Mes chers concitoyens,
A l’occasion du 54è anniversaire de la proclamation de la République et du 53è anniversaire de l’indépendance du Niger, je réitérais mon appel à un large rassemblement de toutes les énergies du pays pour que dans un sursaut citoyen, nous participions tous à la construction de notre pays
Par la grâce de Dieu, nombreux sont les compatriotes qui ont répondu à cet appel en acceptant d’entrer dans le Gouvernement de large ouverture formé le 13 août dernier.
Ce Gouvernement, qui s’est attelé immédiatement à la tâche, a bénéficié, comme vous le savez, de la confiance de la Représentation Nationale, le 09 novembre 2013, pour la mise en oeuvre de son Programme.
Cela confirme le bon fonctionnement de nos institutions, et la pertinence des mécanismes constitutionnels mis en place.
C’est l’occasion pour moi de saluer l’adhésion d’une large majorité de Nigériens à cette vision que je continue de porter parce que je demeure convaincu qu’en cette phase de transition démocratique de notre pays, c’est la voie qui nous permettra de mieux y enraciner la démocratie.
Je voudrais également saluer la hauteur de vue de la classe politique qui, face aux intérêts fondamentaux de notre peuple, a su dégager un large consensus lors des discussions sur la révision de la loi électorale qui consacre le fichier électoral biométrique. Ce consensus a permis l’adoption à l’unanimité par l’Assemblée Nationale de cette loi capitale pour la transparence des élections et l’approfondissement du cadre démocratique.
La transparence des élections et le renforcement de la démocratie c’est aussi la garantie de la participation de tous au processus. C’est pour cela que j’ai décidé, conformément a mes promesses électorales, d’y associer ce que j’ai appelé la 9eme région du Niger, en l’occurrence la diaspora.
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Aussi, le Gouvernement est-il instruit, en vue de rendre effectif le vote des Nigériens à l’extérieur lors des prochaines élections législative et présidentielle. C’est dire que la diaspora aura des représentants à l’Assemblée Nationale.
De même, le Gouvernement proposera un projet de loi pour améliorer la représentation des femmes aux postes électifs.
Enfin, pour mieux enraciner la démocratie et adapter la taille de la Représentation Nationale à l’effectif de la population et à la représentation de la diaspora, un texte de loi sera proposé en vue de redimensionner l’Assemblée Nationale.
Mes chers concitoyens,
Au-delà de nos divergences politiques et d’opinions, nous devons tous, individuellement et collectivement, avoir comme boussole l’intérêt national.
Nous devons tous nous inspirer de l’exemple de dignité, de patriotisme, d’humilité et de dépassement de soi donné par le Président Nelson Mandela, qui, après 27 ans passés derrière les barreaux et tant d’humiliations et de privations, a su tourner cette page sombre, en pardonnant, en rassemblant ses concitoyens de toutes les couleurs et de toutes les conditions sociales autour de l’idéal de construction nationale et en quittant volontairement le pouvoir.
L’action du Président Mandela a permis de substituer notamment l’égalité de tous les citoyens sud-africains au régime de l’apartheid, basé sur l’inégalité des races et des conditions sociales et économiques.
Le 55eme anniversaire de la République est justement une occasion pour nous de célébrer cette valeur républicaine par excellence, que constitue l’égalité des citoyens.
Je voudrais que notre jeunesse s’approprie cette valeur fondamentale qui permet la promotion de l’individu contre le communautarisme, notamment le régionalisme et l’ethnocentrisme.
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Je voudrais que notre jeunesse se convainque de ce qu’aucune société ne peut progresser si elle n’est pas attentive au mérite individuel.
Je constate que le peuple nigérien adhère dans sa grande majorité à cette vision. En effet, les résultats d’une enquête d’opinions réalisée par Afro-baromètre montre que 66% des nigériens préfèrent la démocratie à toute forme de gouvernement. Je me réjouis de ce que 65% des nigériens sont satisfaits de la manière dont la démocratie fonctionne au Niger.
Je me réjouis aussi de ce que la presse privée soit satisfaite des conditions dans lesquelles elle exerce sa profession. C’est l’occasion pour moi de la remercier pour le trophée qu’elle a bien voulu me remettre le 4 décembre dernier en guise de reconnaissance des acquis que notre pays a enregistrés en matière de liberté de presse.
Je voudrais en retour renouveler mon engagement qu’aucun journaliste n’ira en prison pour ses opinions durant mon mandat. Néanmoins, j’exhorte la presse à plus de responsabilité, car celle-ci est le prix de la liberté.
Mes chers concitoyens,
Depuis 2011, le Niger améliore chaque année son taux de perception de la corruption élaboré par Transparency International. Ainsi notre pays est passé de la 134è place en 2011 à la 106è place en 2013.
S’il est indéniable que d’importantes avancées ont été enregistrées, beaucoup reste encore à faire. C’est pourquoi, mon engagement à combattre ce fléau qui hypothèque les efforts de développement de notre pays reste ferme. La lutte contre la corruption et l’impunité sera intensifiée avec détermination. Tous les organes de contrôle ont été instruits pour engager une lutte sans merci contre tous ceux qui se rendent coupables de corruption ou d’infractions assimilées.
Les investigations en cours seront menées à terme et les décisions appropriées seront prises pour chacun des dossiers.
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Dans le même chapitre, je veillerai scrupuleusement à l’exercice d’une bonne gouvernance minière et pétrolière. Cette gouvernance doit s’exercer dans un cadre de partenariat gagnant-gagnant impliquant fortement les Nigériens et permettant à notre pays de tirer le meilleur parti de l’exploitation de nos ressources naturelles.
C’est dans cette perspective que nous négocions le renouvellement des conventions de la SOMAIR et de la COMINAK, notre objectif étant de mieux participer à la gouvernance des sociétés, d’en contrôler les coûts de production, d’augmenter la valeur retenue pour le pays, de permettre a la SOPAMIN de commercialiser sa part de production, de reconstruire la route Tahoua-Arlit et la Route de Tchintabaraden, de mettre en valeur la vallée de l’Irhazer.
Par ailleurs le gouvernement mettra tout en oeuvre pour que le calendrier de mise en exploitation de la mine d’Imouraren soit tenu.
Le gouvernement a également engagé un processus de reprise de la Société des Mines du Liptako (SML) qui a abouti au rachat des parts de SEMAFO par la Société de Patrimoine des Mines du Niger (SOPAMIN). Cette opération permettra de sauvegarder les emplois et de relancer la production d’or.
S’agissant du pétrole, le gouvernement a été instruit pour accélérer la construction du pipeline, en vue d’exporter le pétrole brut à partir de 2016.
Mes chers concitoyens,
Face au défi sécuritaire, dans un environnement sous régional marqué par les menaces des organisations terroristes et criminelles, nous ne devrons pas baisser les bras.
Notre devoir est de ne pas capituler, mais de travailler sans répit à défendre l’intégrité territoriale de notre pays et la sécurité des personnes et des biens.
Notre devoir est de mettre fin au terrorisme et aux actions séditieuses et criminelles des trafiquants en tous genres.
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Enfin, notre devoir est de contribuer à la paix et à la sécurité dans la sous- région, en étant présents sur les théâtres d’opération, comme c’est le cas au Mali.
C’est pourquoi, le Gouvernement continue à déployer des efforts importants pour renforcer les capacités opérationnelles et de renseignements de nos Forces de Défense et de Sécurité, dont je salue ici à nouveau le professionnalisme et le patriotisme.
A terme, nous envisageons de créer de nouvelles infrastructures militaires pour assurer un maillage efficace du pays afin que le Niger constitue un véritable verrou sécuritaire au Sahel.
Le défi étant transfrontalier, nous développons une approche plus intégrée en créant une synergie avec les pays voisins, ceux du Sahel et du Sahara. A cet égard, nous mettrons tout en oeuvre pour faire aboutir les initiatives en cours, notamment l’opérationnalisation de la Capacité Africaine de Réponse Immédiate aux Crises (CARIC) dès 2014, en attendant que la Force Africaine en Attente et sa capacité de réaction rapide soit constituée. Je m’efforcerai également de faire aboutir l’initiative de la création d’une organisation dédiée à la sécurité dans les pays du Sahel et du Sahara, d’ores et déjà soutenue par plusieurs Chefs d’Etat et de Gouvernement.
Mes chers concitoyens,
Comme j’ai eu souvent à le dire, la réponse aux menaces terroristes et criminelles n’est pas que militaire. Elle exige aussi le développement économique et social, qui garantit les conditions de stabilisation et d’harmonie sociales mais aussi de création de richesses et d’emplois, notamment pour les jeunes sensibles aux sirènes de l’aventure terroriste et du crime organisé.
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Comment ne pas mentionner ici la mort tragique dans le désert, de 92 de nos compatriotes majoritairement des enfants, dans leur tentative de migration vers nos voisins du nord. Je salue leurs mémoires et renouvelle à leurs familles respectives les condoléances de la Nation affligée.
A ce sujet, le Gouvernement a déjà pris des mesures pour démanteler les sites d’hébergement des clandestins à Agadez et Arlit et arrêter les passeurs et trafiquants. L’action d’assainissement va se poursuivre afin qu’un tel drame ne se reproduise plus.
C’est le lieu de souligner notre fierté pour les efforts collectifs consentis qui ont facilité la libération des 4 otages enlevés à Arlit en 2010.
Je profite de cette occasion pour saluer et féliciter toutes les bonnes volontés qui ont activement contribué au dénouement heureux de cette affaire.
Mes chers concitoyens,
Le Gouvernement est engagé à opérationnaliser plus efficacement sa Stratégie Nationale de Sécurité et de Développement dans les Zones nord du pays qui, comme vous le savez, a été largement appréciée lors de la récente visite au Niger de la mission conjointe conduite par le Secrétaire Général des Nations Unies.
Cette mission, on s’en souvient, avait pour objectif de promouvoir la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, qui fait corps avec notre Stratégie Nationale.
La Stratégie intégrée dénote l’adhésion à la vision selon laquelle il existe un lien étroit entre sécurité et développement, comme nous l’avons toujours proclamé et soutenu. Cette stratégie vise à :
-Renforcer l’efficacité de la gouvernance à travers l’encouragement des pratiques démocratiques, le renforcement des capacités de l’Etat afin d’assurer un accès plus équitable aux ressources et aux services socioéconomiques, le renforcement des
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systèmes nationaux de justice, des systèmes d’alerte précoce et de réponse aux problèmes potentiels de gouvernance et aux menaces pour la sécurité.
-Renforcer les mécanismes nationaux et régionaux de sécurité et la coopération régionale et inter régionale entre les Etats du sahel afin de faire face aux menaces transfrontières.
-Assurer la résilience à long terme des populations à travers l’intégration des interventions humanitaires et de développement.
Cette Stratégie est une très grande opportunité qui s’offre à notre pays. C’est pourquoi, j’ai instruit le gouvernement pour élaborer des projets et programmes pour que notre pays en tire le meilleur parti.
Cette visite de haut niveau, la première du genre dans notre pays, apparait pour tous comme une reconnaissance internationale des efforts que nous déployons malgré un contexte sous régional particulièrement difficile. Cette reconnaissance nous a permis de mobiliser des ressources abondantes dont nous allons accélérer la consommation à travers le renforcement des capacités de l’administration en faisant recours notamment aux jeunes cadres, y compris ceux de la diaspora.
Mes chers concitoyens,
La commémoration du 55è anniversaire de la proclamation de la République du Niger coïncide, cette année, avec la fin d’une campagne agro-pastorale qui n’a pas répondu à nos attentes.
Le déficit céréalier cumulé s’élève à plus de 340 000 tonnes soit 10% des besoins. Quant au déficit fourrager, il est globalement estimé à 6 700 000 tonnes de matières sèches.
A ce jour, le Gouvernement a identifié les villages déficitaires et les populations vulnérables qui doivent bénéficier des aides d’urgence. Les services compétents de l’Etat ont été instruits pour prendre toutes les dispositions afin de venir en aide aux populations des zones déficitaires, de favoriser sur tous les marchés l’accessibilité
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des céréales et de déployer l’éventail des filets sociaux au profit des populations nécessiteuses.
Je voudrais donc rassurer nos compatriotes, que l’Initiative 3N étant devenue opérationnelle, nous parviendrons à faire face à la situation.
Le Gouvernement met en oeuvre un Plan de soutien préliminaire couvrant la période d’octobre à décembre 2013, d’un montant de 56 milliards dont plus de 4 milliards sont consacrées aux activités génératrices de revenus sous forme de cash ou Food for Work au profit de 55 000 ménages, 15 milliards à l’achat de stocks, 3,8 milliards à la production maraichère des zones vulnérables, 3,7milliards pour les populations victimes d’inondation et de catastrophes naturelles, 1,3 milliard à la prévention des risques d’invasion acridienne.
Le programme des cultures irriguées que le Gouvernement vient de lancer prévoit d’emblaver 115 000 hectares. La production attendue est de 400 000 tonnes d’équivalent céréalier, une production qui permettra de couvrir largement le déficit enregistré.
Le Gouvernement a un Programme d’appui à la campagne pastorale d’un coût de 6,9 milliards de francs CFA pour sécuriser les moyens de subsistance des éleveurs menacés par les déficits fourragers et les catastrophes naturelles.
En ce qui concerne les inondations, le programme du gouvernement, d’un coût de 138 milliards FCFA environ couvre la période 2013-2015 et vise à renforcer la résilience des communautés affectées, les capacités des acteurs en charge de la prévention et de la gestion, et la réduction des risques d’inondations. L’exécution de ce programme a déjà démarré avec l’appui des organisations internationales et des ONG. La Banque Mondiale vient d’accepter d’allouer 53 milliards de FCFA audit programme.
Au cours des mois de Janvier et Février un plan de soutien global sera préparé en rapport avec nos partenaires pour couvrir les besoins des populations affectées jusqu’aux prochaines récoltes.
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Mes chers concitoyens,
La Table Ronde des Partenaires Techniques et Financiers tenue le 09 décembre dernier à Vienne, a permis de faire le point sur le Programme Kandaji, et de mobiliser 172 millions de dollars US pour couvrir les coûts supplémentaires engendrés par la résiliation du contrat avec l’entreprise défaillante, les travaux de déviation de la Route Nationale N1, la poursuite du programme de dédommagement et de réinstallation des populations.
C’est l’occasion de remercier ces partenaires de leur confiance et de leur soutien constant à nos efforts de développement. Les travaux de construction du barrage de Kandadji vont donc reprendre sous peu.
Toujours dans le cadre du développement des infrastructures, nous avons, en novembre dernier, conclu avec le Bénin et un partenaire stratégique le projet de construction du chemin de fer Cotonou-Dosso-Niamey pour un coût total de plus d’un milliard d’euros. Ainsi ce rêve qui semblait irréalisable devient désormais une réalité, les travaux devant démarrer au plus tard en mars 2014.
Le Projet Salkadamna est également avancé. L’évaluation est terminée. EXIMBANK va se prononcer sur l’estimation du cout et du financement en février -mars 2014.
Concernant la fibre optique, la Convention pour réaliser une partie de la dorsale en direction des Frontières du Tchad et de l’Algérie vient d’être signée le 14 décembre pour un montant de 99 millions de dollars US.
Je voudrais également mentionner les appels d’offre pour la réalisation des routes Arlit-Assamaka, Ballayara-Filingue, Zinder-Magaria-Frontiere Nigeria et du Pont Farie. On peut se féliciter du démarrage des travaux des routes Diffa-Nguigmi-Frontière Tchad et Goudel-Tondibia-Tondikoarey.
Pour la ville de Niamey, le programme d’équipement se poursuivra avec le démarrage des travaux de construction de la centrale électrique de Gorou Banda, le lancement de la construction, en 2014, d’échangeurs, la construction de 70 km de
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routes bitumées, auxquels s’ajouteront les travaux de construction du 3
eme pont et la rénovation des principaux carrefours et places publiques.
Je voudrais également annoncer le Programme d’équipement de la ville de Dosso qui abritera la cérémonie de la commémoration du 18 décembre 2014 pour lequel le gouvernement a été instruit. Les travaux du port sec vont bientôt démarrer.
Mes chers concitoyens,
Nous sommes sur la bonne voie dans la mise en oeuvre du Programme de Renaissance. Mais les défis sont encore nombreux.
Faire face à ces défis exige de chacun de nous un don de soi, le sens de l’intérêt général, l’amour du pays.
Faire face à ces défis exige que toutes les Nigériennes et tous les Nigériens soient des acteurs déterminés du développement, de la paix et de la sécurité.
Vive la République
Je vous remercie