ATLANTA (26 janvier 2022) – Seulement 14 cas humains de dracunculose (aussi connu sous le nom de la maladie du ver de Guinée) ont été recensés dans le monde en 2021, se rapprochant de l’objectif d’éradication mondiale, a annoncé mercredi le Centre Carter. Il s’agit du plus faible nombre annuel de cas jamais enregistré. De plus, les cas se sont produits dans seulement quatre pays. Lorsque le Centre Carter a pris la direction du Programme international d’éradication du ver de Guinée en 1986, environ 3,5 millions de cas humains étaient enregistrés chaque année, dans 21 pays d’Afrique et d’Asie.
Ces 14 cas marquent une baisse de 48 % par rapport aux 27 cas signalés en 2020. Les infections par le ver de Guinée chez les animaux ont diminué de 54 % en 2021, selon le Centre.
L’ancien président américain Jimmy Carter, qui a cofondé Le Centre Carter en 1982 avec son épouse, l’ancienne première dame Rosalynn Carter, s’est réjoui de la nouvelle.
« Rosalynn et moi sommes encouragés par l’engagement et la ténacité de nos partenaires et des citoyens dans les villages pour éradiquer le ver de Guinée », a-t-il déclaré. « Grâce à leur détermination, cette maladie redoutable sera éradiquée. Aujourd’hui, nous en sommes plus proches que jamais et je suis enthousiaste à l’idée de voir le travail terminé. »
Paige Alexander, PDG du Centre Carter a déclaré : « L’éradication est une réalité imminente. Avec notre soutien, les ministères de la santé ont mis en œuvre des interventions qui fonctionnent. En résulte une réduction quantifiable de la souffrance humaine et des infections animales. C’est la raison d’être de ce travail. Nous devons continuer à faire pression pour aller jusqu’au bout ».
Cette annonce a été faite lors d’un webinaire organisé par l’Organisation mondiale de la santé pour célébrer le premier anniversaire du lancement de la feuille de route sur les maladies tropicales négligée 2021-2030. Le webinaire précède la troisième Journée mondiale des maladies tropicales négligées, qui aura lieu ce dimanche 30 janvier.
Nombre de cas et d’infections par pays
En 2021, sept* cas humains de dracunculose ont été signalés au Tchad, soit une réduction spectaculaire de 42 % par rapport aux 12 cas de l’année précédente. Quatre* cas ont été signalés au Soudan du Sud, deux* au Mali et un* en Éthiopie. L’Angola et le Cameroun, qui avaient déclaré chacun un cas humain en 2020, n’en ont signalé aucun en 2021.
« Le ministère de la Santé du Tchad a fait des progrès importants en ce qui concerne les cas humains et animaux en 2021 », a déclaré Adam Weiss, directeur du programme d’éradication du ver de Guinée du Centre Carter. « Tout le monde au Tchad, des dirigeants nationaux aux bénévoles des villages, a fait preuve d’un engagement fort pour mener à bien les interventions et protéger tout le monde contre cette maladie. »
Quant aux infections par le ver de Guinée chez les animaux, le Tchad a signalé des infections chez 790 chiens et des 65 chats domestiques ; le Cameroun a signalé 10 chiens infectés le long de sa frontière avec une zone d’endémie au Tchad ; le Mali a signalé 16 chiens et un chat infectés ; l’Éthiopie a signalé deux chiens et un chat infectés. De manière significative, l’Éthiopie n’a trouvé aucune infection chez les babouins en 2021, contre quatre infectés en 2020. Les vers qui infectent les animaux sont de la même espèce (D. medinensis) que ceux qui infectent les humains ; par conséquent, l’éradication nécessite l’arrêt des infections dans les deux cas. Des informations détaillées sur les cas et les infections sont disponibles dans le dernier numéro de la publication conjointe CDC-OMS-Centre Carter, le Guinea Worm Wrap-Up. (*Tous les chiffres annuels sont considérés comme provisoires jusqu’à leur confirmation officielle, généralement en mars).
Des réductions malgré le coronavirus et l’insécurité
Ces fortes réductions sont particulièrement remarquables à la lumière de la pandémie de COVID-19 en cours et des problèmes de sécurité importants (coups d’État militaires, conflits civils, insurrections) dans certains pays endémiques. Si les agents de santé et les chercheurs internationaux sont essentiels à la réussite du programme, le leadership et le travail quotidien de sensibilisation et d’éducation de la communauté aux dangers du ver de Guinée, ainsi que la surveillance des infections, le filtrage de l’eau potable et la protection des sources d’eau contre la contamination, sont largement le fait des membres de la communauté et des familles. Ainsi, si les restrictions de voyage ont eu un impact, la campagne n’a pas été interrompue.
« Une grande partie des progrès que nous constatons est directement attribuable à ces communautés engagées qui embrassent l’idée de s’occuper de leur propre santé et qui agissent ensuite en fonction de cette idée », a déclaré le Dr Donald R. Hopkins, conseiller spécial du Centre Carter pour l’éradication du ver de Guinée. « Ajoutez à cet engagement les actes quotidiens de courage et de dévouement des agents de santé de première ligne et voilà les résultats. »
Les habitants des pays endémiques ont signalé des milliers de cas possibles de ver de Guinée. Les agents de santé ont rapidement investigué sur toutes ces suspicions, essentielles pour détecter les cas réels et les infections.
« La déclaration des rumeurs reste forte et correspond aux années précédentes », a déclaré le Dr Kashef Ijaz, vice-président des programmes de santé du Centre Carter. « C’est vraiment important car cela montre la force de la surveillance et prouve que la baisse des chiffres n’est pas une aberration. »
Le centre se concentre sur les maladies tropicales négligées (MTN)
L’OMS a élevé la Journée mondiale des maladies tropicales négligées au rang d’événement officiel sous la direction du directeur général, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus.
« Malgré la pandémie, ce nombre de cas historiquement bas montre ce qu’il est possible de réaliser grâce à l’engagement indéfectible des pays et des milliers de volontaires, ainsi que des partenaires qui travaillent sans relâche, souvent en terrain difficile », a déclaré le Dr Ren Minghui, sous-directeur général de l’OMS chargé de la couverture sanitaire universelle et des maladies transmissibles et non transmissibles. « Nous devons maintenir cet élan pour débarrasser le monde de cette maladie de la pauvreté qui touche de manière disproportionnée les femmes et les enfants. »
Depuis plus de 35 ans, le Centre Carter est un pionnier dans l’éradication, l’élimination et l’amélioration du contrôle de cinq MTN : la dracunculose, la filariose lymphatique, la cécité des rivières, le trachome et la schistosomiase, ainsi que l’intégration de la santé mentale et du paludisme.
Informations supplémentaires
À propos de la maladie du ver de Guinée
Les personnes qui ont contracté la maladie du ver de Guinée ont généralement consommé de l’eau contaminée par de minuscules crustacés (les copépodes) qui se nourrissent des larves du ver de Guinée (Dracunculus medinensis). Au bout d’un an environ, un ver femelle fécondé d’un mètre de long émerge lentement de la peau par une ampoule atrocement douloureuse, souvent sur les jambes ou les pieds. La personne qui en souffre peut chercher à se soulager en plongeant le membre affecté dans l’eau. Cependant, le contact avec l’eau stimule le ver émergent qui libère ses larves et le cycle recommence. La maladie du ver de Guinée handicape les personnes pendant des semaines ou des mois, réduisant leur capacité à prendre soin d’elles-mêmes, à travailler, à cultiver de la nourriture pour nourrir leur famille ou à aller à l’école.
Interventions contre le ver de Guinée et solide programme de recherche
Il n’existe aucun vaccin ni médicament. Cette ancienne maladie parasitaire ne peut donc être éradiquée que par des interventions communautaires visant à éduquer les gens et à modifier leur comportement.
Attacher les chiens pour les maintenir hors de l’eau et ne pas les laisser manger des entrailles de poisson potentiellement contaminées sont des facteurs clés pour améliorer les chiffres d’infection par le ver de Guinée chez les animaux, en particulier au Tchad et en Éthiopie. Les pêcheurs, les femmes sur les marchés et les consommateurs brûlent ou enterrent les entrailles de poisson pour empêcher les chiens de consommer les copépodes (puces d’eau) contaminés par le ver de Guinée que les entrailles pourraient contenir.
Parmi les autres interventions visant à interrompre la transmission, citons l’éducation sanitaire communautaire, l’utilisation de filtres (don de LifeStraw® de Vestergaard) pour l’eau de consommation, l’interdiction aux personnes et aux animaux porteurs du ver de Guinée de pénétrer dans les sources d’eau et l’utilisation ciblée du larvicide ABATE® (don de BASF) dans les sources d’eau stagnante (cf. le paragraphe « À propos de la maladie du ver de Guinée »). Pour renforcer la surveillance à ce stade critique de la campagne mondiale, tous les programmes nationaux offrent des récompenses en espèces pour le signalement de cas potentiels et d’infections animales.
Les scientifiques du Centre Carter et d’autres agences continuent à mener des recherches intensives et à tester de nouvelles interventions dans le but d’éradiquer la maladie. Le profilage génétique des vers pour aider à tracer les infections et les tests sérologiques développés par les centres américain pour le contrôle et la prévention des maladies (U.S. Centers for Disease Control and Prevention) sont deux autres nouveaux outils importants.
L’éradication, un défi monumental
L’éradication signifie qu’une maladie a été éliminée dans le monde entier, sans possibilité de retour. Les derniers cas sont extrêmement difficiles à traquer, ce qui exige de la persévérance, de l’ingéniosité et d’énormes sommes d’argent. Une seule maladie humaine a été éradiquée, la variole, en 1980. Pour qu’une maladie soit déclarée éradiquée, tous les pays du monde doivent être certifiés exempts d’infection humaine et animale, même les pays où la transmission n’a jamais eu lieu. À ce jour, l’OMS a certifié 199 pays exempts de la maladie du ver de Guinée. Seuls sept n’ont pas été certifiés, dont la République démocratique du Congo, où aucun cas n’a été signalé depuis 1958. Le Soudan et la RDC ont l’intention de soumettre leur dossier pour la certification en 2022. Après trois années consécutives de transmission indigène, l’Angola a été ajouté, en tant que 22e pays, à la liste des pays endémiques en 2020 ; toutefois, le pays n’a déclaré aucune infection, humaine ou animale, en 2021. Le Cameroun a été certifié par l’Organisation mondiale de la santé comme étant exempt de ver de Guinée en 2007 ; ce pays a signalé un cas en 2019 et un autre en 2020 (tous deux probablement importés du Tchad) mais il n’est pas endémique car il n’a pas connu trois années de transmission indigène.
Rôles des principaux partenaires
Le Centre Carter travaille en étroite collaboration avec les programmes nationaux, l’Organisation mondiale de la santé, les centres américains pour le contrôle et la prévention des maladies, l’UNICEF et de nombreux autres partenaires importants. Le Centre Carter fournit une assistance technique et financière aux programmes nationaux de lutte contre la maladie du ver de Guinée pour aider à interrompre la transmission. Pour les autres pays endémiques, lorsque la transmission est interrompue, le centre continue d’aider à la surveillance et à se préparer pour l’évaluation officielle par la Commission internationale pour la Certification de l’éradication de la dracunculose (Certification of Dracunculiasis Eradication, CDC) et la certification par l’OMS. L’OMS fournit également un soutien technique et financier pour améliorer la surveillance, en particulier dans les zones transfrontalières, y compris dans les pays qui ont déjà été certifiés, pour les aider à maintenir leur statut de pays exempt de ver de Guinée. Le CDC fournit une assistance technique et vérifie que les spécimens de vers sont bien des vers de Guinée.
La présence de la maladie du ver de Guinée dans une région indique généralement une pauvreté abjecte et le manque d’eau potable. Dans les pays concernés, L’UNICEF intervient principalement en aidant les gouvernements à fournir des sources d’eau potable, ce qui apporte d’autres avantages importants aux zones prioritaires identifiées par les programmes nationaux d’éradication de la maladie du ver de Guinée.
Partenariats
Par leur générosité, de nombreuses fondations, entreprises, gouvernements et particuliers ont rendu possible le travail d’éradication de la maladie du ver de Guinée. Citons le soutien important de la Fondation Bill & Melinda Gates, du Départment du développement international du Royaume-Uni (Foreign, Commonwealth & Development Office), de la Children’s Investment Fund Foundation et d’Alwaleed Philanthropies. Le soutien majeur de la Cour des princes héritiers d’Abu Dhabi, aux Émirats arabes unis, a commencé avec Son Altesse le Cheikh Zayed ben Sultan Al Nahyan et s’est poursuivi sous la direction de Son Altesse le Cheikh Khalifa ben Zayed Al Nahyan et de Son Altesse le prince héritier Mohamed ben Zayed Al Nahyan. BASF fait don du larvicide ABATE® (téméphos) depuis 1990 et LifeStraw® de Vestergaard fait don de filtres à pipes et de filtres ménagers en tissu depuis 1999. DuPont Corporation et Precision Fabrics Group ont fait don de tissus filtrants en nylon au début de la campagne.
Le Fonds pour l’éradication du ver de Guinée s’aligne sur un don généreux
John et Kathleen Schreiber, qui s’associent au Centre Carter à titre personnel et par le biais de leur fondation familiale, ont récemment fait un don de 2 millions de dollars pour l’éradication du ver de Guinée. Le Challenge Fund du Conseil d’administration du Centre Carter a donné la même somme car il s’aligne sur les dons de 100 000 dollars ou plus. Le Challenge Fund vise à collecter et à verser 20 millions de dollars de dons, soit un total de 40 millions de dollars, d’ici août 2022.
Lutter pour la paix. Combattre la maladie. Bâtir l’espoir.
Organisation non gouvernementale à but non lucratif, le Centre Carter a contribué à améliorer les conditions de vie dans plus de 80 pays en résolvant des conflits, en faisant progresser la démocratie, les droits de l’homme et les opportunités économiques, en prévenant les maladies et en améliorant les soins de santé mentale. Le Centre Carter a été fondé en 1982 par l’ancien président américain Jimmy Carter et l’ancienne première dame Rosalynn Carter, en partenariat avec l’Université Emory, afin de promouvoir la paix et la santé dans le monde.
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