Politique

Nouvel an : Discours bilan du Président nigérien

Issou M Pr2
Nigériennes, Nigériens,

Mes chers concitoyens,

Il y a environ 5 ans, je me présentais devant vous pour solliciter votre confiance à l’occasion de l’élection présidentielle. Je vous proposais alors le Programme de Renaissance décliné en huit priorités.

La fin de cette année 2015 marque l’aboutissement de presque cinq années de travail acharné et de réalisations multiformes.

En effet, le Programme de Renaissance dans la mise en œuvre duquel le Gouvernement s’est investi, a permis d’enregistrer les avancées que nous connaissons aujourd’hui.

Il serait fastidieux d’en faire un bilan exhaustif. Cependant il me parait légitime, en cette fin d’année 2015 et au seuil de la nouvelle année 2016, de rappeler quelques résultats unanimement  considérés comme probants.

Le premier axe du programme de renaissance est de « bâtir des institutions démocratiques fortes, crédibles et stables ». Sur ce plan nous sommes sur la bonne voie car toutes nos institutions ont bien fonctionné, chacune ayant bien assumé son rôle. Elles ont ainsi réussi à résister à tous les chocs. La présence de l’Etat se fait sentir partout sur notre vaste territoire. La bonne gouvernance, les droits et libertés sont assurés comme l’attestent les indicateurs internationaux de référence. En matière de lutte contre la corruption par exemple,  notre pays a gagné 31 rangs entre 2 010 et 2 014 en passant de 134ème à 103ème selon le classement de Transparency International relatif  à l’indice de perception de la corruption.

Durant tout le quinquennat, le Gouvernement s’est évertué à promouvoir et respecter les libertés, celles de la presse, d’expression et d’association tout en assurant l’ordre public. Le Niger est perçu comme l’un des pays les plus libres d’Afrique de l’Ouest, le Septième au niveau du continent et le 47e au niveau mondial. Des efforts importants ont été consentis pour créer un environnement juridique, institutionnel, économique et professionnel favorable à un meilleur exercice de la liberté de la presse. Sur les différents classements de Reporters Sans Frontières, le Niger a fait des avancées souvent mises à mal par les comportements déplorables de certains acteurs. La signature de la Déclaration de la Montagne de la Table, le rehaussement du fonds d’aide à la presse, l’élaboration de la convention collective des travailleurs des médias et de la loi sur la publicité par voie de presse sont autant d’acquis qui doivent favoriser une plus grande professionnalisation du métier de journaliste.

Notre pays a fait des progrès dans le renforcement de l’Etat de Droit, dans l’amélioration du climat des affaires. Les capacités de son administration ont été renforcées à travers le recrutement des dizaines de milliers de fonctionnaires. Ceux-ci ont vu leur pouvoir d’achat se renforcer.

Par ailleurs, le Gouvernement a mis tous les moyens à la disposition des institutions qui en ont la charge pour que les prochaines élections renforcent la crédibilité et la stabilité de nos institutions. C’est le lieu de rendre un hommage mérité aux membres du Comité du Fichier Electoral Biométrique pour le professionnalisme avec lequel ils ont élaboré le fichier électoral. Déjà adopté par le Conseil National du Fichier et transmis à la CENI, je fonde l’espoir que son audit actuellement en cours en renforcera la crédibilité. Je note aussi, pour m’en féliciter, la détermination de la CENI à organiser les élections conformément au calendrier qu’elle a déjà établi, calendrier qui tient compte des délais impartis par la Constitution. J’exhorte tous les acteurs à aborder ces élections dans un esprit de saine compétition et avec le souci de mener des débats programme contre programme afin de mieux éclairer le choix du peuple souverain.

Justement, alors que l’arbitrage du peuple est proche, certains nigériens en rupture totale avec les réalités nigériennes d’aujourd’hui, estimaient pourtant  »mettre entre parenthèse » cette avancée démocratique et républicaine de notre pays en procédant, à travers un coup de force, à un changement anticonstitutionnel de pouvoir. Il s’agit là d’une véritable aventure, un acte de mépris à l’endroit du peuple nigérien. Je sais que le peuple nigérien imbu de sa foi dans les valeurs républicaines, n’acceptera plus jamais de telle aventure. L’enquête, en cours, se déroule normalement et permettra certainement d’identifier tous les auteurs et complices.

 Mesdames et Messieurs,

La mise en œuvre du Programme de Renaissance s’est opérée dans un climat d’insécurité sous régionale caractérisée par des menaces diverses de groupes narcoterroristes et radicaux à nos frontières.

Nous avons su faire face à ces menaces, et continuons à déployer d’importants efforts pour les conjurer tant au nord Mali, dans le lit du Lac Tchad qu’au sud libyen où l’Organisation Etat Islamique tente d’installer ses quartiers.

Les actions du Gouvernement sont multiformes et couvrent les aspects relatifs à la sécurité intérieure, la protection de nos frontières et les théâtres d’opérations  à l’extérieur. Ces actions ont nécessité  le recrutement de centaines de soldats et la mobilisation de moyens financiers et matériels conséquents. En 5 ans, le budget de la défense a doublé passant de 42,5 milliards en 2011 à 86,3 milliards en 2015.

 Du point de vue opérationnel, des patrouilles mixtes départementales et régionales sont déployées sur l’ensemble du pays pour sécuriser les populations et leurs biens. A cette mesure forte, nous avions associé d’autres comme l’intensification de la collecte des armes illicites, la sensibilisation des populations sur les dangers de la détention et de la circulation illégales d’armes à feu, l’organisation des fora sur la paix et la sécurité, et la mise en œuvre de la Stratégie pour le Développement et la Sécurité dans les Zones Sahélo-Sahariennes du Niger.

Les résultats positifs que nous avons enregistrés sont dus à la vaillance de nos forces de défense et de sécurité, aux moyens mis à leur disposition par l’Etat, à l’engagement du Gouvernement et du peuple nigérien dont les prières et celles de nos chefs traditionnels et religieux ont été d’un soutien efficace et permanent.

Les conséquences humanitaires occasionnées par les déplacements des populations fuyant les zones d’insécurité, notamment dans la région du Lac Tchad, constituent un lourd fardeau, que nous continuons à supporter avec l’appui de nos partenaires.

Au plan sous régional, nous avons mis notre diplomatie au service de la recherche de la paix et de la sécurité parce que nous sommes convaincus, que sécurité nationale et sécurité globale vont ensemble.

Dans cette dynamique, notre pays a joué un rôle majeur dans la création du Groupe des 5 pays du Sahel communément appelé le « G5 Sahel », en vue de promouvoir la paix, la sécurité et le développement des pays membres.

Dans le cadre de la Commission du Bassin du Lac Tchad, nous avons mis en place une force multinationale mixte de 8.000 hommes fournis par les pays membres et le Bénin pour combattre les terroristes de Boko Haram dans le lit du Lac Tchad et sécuriser les populations.

Enfin, notre pays continue à marquer sa présence fort appréciée aux efforts de maintien de la paix par l’envoi des contingents militaires sur plusieurs théâtres extérieurs.

Je tiens une fois de plus à renouveler le soutien et la reconnaissance du peuple nigérien à nos Forces de Défense et de Sécurité, ainsi que sa solidarité avec les familles des soldats tombés sur le champ d’honneur et des victimes civiles de la barbarie des terroristes.

Je souhaite et je suis confiant que l’année 2016  sera celle de la victoire totale contre les forces du Chaos incarnées notamment  par Boko Haram.

 Mes chers concitoyens,

La sécurité alimentaire figure en bonne place du programme de renaissance à travers l’Initiative 3N « les Nigériens Nourrissent les Nigériens ».

En effet, pour soutenir les producteurs, le Gouvernement a mis à leur disposition des semences et intrants agricoles, des kits communaux composés de magasins de stockage, des centrales communales d’approvisionnement en intrants et matériels agricoles, des comptoirs d’oignons et construit des centaines de pistes de desserte. A ces kits communaux, se sont ajoutés des kits villageois et des kits ménages.

Ces mesures ont été complétées par le programme de cultures irriguées qui est un élément clé du plan d’accélération de la mise en œuvre de l’Initiative 3N. Dans ce cadre, le Gouvernement a réalisé de nouveaux Aménagements Hydro-agricoles, réhabilité et conforté plusieurs autres et aménagé plus de 20.000 hectares de superficie de petite irrigation.

Ce programme de cultures irriguées est soutenu par la mobilisation conséquente des eaux de surface à travers la réalisation de mini-barrages, seuils d’épandage et l’aménagement d’une centaine de mares.

Ces différentes initiatives, en matière de sécurité alimentaire, ont permis d’enregistrer des productions céréalières, de pallier les déficits et de garantir l’alimentation des populations. Nous avons ainsi tenu notre pari selon lequel sécheresse ne doit plus être synonyme de famine au Niger.

Parallèlement, le Gouvernement a dû faire face aux urgences humanitaires en raison des inondations, de l’afflux des réfugiés et des déplacements des populations. Des ventes à prix modéré des céréales ou des distributions gratuites ciblées ont été organisées, ainsi que des transferts gratuits d’argent.

Dans le domaine de l’élevage, le Gouvernement a appuyé la création de plusieurs centaines de fermes modernes, la reconstitution des petites unités familiales, mis en place des kits ménages et d’aliments bétail, aménagé plusieurs milliers d’hectares de cultures fourragères, construit ou réhabilité des puits et forages en zones pastorales.

Dans le domaine de l’environnement, plusieurs actions de récupération de terre, de fixation des dunes vives, de pare-feu ont été entreprises. Ce qui a permis notamment le reboisement de plusieurs centaines d’hectares de superficie et l’empoissonnement de plusieurs centaines de mares pour améliorer la qualité nutritionnelle des populations.

Mes chers concitoyens,

Dans le domaine des infrastructures, un vaste programme de réhabilitation, d’aménagement et de bitumage de routes et de pistes en terre est en cours d’exécution avec pour objectif de contribuer à assurer le désenclavement interne et externe de notre pays. Des infrastructures urbaines ont été réalisées notamment à Niamey, à Dosso et à Maradi. En effet, dans le cadre du programme des fêtes tournantes à l’occasion de la commémoration de l’anniversaire de la proclamation de la République nous avons tenu à donner à nos villes un visage accueillant empreint de modernité. C’est ainsi que la ville de Dosso qui a accueilli les festivités du 56ème Anniversaire a été transformée et fait la fierté des Dossolais et de tous les Nigériens. La ville de Maradi, hôte du 57ème anniversaire se transforme avec ses routes bitumées, son marché flambant neuf, son aéroport moderne, ses hôtels et maisons d’hôtes ainsi que son éclairage public solaire des plus modernes.

Niamey jadis délaissée et offrant aux visiteurs un visage triste et piteux est désormais une capitale moderne qui n’a rien à envier à ses consœurs de la sous-région. Ses échangeurs prestigieux, ses boulevards à voies multiples, ses lampadaires solaires, ses immeubles modernes en font une vraie capitale coquette, la Niamey Nyala que nous voulons de tous de nos cœurs. Mon seul regret ici porte sur l’insuffisance des efforts de salubrité de la part des communes de notre belle capitale.

Un autre volet important des infrastructures est le rail avec le démarrage de la réalisation de la boucle ferroviaire Cotonou-Niamey-Ouagadougou-Abidjan. Avec l’achèvement prochain du tronçon Niamey-Dosso, le Niger vient de concrétiser un rêve vieux de 80 ans et fait désormais partie des pays traversés par un chemin de fer.

Dans le domaine de l’énergie électrique où notre pays enregistre un déficit croissant de capacité de production, nous avions fait le pari d’inverser la tendance et de permettre à notre pays d’être autosuffisant. En attendant la réalisation du barrage hydroélectrique de Kandadji, on peut d’ores et déjà noter l’évolution satisfaisante des travaux de construction de la centrale de 100 MW de Gorou Banda dont la fin des travaux est prévue pour le premier trimestre 2016 et qui comblera définitivement le déficit de réserve froide de la ville de Niamey. Par ailleurs le programme d’électrification rurale a permis l’électrification de plusieurs centaines de villages.

Mes chers concitoyens,

Dans le domaine des services sociaux de base à savoir l’éducation et la santé, les résultats atteints sont édifiants.

Pour ce qui est de l’éducation l’accent a été mis sur le rééquilibrage des effectifs d’élèves inscrits dans le cursus de l’enseignement général et ceux du cursus professionnel et technique. En 2010 l’enseignement professionnel et technique ne représentait que 8% de l’effectif des élèves du primaire. Aujourd’hui ce taux est en passe de franchir la barre de 25% prévue dans le programme de renaissance. En cinq ans, 6 lycées professionnels, 78 Collèges d’Enseignement Technique et 181 centres de formation aux métiers ont été ouverts et équipés.

Je m’étais engagé, dans le Programme de Renaissance, à former et à recruter des enseignants, à construire des infrastructures adéquates et à rendre l’école et la formation accessibles à tous.

 Un accent particulier a été mis sur la construction et l’équipement scolaire. En 5 ans, le Gouvernement a recruté 15.756 enseignants, construit près de 15.000 salles de classes au niveau des enseignements primaire, secondaires, professionnels et techniques. Le succès est énorme quand on sait que de l’indépendance à 2010, c’est-à-dire en cinquante ans, le nombre de classes construites ne dépasse guère 20 000 soit une moyenne de 400 classes par an.

Aux 4 universités publiques de Niamey, Zinder, Maradi et Tahoua, se sont ajoutées, cette année, celles d’Agadez, Diffa, Dosso et Tillabéri.

Il s’agit pour le Gouvernement de renforcer les capacités d’accueil de l’enseignement supérieur et professionnaliser davantage nos Universités. Pour accompagner cette volonté politique, des enseignants ont été recrutés et des infrastructures socio-académiques construites pour améliorer les conditions de vie et de travail du corps enseignant et des étudiants.

La même volonté politique a été observée dans le domaine de la santé, avec le recrutement de 2.540 agents de santé dont 666 médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes. Sur le plan des infrastructures, 15 centres de santé intégrés et 38 maternités ont été construits, 100 cases de santé transformées en CSI et tant d’autres centres hospitaliers régionaux, hôpitaux de district et centres de santé intégrés réhabilités.

Les perspectives dans ce domaine sont encourageantes avec l’ouverture très prochaine du centre de lutte contre le cancer et de l’hôpital de référence de Niamey ainsi que le démarrage de la construction de l’hôpital de référence de Maradi dont la pose de la première pierre  a lieu le 18 décembre dernier.

Par ailleurs, le Gouvernement a poursuivi la politique de gratuité des soins en faveur des femmes, des enfants, des personnes âgées et des démunis. 

Mes chers concitoyens,

En matière d’hydraulique rurale, les équivalents points d’eau réalisés ou en cours sont estimés à 11.216 équivalents points d’eau pour un objectif de 14.000 soit un taux de réalisation de 80,11%. A ceux-là, il faut ajouter près de 4.000 équivalents points d’eau réhabilités et 182 autres en cours de réhabilitation.

Pour ce qui est de l’hydraulique urbaine, des actions de branchements sociaux, d’installation de bornes fontaines et d’extension du réseau d’eau potable ont été réalisées.

C’est avec une profonde joie que j’ai le plaisir d’annoncer que le problème récurrent d’alimentation en eau de la ville de Zinder est résolu, avec la mise en service dans les tous prochains jours, des installations de captage et d’amener d’eau à partir d’un aquifère ou les forages se sont révélés hautement productifs.

Dans le domaine de l’assainissement, près de 60.000 ouvrages d’assainissement de base ont été construits sur l’ensemble du pays. 

Mes Chers Concitoyens,

Je voudrais à présent revenir sur une de mes promesses contenue dans le Programme de Renaissance à savoir la relance de l’économie nigérienne à travers des investissements publics.

Je voudrais relever que le Gouvernement a réalisé des investissements importants  sur financement des ressources internes, des dons et emprunts mobilisés auprès des partenaires bilatéraux et multilatéraux.

En outre, le partenariat public-privé est devenu une source de financement complémentaire à laquelle il est fait de plus en plus recours. C’est pourquoi sur le plan légal, il a été adopté l’Ordonnance portant régime général des contrats de partenariat public-privé et la loi portant dispositions fiscales, douanières, financières, foncières et domaniales applicables aux contrats de partenariat public-privé.

Pour une meilleure maitrise de l’endettement de l’Etat, il a été privilégié les projets à paiement par les usagers et les projets à taux fortement concessionnel. Ainsi, 13 projets d’un montant de plusieurs centaines de milliards de FCFA ont été signés portant sur divers secteurs comme la réalisation de la ligne ferroviaire Bénin-Niger, la réhabilitation et l’élargissement du segment de route Agadez-Arlit, la construction du nouvel aéroport de Niamey, la construction des logements sociaux, la construction des immeubles administratifs, la construction des amphithéâtres et des cités universitaires, la fourniture des ambulances médicalisées etc.

Le Niger est un pays qui attire les investisseurs et qui inspire confiance à ses partenaires. C’est un pays dont les indicateurs sont satisfaisants avec un taux de croissance annuel moyen d’environ 6% sur la période 2011-2015, un taux d’inflation annuel moyen de 0,94% et une pression fiscale qui est passée de 14% en 2011 à 17% en 2015.

Les différentes actions engagées par le Gouvernement dans les différents domaines ci-dessus et dans tant d’autres que je n’ai pas cités, ont permis de promouvoir l’emploi. Sur la période du mandat, 710.063 emplois ont été créés dont 137.028 emplois permanents.

Mes Chers Concitoyens,

Le chemin parcouru en cinq ans grâce à la mise en œuvre du Programme de Renaissance nous autorise à ressentir une satisfaction légitime, malgré les défis multiformes qui restent à relever. Le prochain mandat, quel que soit celui auquel le peuple fera l’honneur de le conduire, s’appuiera sur les acquis importants enregistrés entre 2011 et 2015. C’est la somme des efforts continus, d’un mandat à un autre, d’une génération à une autre qui nous permettra de construire une nation forte et prospère.

Puisse l’année 2016 permettre à pays d’enregistrer de nouvelles victoires, dans la consolidation des institutions démocratiques, dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé, dans l’équipement du pays en infrastructures, dans le renforcement de l’accès à l’alimentation, à l’éducation, à la santé, à l’eau et aux emplois notamment pour les jeunes.

Bonne et heureuse année 2016 à toutes et à tous.

Je vous remercie. 

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