Interrogé pendant la conférence de presse vendredi à Paris, le ministre français des Finances et des Comptes publics a déclaré que le sujet n’est pas tabou.
Rediscuter des termes de l’accord de coopération monétaire qui lie les pays de la zone Franc à la France ?
Pourquoi pas. Michel Sapin, ministre des Finances et des Comptes publics de la France, a déclaré que son pays était disposé à s’exprimer sur cette question avec les pays membres de la zone Franc. « La France est entièrement ouverte à toutes les discussions. Tous les pays-membres de cette zone monétaire sont libres et indépendants, ils peuvent donc demander à rediscuter les accords monétaires qui les lient à la France.
Rien n’est figé ni tabou ». Réponse de Michel Sapin rapportée par le journal Afriki Presse. Le ministre français répondait ainsi aux interrogations des médias sur les enjeux pour les pays africains à rester dans la zone Franc. Selon l’article publié sur le site Internet du journal, Michel Sapin, a interpellé la responsabilité de chaque pays-membre de la zone Franc « de rediscuter les accords qui le lie à la France au plan monétaire, financier et économique ».
La conférence de presse présidée par Michel Sapin vendredi dernier à Paris clôturait ainsi la deuxième réunion semestrielle (après celle de Bamako, au Mali, en avril dernier) des ministres des Finances de la zone Franc dans la capitale française.
Le ministre des Finances et des Comptes publics de la France était accompagné de Alamine Ousmane Mey, ministre des Finances de la République du Cameroun, par ailleurs, président en exercice du Comité ministériel de l’Union monétaire de l’Afrique centrale (UMAC), de Lucas Abaga Nchama, gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC), de Bruno Bézard, directeur général de la Banque des finances publiques de France, de Christian Noyer de la Banque de France, de Tiémoko Meylet Koné de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et Mzé Abbou Chanfiou des Comores.
Rester ou partir de la Zone franc? Ce sera donc à chaque Etat de décider. La zone Franc comprend outre la France, 15 pays africains. Huit d’entre eux composent l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) : le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo. Six autres constituent la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) : le Cameroun, la Centrafrique, le Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale et le Tchad.
Dernièrement, plusieurs voix se sont élevées sur le continent pour critiquer le Franc CFA, une monnaie qui, pour certains économistes, plombe les économies des pays qui l’utilisent. Cette rencontre entre les ministres des Finances de la zone Franc, très attendue pour trancher sur le sujet, semble plutôt avoir relancé la balle dans le camp des Africains.
Résolutions
Cette année, l’incertitude sur la croissance mondiale, l’évolution du prix des matières premières à l’instar des hydrocarbures et la situation sécuritaire au Sahel et autour du Lac Tchad commandent plus de vigilance. Les ministres des Finances de la zone Franc « ont souligné la nécessité de poursuivre la mise en œuvre des réformes structurelles et des programmes de diversification des économies afin d’améliorer la résilience globale des économies et leur capacité à maintenir une trajectoire de croissance stable et forte sur le long terme », précise le communiqué de presse publié à l’issue de leur entrevue.
Les participants ont échangé sur des thèmes aussi variés que le climat, le marché des capitaux, la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Les participants se sont séparés en acceptant l’invitation des autorités camerounaises de tenir la prochaine réunion des ministres des Finances de la zone Franc à Yaoundé, au Cameroun, l’an prochain.