements qui opposent Haftar à el-Sarraj.
A quoi s’ajoutent les risques d’une nouvelle frustration des forces armées nigériennes déjà condamnées à cohabiter avec les bases militaires allemande, américaine et française.
Avec l’arrivée de l’armée émiratie, le Niger comptera donc 4 forces étrangères sur son sol sans que cela le mette forcément à l’abri d’attaques terroristes sur la frontière Ouest commune avec le Mali et le Burkina Faso ; sud-est qu’il partage avec le Nigeria.
Source Mondafrique