[IBADAN, NIGERIA] L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et ses partenaires ont lancé une riposte dirigée et assumée par les pays, afin d’accroître l’adoption de stratégies de lutte contre le paludisme, suite à la publication d’un rapport alarmant.
Le rapport mondial sur le paludisme, publié le 19 novembre, a montré que les progrès en vue de l’éradication de la maladie ont connu un ralentissement pour la deuxième année consécutive depuis 2010.
En réponse, l’OMS et le Partenariat Roll Back Malaria (RBM), une organisation médicale mondiale, ont lancé un programme intitulé High burden to high impact: a targeted malaria response [Forte charge à fort impact : une réponse ciblée au paludisme].
Le paludisme est l’un des principaux problèmes de santé dans le monde et l’Afrique subsaharienne représente à elle seule 92% des cas et 93% des décès, selon l’OMS.
En raison des années consacrées à la maladie, les observateurs de la santé s’attendaient à une diminution du nombre de cas.
Mais si l’incidence de la maladie a diminué de 2010 à 2015, elle a encore augmenté en 2016 et 2017.
« Personne ne devrait mourir du paludisme, mais le monde est confronté à une nouvelle réalité », a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS.
L’OMS a calculé des estimations des cas de paludisme à partir de données de routine provenant de 91 pays.
Les conclusions du rapport constituent un revers pour la Stratégie technique mondiale de lutte contre le paludisme pour la période 2016-2030, qui préconise de réduire les cas et les décès dus au paludisme d’au moins 40% d’ici 2020, de 75% d’ici 2025 et de 90% d’ici 2030.
Le rapport a montré qu’il y avait environ 219 millions de cas de paludisme en 2017, soit environ deux millions de plus qu’en 2016.
L’Inde et dix pays d’Afrique subsaharienne représentent environ 70% des cas de paludisme et 274.000 décès.
Des améliorations ont toutefois été enregistrées en Éthiopie et au Rwanda, où respectivement 240.000 et 430.000 cas de moins ont été rapportés en 2017, par rapport à 2016.
Abdisalan Noor, responsable de l’équipe de surveillance du Programme mondial de lutte contre le paludisme à l’OMS, a déclaré à SciDev.Net que le ralentissement des progrès pouvait être attribué à une insuffisance de fonds.
« Un financement inadéquat a entraîné des lacunes majeures dans la couverture des principaux outils de contrôle du paludisme permettant de prévenir, de diagnostiquer et de traiter le paludisme », a-t-il ajouté.
« En 2017, par exemple, environ la moitié de la population exposée au risque de paludisme en Afrique ne dormait pas sous une moustiquaire traitée. »
Pedro Alonso, directeur du programme mondial de lutte contre le paludisme à l’OMS, ajoute que le rapport souligne la nécessité d’un changement immédiat d’approche contre le paludisme.
« Il s’agit d’un appel massif au réveil, qui a recentré l’attention sur les pays les plus durement touchés par le paludisme », note-t-il. Les symptômes du paludisme incluent fatigue, fièvre, maux de tête, vomissements et affaiblissement général.
S’ils ne sont pas traités, les patients peuvent développer une anémie pouvant même mettre leur vie en danger, voire un paludisme cérébral, qui empêche le cerveau de recevoir suffisamment d’oxygène.
Victoria Feyikemi, directrice exécutive de la Fondation pour le développement et l’autonomisation de l’Afrique, une initiative proposant des tests et des traitements gratuits pour le paludisme au Nigeria, en particulier dans les zones rurales, a pour sa part déclaré que la lutte contre le paludisme en Afrique subsaharienne devrait également inclure la lutte contre l’automédication.
« L’automédication reste un problème qui touche même les personnes instruites. Dans de nombreux cas, nous avons vu des personnes traiter le paludisme avec du paracétamol », explique-t-elle. Lire la suite sur SCIDEV https://www.scidev.net/afrique-sub-saharienne/