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Lettre ouverte au PR : Hamani Harouna Président Assemblée Nationale?

Lettre ouverte au président de la République

Monsieur le Président,

 

Les mauvaises langues, toujours prêtes à verser dans la délation et le dénigrement, racontent que l’ancien ministre de l’Éducation et actuel député au titre de l’UDR Tabbat, l’honorable Hamani Harouna, aurait été reçu quelque part en haut lieu où il s’est vu proposer, ni plus ni moins, que la présidence de l’Assemblée nationale, en remplacement de Hama Amadou, en instance de crucifixion rose.

 

Hamani Harouna, qui n’est ni de la dernière pluie ni un béni-oui-oui, aurait demandé à réfléchir. Pourquoi le choix de Hamani Harouna ?

 

Bien entendu, la proposition n’enchante pas l’intéressé. Car, il sait que la subite générosité manifestée vis-à-vis de sa personne ne procède que de la pure manipulation. Il sait qu’elle ne sert ni ses intérêts personnels ni même ceux du pays.

 

Monsieur le Président, je ne sais pas si vous avez vu le film « Proposition indécente ». C’est un film qui montre les effets pervers de l’argent et du pouvoir sur un homme prêt à tout pour s’offrir les charmes d’une femme que tout lui défend pourtant de prendre.

 

 

Ce film est devenu le quotidien de certains Nigériens, et pas des moindres, tombés dans ce jeu pervers pour lequel ils consacrent plus d’efforts et de fortune que pour construire le Niger.

 

Le mercredi 12 février 2014, j’ai eu des inquiétudes que la température sociopolitique, déjà si élevée, ne soit montée d’un cran. En effet, j’ai suivi, comme à mes habitudes, le compte-rendu du conseil des ministres qui s’est tenu sous votre présidence effective.

 

Des mesures prises, j’ai remarqué un projet de loi organique portant régime électoral des membres de l’Assemblée nationale. J’avoue que ce projet m’a tout de suite intrigué et je me suis résolu, pour comprendre, à vous interpeller directement. Cela ne me gêne pas du tout que vous gardiez le silence.

Mon but, c’est de prendre à témoin la communauté nationale nigérienne, où qu’elle se trouve, sur un fait : vous ne direz pas, demain, qu’on vous a laissé dans l’ignorance de la réalité et qu’au contraire, on vous a bercé d’illusions. Bref, en écoutant le compte-rendu du conseil des ministres, je me suis interrogé sur la motivation réelle de ce projet de loi organique.

 

 

Et comme vous savez, je n’ai pas pu attendre d’apprécier le contenu de ce projet de loi organique pour chercher à comprendre. Voici mes réflexions que je pense utiles pour vous. Je ne fais pas de procès d’intention. Ma démarche vise simplement à vous éviter de tomber dans un cul de sac.

 

 

Monsieur le Président, dans deux mois, vous aurez trois ans à la tête de l’État. Il ne vous restera plus que deux années avant de remettre en jeu votre fauteuil. Il n’en restera pas plus pour l’Assemblée nationale.

Le mieux pour le Niger, c’est de souffrir le statu quo, d’arrêter la chienlit politique actuelle et d’envisager dans la sérénité les échéances électorales à venir.

 

J’ai écouté beaucoup de compatriotes qui pensent qu’avec ce projet de loi organique qui tombe comme un cheveu dans la soupe, il y a de gros risques que le gouvernement ne marche sur des oeufs.

 

Pourquoi le gouvernement se soucie-t-il de soumettre aujourd’hui au parlement un projet de loi organique portant régime électoral des membres de l’Assemblée nationale ?

À quelles fins utiles pour la démocratie et l’état de droit au Niger ? L’inquiétude de ces compatriotes, c’est que la constitution nigérienne que vous vous êtes engagé à respecter et à faire respecter, la main sur le Saint Coran, a déjà balisé ce terrain-là.

L’article 89 de ladite constitution est claire comme de l’eau de roche. Il stipule que «Le président de l’Assemblée nationale est élu pour la durée dela législature et les autres membres pour un an conformément au Règlement intérieur de l’Assemblée nationale … ».

Pour écourter ce mandat, seules deux voies sont offertes : premièrement, une modification de l’article 89 de la Constitution qui ne peut être acquise qu’avec 4/5 des voix, ce qui suppose de disposer du soutien ferme de 90 députés.

 

Deuxièmement, organiser un référendum sur la question. La première option est assez difficile pour la simple raison que malgré tout ce qui se raconte au sujet de l’Assemblée — ce qui n’est pas totalement faux — elle regorge encore d’hommes et de femmes de valeur qui refusent obstinément de franchir certaines limites à la fois indécentes et préjudiciables au Niger et à son peuple qu’ils représentent.

 

La honteuse politique du portefeuille que dénonce l’opposition politique n’a pas eu d’emprise sur ces hommes et ces femmes que l’on compte dans tous les groupes parlementaires, y compris celui du Pnds Tareyya où certains

ne comprennent pas cet acharnement à faire partir le président de l’Assemblée nationale à partir du moment où le vote du 9 novembre 2013 vous a donné entière satisfaction quant à la majorité nécessaire pour conduire à bon port votre programme.

Ils ne comprennent pas qu’ils soient réduits à un jeu sans lendemain, ni pour le Pnds, ni pour le Niger ?

La seconde option, celle du référendum, n’est pas moins difficile.

 

Au contraire ! Non seulement, on n’est jamais sûr de le remporter, mais vos compatriotes ne comprendront jamais la tenue d’un référendum sur un sujet aussi personnel que le départ de Hama Amadou de la présidence de l’Assemblée nationale, surtout lorsqu’on sait que nous sommes à deux ans d’élections générales.

 

Dans l’un comme dans l’autre cas, la sagesse vous commande d’accepter les

choses telles qu’elles sont d’autant plus que personne ne cherche à vous faire partir de là où vous êtes avant le terme de votre mandat. Soyez démocrate jusqu’au bout et respectez la volonté divine contre laquelle, de toute façon, personne ne peut rien.

 

Ni vous ni quelqu’un d’autre. En un mot, la constitution n’offre pas une seule autre voie pour faire partir Hama Amadou de la présidence de l’Assemblée nationale. Si, pourtant, dans la mesure où la dissolution de l’Assemblée est une arme ultime dont vous pouvez disposer à votre guise. Cette arme est un couteau à double tranchant pour vous.

 

Pourquoi, vous demanderez-vous ? Eh bien, parce que votre gouvernance a été aux antipodes des attentes des Nigériens. Je ne lance pas des mots en l’air, uniquement pour dénigrer ou détruire.

 

Je parle de constats faits. Il en est ainsi des chiffres sur l’éducation que vous avez personnellement cités en termes de réalisations et dont j’ai eu à vous démontrer la fausseté dans une lettre précédente.

Ne continuez pas à vous laisser tirer vers le bas. Réagissez, monsieur le Président, pour arrêter cette dégringolade. Vous en avez encore la capacité et les moyens.

 

Je vous prie de ne pas vous laisser embarquer dans une voie facile mais sans issue. Car, sauf à violer la Loi fondamentale, une loi organique n’a pas la force de droit nécessaire pour supplanter la constitution. Une constitution qui, je le répète, est claire sur cette question : le président de l’Assemblée nationale est élu pour la durée de la législature.

 

Voilà, je pense avoir rempli mon devoir de citoyen patriote soucieux de la stabilité politique et institutionnelle de mon pays en attirant votre attention de premier magistrat.

 

Cette stabilité politique et institutionnelle du Niger doit être préservée à tout prix. Or, ce qui s’est produit au domicile du président de l’Assemblée nationale, dans la nuit du dimanche 16 au lundi 17 février 2014, est tout simplement inquiétant. A la semaine prochaine, monsieur le Président.

Malami Boucar

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