Le boom de l’orpaillage dans le
Nord désertique du Niger, ancien foyer de rebellions armées constitue certes un
‘’bon lévrier de croissance de l’économie’’ mais il est aussi source de
problèmes écologiques, sanitaires, sécuritaires et de droits humains, selon un
rapport 2018 du Centre de Recherche Géologique et Minière (CRGM) cité par le
correspondant de l’ANP.
L’exploitation minière artisanale est incontestablement une activité
génératrice de revenus, une occupation au même titre que l’agriculture et
l’élevage et présente des atouts d’ordre économiques importants pour le Niger,
notamment pour les populations rurales. En plus, elle constitue un frein à
l’exode transfrontalier de la population, documente l’étude.
L’exploitation artisanale a apporté des opportunités notamment dans l’extrême
nord du Niger, une région naguère économiquement enclavée et où les activités
productives étaient en berne en raison de la détérioration de la situation
sécuritaire, selon l’OCDE cité dans le rapport.
Toutefois, CRGM note que l’ ’exploitation minière artisanale de part ses
impacts socio-économiques et environnementaux, est devenue une préoccupation
des autorités.
En raison de l’afflux de populations dans le milieu désertique fragile sans
gestion des déchets, des eaux usées etc.L’exploitation minière artisanale a un
impact négatif sur la santé humaine du fait de la manipulation des produits
chimiques (cyanure, mercure, acide sulfurique mais aussi des explosifs et le non
port des équipements de protection individuelle (EPI) par les orpailleurs,
détaille-t-elle.
Le centre fait savoir que la population riveraine est aussi exposée aux effets
des produits chimiques utilisés sur les sites aurifères. Pour augmenter la
production aurifère, plusieurs produits chimiques potentiellement nocifs pour
l’environnement sont utilisés : le mercure, le cyanure, les acides, les
détergents et les explosifs. Les dégâts se traduisent par la contamination des
sols d’importants risques d’intoxication de l’environnement et une destruction
inévitable de la biodiversité. Au-delà de l’inévitable destruction de la
biodiversité, de nombreux risques d’exploitation laissent craindre une réelle
intoxication de tout l’écosystème sur les zones d’orpaillage.
A cela s’ajoute la déforestation et les pertes de la biodiversité. En effet le
développement des sites et l’afflux de population a entrainé une forte pression
sur les quelques ressources ligneuses précaire de la région. La demande accrue
en charbon pour la cuisine et le bois pour la construction d’habitats accélère
la déforestation.
Autres problème pas des moindres est celui lié au travail des enfants sur les
sites miniers ce qui est interdit par le code du travail. Aussi l’affluence des
orpailleurs sur les sites ont fait fuir les animaux sauvages vers des zones
plus reculées en raison du bruit régnant sur le site, la destruction des
habitats naturels. La faune sauvage migre vers d’autres zones où les conditions
d’habitats leur sont favorables selon un rapport inventaire des sites
d’orpaillage du Djado, du Tafassasset et de l’Aïr du Centre de Recherche
Géologique et Minière (CRGM) 2018. L’artisanat minier a ses inconvénients :
exploitation anarchique des sites, problèmes sanitaires et travail des enfants
sur les sites, drogue, alcool, …) ; sécuritaire et environnemental (refuge des
bandits armés, déforestation et utilisation de produits toxiques).
Les principales contraintes qui caractérisent l’exploitation minière artisanale se résument ainsi : un manque de connaissance sur le gîte, manque de techniques appropriées pour l’exploitation et le traitement, manque d’encadrement, contraintes légales : la plupart des orpailleurs n’ont aucun titre juridique sur les ressources qu’ils exploitent.
Dans le meilleur des cas,
l’exploitation est souvent la propriété d’un homme d’affaire qui a les
ressources financières et les capacités d’obtenir une autorisation
d’exploitation artisanale ou semi mécanisée ; contraintes financières : La
plupart des gens qui s’engagent dans les activités d’orpaillage viennent de la
frange pauvre de la population et n’ont pas assez
de ressources financières(CRGM).
Ce manque de ressources financières et l’absence de dispositions favorables aux importations d’équipements pour l’exploitation minière artisanale constituent des obstacles à la mécanisation et àl ’amélioration des performances ; contraintes ; conflits d’intérêts entre artisans et détenteurs de titre minier (autorisations) ; problèmes de cohabitation entre artisans miniers et industriels ; difficultés dans la collecte et le suivi de la production ; conflits fonciers.
CRGM informe que bien organisée et restructurée cette activité serait un bon levier de la croissance économie et pourrait contribuer à générer des devises pour le compte de l’économie nationale, c’est pourquoi il suggère que les décideurs, les techniciens, la société civile ainsi que les orpailleurs doivent œuvrer chacun dans son domaine de compétence à une bonne organisation de cette activité.
Selon le rapport, le développement
de la filière passe par la réorganisation de l’orpaillage à travers la mise en
place d’un cadre officiel pour faire de l’orpaillage un véritable levier de
croissance et développement socioéconomique (avec à sa disposition les
ressources humaines, financières et techniques) ;l’amélioration et
l’assainissement des procédures d’attribution et de gestion des titres ;la
collaboration avec les communes locales et les autorités coutumières dans le
processus d’attribution des titres d’exploitation artisanale ;la cartographie
des sites et le recensement exhaustif des orpailleurs ;la mise en place d’un
mécanisme d’information, d’éducation et de sensibilisation dans les sites
d’orpaillage ;l’organisation de la filière orpaillage à travers la création de
petits groupements et des coopératives d’orpailleurs; la mise en place d’un
fonds pour accompagner cette organisation, notamment
aider les groupements d’orpailleurs à acquérir les matériels techniques.
Le Centre de Recherche Géologique et Minière (CRGM) propose entre autres : la sécurisation des titres miniers contre l’envahissement par les orpailleurs illicites ;la mise en place d’un système de contrôle des flux migratoires sur les sites d’orpaillage ;la mise en place d’un cadre formel regroupant les forces de l’ordre, les orpailleurs et la population locale pour la gestion sécuritaire ;l’amélioration de la gouvernance des revenus générés par l’activité d’orpaillage au niveau des communes ;la formalisation de la chaine d’approvisionnement de l’activité d’orpaillage pour l’acquisition des biens et services ;l’incitation à la création de comptoirs d’achats agrée sur les sites d’orpaillage ;innovations dans l ’exploitation et le traitement etc.)
le site de Tchibarkaten
(Iférouane) est officiellement fermé par arrêté N°129/MMDI/DGMG/DEMPEC du 20
octobre 2014, du Ministre d’Etat, Ministre des Mines et du Développement
Industriel et n’est pas encore recouvert tout comme celui du Djado
(Bilma) fermé par arrêté N°0234/ MMDI/DGMG/DEMPEC du 29 novembre 2016 du
Ministre chargé des mines et qui pas n’est pas encore recouvert.‘’
Plusieurs sites d’exploitation artisanale de l’or ont vu le jour dont on peut
citer : Les sites d’exploitations et de traitements de l’or de Tibarkantane
,d’Emzegueur, Tabelot, Gofat,Timia indique le directeur régional des
mines M.Yahouza Salaou
Le site de Tchibarkaten est étroitement contrôlé par l’Etat du Niger qui a
sécurisé l’endroit par des Forces de Défense et de sécurité. Niamey a maintenu
le site ouvert pour que de nombreux nigériens se retrouvent. Les autorités ont
préféré juste faire preuve de tolérance dans cette zone du département
d’Iférouane.
Aujourd’hui Tchibarkaten est devenue un gros village de plus de
45000 Habitants venus de toutes les régions Niger et de diverses nationalités,
selon M. Ibrahim Ary Assalih dit Salah Boss,le chef de village provisoire.
Source AH-CA/ANP