Ainsi se présentait Dialba Badjé : « Je suis la mère, le père de la parole », accompagné de son luth à trois cordes.
En tant que grand griot historien des Zarmas, il était l’un des derniers à connaître toutes les généalogies des grandes familles de cette communauté au Niger, près de 300 lignages, et à pouvoir raconter les grandes épopées d’autrefois chez les Songhaïs et Zarmas, dans l’ouest du pays.
Un apprentissage qu’il avait lui-même commencé à l’âge de 7 ans, auprès de son père. Aucun de ses quelque 30 enfants, passés par l’école moderne, n’a en revanche eu le temps de suivre cet apprentissage oral et traditionnel jusqu’au bout. Dialba Badjé n’a donc pas de successeur.
Ces dernières années, il aura pu toutefois transmettre une grande partie de son savoir à une ethnologue suisse, Sandra Bornand, venue recueillir sa parole depuis 1994, quelque 500 heures d’enregistrements qu’elle s’emploie depuis à transcrire en zarma et en français. Toute une mémoire à partager. Sandra Bornand a ainsi réalisé récemment un conte pour enfant disponible sur le site du CNRS, l’histoire du marabout Alfaga Modibadjo.