L’opposition dans son propre piège
Comme si le Gouvernement a bien compris le manège de son rival de premier rang, il a su lui couper l’herbe sous les pieds. En effet, depuis que le Ministre Marou Amadou a annoncé à la tribune de l’hémicycle que le gouvernement a l’intention de ‘’purifier’’ l’Assemblée nationale de bandit de grands chemin, spécialisés dans les détournements de fonds publics, l’ARN a dû revoir sa stratégie de lutte politique. Faut-il dire qu’au tout début de cette annonce, l’opposition ne semblait pas trop y croire, en tout cas, ses gr andes gueules n’avaient pas hésité à dire haut et fort qu’ils étaient prêts à lever quel que immunité de n’importe quel député pour que celui-ci s’explique devant la justice nigérienne. « Nous n’avons peur pas peur de la prison de Koutoukalé, ni celle de Niamey encore moins celle de Kollo » disait les députés membres du groupe parlementaire de l’ARN. Mais depuis que le gouvernement a joint l’acte à la parole en transmettant au bureau de l’Assemblée 8 demandes de levée d’immunité de députés dont 5 de l’opposition, le langage de Dame ARN a sensiblement changé. Non seulement, l’opposition dilué son exigence mais surtout elle tend à l’abandonner carrément au profit d’une autre affaire moins autodestructrice. Il s’agit de l’affaire du marché public illégalement attribué au député Oumarou Maïnassara qui est venue comme pour sauver l’opposition politique. Depuis lors, on fait semblant de presque oublié la levé de l’immunité en se contentant de la juger inopportune et injuste car visant « à condamner des vivants pour accompagner le cadavre de Zakaï » pour ainsi dire, c om m e aux tem ps des phar aons . Aujourd’hui, l’ARN ne fonde plus aucun espoir sur l’affaire des fausses factures qui risque fort bien de lui amputer 5 bras valide à l’Assemblée nationale. Se faisant, tout le combat juridique et politique ainsi que les déclarations tonitruantes sont dirigés droit sur la violation de la Constitution par 2 ministres qui siègent actuellement dans le Gouvernement. Ce qui est, de toutes évidences, un noble combat.
La défense de la loi fondamentale incombant à tous et à chacun. Sauf que même en politique, il faut défendre ou combattre des principes et non des individus et des intérêts. L’affaire des fausses factures a causé un tort important au Trésor national, il aurait été plus patriotique de poursuivre la lutte pour que justice soit faite. Mais changer son fusil d’épaule parce que les siens sont maintenant impliqués n’honore pas l’ARN qui ne pourra plus s’acquitter de son devoir de contrôle de l’action gouvernementale puisqu’il suffirait que le gouvernement mette en cause certains de ses membres pour obtenir son silence ou sa reddition. Pire, l’ARN risque d’enlever tout crédit à sa mission de contre-pouvoir.
Ibrahim YERO