Je ne me suis pas réveillé un jour et je me suis dit : « désormais je
dois combattre gbagbo laurent ». Non. J’ai même plutôt été un pro-gbagbo.
Aujourd’hui, l’un de mes plus grands regrets c’est d’avoir un moment été son
fan, notamment quand il était dans l’opposition. Sa simplicité, son langage
direct, son engagement dans la lutte pour l’instauration de la démocratie en
Côte d’Ivoire, l’opposant Laurent Gbagbo dont j’écrivais encore le nom avec des
majuscules, avait tout pour plaire. Mais au pouvoir, nous avons désillusionné
en voyant le monstre qui sommeillait en lui se manifester dans toute sa
laideur.
J’ai eu la chance d’être de ceux qui, dans la presse internationale, ont vécu
sur place à Abidjan les premières semaines de ce règne barbare et sanguinaire.
Je suis arrivé à Abidjan au même moment que le regretté Jean-hélène de RFI,
froidement abattu par un policier pro-gbagbo radicalisé par la propagande et le
discours ambiant sous le régime du criminel de guerre gbagbo. Le français était
arrivé pour remplacer notre excellent confrère Bruno Minas, correspondant de
RFI en Côte d’Ivoire, dont la tête avait été mise à prix par le régime du
boucher gbagbo, et moi j’étais « envoyé spécial » de la BBC pour
remplacer, au pied levé, Estelle Cornado, ma collègue subitement dans
l’impossibilité de travailler…C’était en l’an 2000.
Le « QG » de la presse internationale se trouvait à l’HOTEL Ibis, dans le
quartier du Plateau à Abidjan. J’ai passé plus de soixante jours dans cet
hôtel. Et au moment où nous partions d’Abidjan, il était désormais clair pour
tous les correspondants locaux et envoyés spéciaux que le nouveau régime allait
créer une guerre civile: le discours officiel profondément dioulaphobe ; les
nombreuses brimades et les exclusions des cadres dioulas, les assassinats
ciblés de Dioulas ; la xénophobie d’état qui avait provoqué les conflits
communautaires (fonciers?) dans lesquels des centaines de ressortissants
ouest-africains avaient été massacrés…Tous les ingrédients étaient réunis pour
que le nord de la Côte d’Ivoire se révoltent, avec le soutien des pays voisins
qui ne pouvaient plus supporter d’enregistrer des centaines de morts parmi
leurs ressortissants, tantôt assassinés par les forces de l’ordre du criminel
de guerre ivoirien, ou alors massacrés par des autochtones encouragés par un
régime qui avait fait de la xénophobie un « programme de gouvernement et un
plan de développement » du pays. Le parti FPI du criminel de guerre gbagbo,
nous l’avons tout de suite compris, c’était réellement le Front National
Ivoirien.
Pour ceux qui soutiennent encore le criminel de guerre gbagbo, j’ose espérer cher (e)s sœurs et frères que vous êtes plutôt du lot de ceux qui ont été abusés par le roublard et qui, comme les Autrichiens après la disparition d’Hitler, ne sont pas encore sortis de l’obscurité dans laquelle les avait plongé l’imparable propagande nazie. Le Seigneur vous aide à retrouver la lumière du jour.