L’opposition politique nigérienne a rejeté, jeudi, la décision des autorités nigériennes et françaises d’indemniser les familles des victimes de la répression de la manifestation organisée en novembre 2021 par des jeunes de la ville de Téra, dans l’ouest du Niger, pour s’opposer au passage d’un convoi de l’armée française.
« Ainsi, pour le gouvernement, les meurtres de nos compatriotes semblent avoir trouvé une issue acceptée par les parties directement impliquées, au travers d’une réparation en compensation des préjudices subis par les familles des victimes », a déploré l’opposition dans un communiqué publié jeudi par son secrétaire permanent Maman Sani Malam Maman.
« Pour l’opposition politique, le règlement de cette question ne saurait être réduit à sa seule dimension civile », a ajouté la même source.
« Aussi, la coalition de l’opposition politique nigérienne exige-t-elle une décision de justice à cette affaire afin de faire émerger la vérité à travers une enquête judiciaire indépendante », a insisté le communiqué.
Cette enquête, estime l’opposition nigérienne, permettra, entre autres, « de traiter cette question au plan pénal et non seulement au plan civil, étant donné que l’action des forces militaires françaises et des forces de maintien de l’ordre du Niger a entraîné la mort de trois (3) personnes ».
Le mardi 17 mai courant, le ministère nigérien de l’Intérieur a publié un communiqué dans lequel il informait l’opinion de la décision des autorités nigériennes et françaises de dédommager les familles des victimes de la manifestation de Téra.
« L’exploitation des résultats de l’enquête de la Gendarmerie du Niger et de l’Armée française n’ayant pas permis de cerner le déroulement exact des évènements qui ont provoqué la mort et les blessures des manifestants, le Niger et la France ont décidé d’assurer, ensemble, le dédommagement des familles des victimes ainsi que des blessés », a précisé le communiqué.
« Les deux parties ont convenu d’un dédommagement à parts égales », a ajouté la même source, précisant que « des contacts ont été pris avec les autorités traditionnelles et religieuses de Téra, ainsi qu’avec les responsables des familles des victimes et des montants des dédommagements ont été convenus pour chacune des victimes ».
Sans toutefois donner de chiffres, le ministère de l’Intérieur a indiqué que « les montants dus aux bénéficiaires ont été virés dans des comptes bancaires communiqués par les représentants des familles concernées ».
Pour rappel, le 27 novembre dernier, des jeunes de la ville de Téra avaient organisé une manifestation pour empêcher le passage d’un convoi de la force française Barkhane venant de la Côte d’Ivoire et en partance pour Gao dans le nord du Mali.
La manifestation avait été violemment réprimée par les soldats du convoi français. Selon un bilan établi par le ministère nigérien de l’Intérieur, trois manifestants ont été tués et dix-sept (17) autres ont blessés. Sept (7) gendarmes nigériens ont aussi été blessés.
Le gouvernement avait annoncé une enquête pour faire la lumière sur les évènements.
AA / Niamey / Salif Omar