S’il n’a pas fait hors sujet, il n’en a pas été trop loin. En s’adressant à ses compatriotes dans une litanie de vœux pieux et d’autosatisfaction digne d’un schizophrène, le président de la République a semblé ignorer les réalités profondes du pays qui est le sien. Simple erreur d’appréciation d’un homme plein de volonté mais détaché de l’exactitude ou volonté manifeste et délibérée d’un fan de fiction ? La question est posée. Et il ne se trouvera sans doute pas grand monde, exception faite des partisans aveugles et des courtisans obligés, pour dire que le président de la République a fait une adresse irréprochable.
Ignorant royalement les indicateurs socio-politiques qui sont au rouge depuis qu’il a décidé de foncer comme un bison dans une direction pleine de périls pour le Niger, le Président Issoufou s’est curieusement félicité d’un climat politique qu’il est probablement le seul à voir en « rose » ; ce qui n’est pas surprenant. Car, outre qu’il aime voir tout en rose, même lorsque tout est en noir, le Président Issoufou est persuadé que l’on peut, à force de matraquer les consciences, soit-il avec du faux flagrant, elles finiront par accepter l’inacceptable.
Pourtant, l’histoire politique récente du Niger, dont il est un acteur de premier plan, lui renseigne le contraire. Bref, il n’a pas cru important de dire le moindre mot sur la situation de l’école nigérienne alors qu’elle est de notoriété publique malade ; rien non plus sur la santé des populations, une question cruciale qu’il a totalement occultée. De la crispation politique dont il est l’artisan, il ne pipe mot. Pas plus que sur cette fumeuse affaire de 1000 milliards pris avec EXIMBANK dans des conditions tout aussi nébuleuses que son gouvernement nie mais sans jamais produire la moindre preuve du contraire. Excusez du peu, mais il est impossible d’égrener ce chapelet de manquements sans tomber dans le précipice des interdits.
Par contre, c’est sans aucune gêne qu’il a promis aux femmes un projet de loi pour, dit-il,…augmenter leur quota dans les postes électifs. Alors même qu’il ne s’est pas senti embarrassé, lors de la formation du deuxième gouvernement, de passer outre l’obligation constitutionnelle d’accorder 25% au moins des postes de nomination aux femmes. Étrange façon de gouverner pour un homme qui n’a de cesse de célébrer la bonne gouvernance.
Malami Boucar