Le drapeau noir des islamistes nigérians de Boko Haram, qui contrôle de plus en plus de territoires dans le nord-est du Nigeria, est visible depuis le Niger par delà la frontière, s’est alarmé lundi un maire de la région nigérienne de Diffa.
« On peut apercevoir le drapeau noir des jihadistes flotter de l’autre côté » de la frontière, a déclaré à l’AFP le maire de Diffa, Hankaraou Biri Kassoum joint au téléphone.
Boko Haram contrôle depuis début octobre Malam Fatori et Damasak, deux localités du nord-est du Nigeria très proches du Niger, conquises après de violents combats avec l’armée nigériane.
« Presque tous les villages, toutes les grandes villes du Nigeria proches du Niger sont à présent sous le contrôle de Boko Haram, nous vivons dans la peur d’éventuelles attaques des islamistes », s’est alarmé le maire de Diffa.
« La situation la plus préoccupante pour nous aujourd’hui c’est le Nigeria, c’est la situation de Boko Haram. A Diffa, j’ai fait deux ou trois tours pour essayer d’encourager nos hommes sur le terrain, nous sommes en opération à Diffa », a déclaré à la presse le ministre de la Défense Karidjo Mahamadou.
Le groupe islamiste a pris samedi le contrôle d’une base militaire près de Baga et de plusieurs localités voisines dans l’extrême nord-est du Nigeria, le long des rives du lac Tchad, à cheval entre le Nigeria, le Tchad et le Niger.
« Depuis novembre nous n’étions plus à ce poste-là, nous avons expliqué aux Nigérians que nous ne pouvons pas rester parce que nous n’avons pas envie de mettre la vie de nos militaires en danger », a poursuivi le ministre.
La proximité des positions de Boko Haram avec le Niger devient de plus en plus inquiétante pour les Nigériens.
« Un jour, ces gens vont vouloir nous attaquer ne serait-ce que pour jauger la capacité de notre armée », s’est inquiété le maire nigérien qui signale les « départs de nombreux jeunes (…) de plus en plus attirés par les offres de Boko Haram qui leur propose jusqu’à 300.000 FCFA par mois (environ 500 euros/mois) ».
Certains reviennent avec de l’argent pour « s’acheter des motos ou pour subvenir aux besoins de leur famille » et « cela tente d’autres encore », poursuit M. Kassoun.
« C’est très inquiétant quand on sait que ces jeunes connaissent bien la carte de toutes les localités », a-t-il ajouté.
Fin décembre, le gouvernement a annoncé la mise sur pied dans l’est du pays, de « la plus grande opération militaire jamais montée au Niger », baptisé « N’Gaa » pour « faire face à toute éventualité ».
AFP