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Niger Sahara Faune: la réserve naturelle de Termit et Toun Touma menacée

Le Réseau Espérance suite au déclassement d’une partie de la réserve naturelle nationale de Termit et Toun Touma vient de rendre public une déclaration dans laquelle il se dit  vivement préoccupé par ce projet de déclassement lors du Conseil des Ministres du mercredi 26 juin 2019.

Dans ladite déclaration dont  le site d’information Nigerexpress a reçu une copie, le Coordonnateur Mahaman Bachar tire la sonnette d’alarme.

Le projet de déclassement ne semble pas observer les formes et procédures requises en la matière et pèche par l’absence de parallélisme de forme pourtant expressément prévu par les dispositions pertinentes de l’article 47 du décret n° 98-295/PRN/MH/E du 29 octobre 1998 ;

 Qu’il y’a lieu de constater une possible violation de la loi N° 98-07 du 29 Avril 1998 portant régime de la chasse et de la protection de la faune ainsi que son décret d’application ;

Pourtant l’article 35 de la Constitution de la République du Niger du 25 novembre 2010 dispose que « Toute personne a droit à un environnement sain. L’Etat a l’obligation de protéger l’environnement dans l’intérêt des générations présentes et futures.

Chacun est tenu de contribuer à la sauvegarde et à l’amélioration de l’environnement dans lequel il vit.

Le transit, l’importation, le stockage, l’enfouissement, le déversement sur le territoire national de déchets toxiques ou polluants étrangers ainsi que tout accord y relatif constituent un crime contre la Nation puni par la loi. (……)

L’Etat veille à l’évaluation et au contrôle des impacts de tout projet et programme de développement sur l’environnement. »

Cette décision gouvernementale met la faune sauvage du Termit et Tin Toumma dans une situation plus que préoccupante, dont il est plus qu’urgent d’y remédier en redonnant à cette ressource naturelle, sa place de précurseur de la domestication et du pastoralisme, ainsi que  sa place d’élément d’atténuation d’impact de l’exploitation pétrolière.

 Est-il nécessaire de le rappeler que la Réserve Naturelle Nationale de Termit et TinToumma est le dernier bastion de l’Addax au monde, avec une population estimée à environ 100 individus.

Cette réserve, la plus grande d’Afrique, créée par décret numéro 2012-075/PRN/MH/E du 6 mars 2012, a fait passer de 6,20 %, à 14,29 pour cent la superficie du territoire national en aire protégée, permettant ainsi au Niger d’accéder au Millennium Challenge Corporation.

Au total 17 espèces de mammifères observées dont l’addax, la gazelle dama, le guépard du sahara, la gazelle dorcas, le mouflon à manchette y vivent il faut également ajouter 113 espèces d’oiseaux.

Au demeurant faut-il le préciser que le Niger, notre pays, est signataire de plusieurs conventions et traités internationaux qu’il a ratifié en vue de promouvoir et de protéger l’environnement dans son acception la plus élargie.

On peut y citer entre autre : 

La convention sur la diversité biologique adoptée à RIO de Janeiro le 11 juin 1992 et ratifiée par le Niger le 23 juillet 1995 qui réaffirme la Déclaration de Stockholm sur la nécessité de protection de l’environnement et recommande aux parties contractantes d’établir un système de zones protégées où des mesures spéciales doivent être prises pour conserver la diversité biologique ;

La convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction dite « Convention CITES » ou « Convention de Washington » adoptée le 6 juillet 1975 à Washington et ratifiée par le Niger le 8 Septembre 1975 dont l’objet fondamental est de protéger les espèces animales et végétales menacées d’extinction par les échanges internationaux en contrôlant le commerce dont la violation est constatée pour le cas de la RNNTT par une  exploitation illégale de la cystanche qui est la principale source d’eau de l’Addax.

La convention africaine sur la conservation de la nature et des ressources naturelles : adoptée à Alger le 15 Septembre 1968 et ratifiée par le Niger le 16 Février 1970 devenue convention de MAPUTO (2003) dont l’objet est de créer, maintenir et, si possible agrandir les aires de conservation, en vue d’assurer la conservation à long terme de la diversité biologique.

Aussi, étant donné que la conservation et le développement économique sont intimement liés et que l’amélioration de l’environnement est considérée comme une condition essentielle au développement économique ;

Que la conservation peut promouvoir une utilisation plus efficace des ressources naturelles à partir d’une perspective économiquement et écologiquement rationnelle ;

Que l’exploitation pétrolière peut cohabiter avec la conservation et que le statut de la RNNTT autorise l’exploitation pétrolière en son sein ; ce qui serait bénéfique pour le Niger, les exploitants pétroliers et les communautés, preuve qu’il existe une solution gagnant-gagnant pour toutes les parties ;

C’est du reste ce que préconise l’ONG Noé délégataire de la RNNTT qui œuvre depuis de longues années pour la conservation et le développement local dans cette zone.

Tenant compte de tout ce qui précède, le réseau Espérance recommande :

Au  Gouvernement de :

Renoncer au projet de déclassement de la RNNTT contenu dans le communiqué en date du 26 juin 2019 qui à tous égards serait en contradiction avec la législation en vigueur;

Respecter la législation relative au classement, au déclassement ou à la modification des limites de la RNNTT ce qui permettra la concertation avec l’ensemble des acteurs et apaisera les vives inquiétudes des populations locales, des organisations de la société civile, élus locaux, délégataire de gestion de la RNNTT, techniciens, exploitants pétroliers;

Aux parlementaires :

De veiller au respect des engagements internationaux pris par le Niger ;

D’amener le gouvernement à être plus sensible aux questions liées à la promotion et à la protection de l’environnement, plus particulièrement la RNNTT ;

Aux élus locaux :

De porter les préoccupations des communautés locales au niveau des plus hautes autorités en vue de leur prises en compte dans les conventions que le Niger signe avec les exploitants pétroliers ;

D’intensifier la sensibilisation des communautés locales sur les enjeux écologiques, sociaux et historiques que représente la RNNTT et l’impérieuse nécessité de continuer à participer à sa protection ;

Aux populations locales :

De redoubler d’engagement dans le plaidoyer et les actions de proximité qui contribuent à la promotion, à la protection et à la préservation des espèces protégées qui font la renommée de la RNNTT, leur permettant ainsi de tirer de façon durable des profits de leurs ressources naturelles et de vivre dans un environnement préservé,

Aux exploitants pétroliers :

 De développer une exploitation du pétrole respectueuse des ressources naturelles du Niger dont dépendent ses habitants actuels et les générations futures,

Permettre à la biodiversité de vivre dans la tranquillité.

En avant pour le respect de la biodiversité !!!

Fait à Niamey, le 07 juillet 2019

Pour le Réseau Espérance, le Coordonnateur Mahaman Bachar

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