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Pr Abdoul Aziz Issa Daouda, Coordonnateur du programme Master Professionnel en Communication et Multimédia, à l’UAM

Pr AbdoulAziz Issa Daouda
Le département des Lettres Modernes de la FLSH de l’UAM, devenu désormais département de Lettres, Art et Communication, a créé le  »Master Professionnel en Communication et Multimédia ». Professeur, quelles sont les raisons qui ont présidé au lancement de ce programme ?

Les raisons qui ont présidé à la création de ce master sont au nombre de deux. La première est liée à l’analyse du marché, c’est-à-dire l’offre de formation en communication au Niger. On s’est rendu compte que la seule école qui formait en communication médiatique est l’Institut de Formation aux Techniques d’Information et de Communication (IFTIC). En outre, on trouve des écoles professionnelles privées qui forment aux niveaux BTS, Licence et même Master 2.

Mais, elles ont des problèmes de reconnaissance de leurs diplômes. C’est pourquoi l’UAM s’est engagée dans une mission de développement du capital humain d’une manière générale au Niger, et particulièrement dans le domaine professionnel.
L’axe privilégiant le professionnalisme est désormais un axe stratégique de l’UAM, et c’est dans ce cadre qu’il avait été demandé à toutes ses structures de formation, d’essayer de mettre en œuvre des cursus professionnels diplômant en relation avec leurs disciplines premières.

Et, Dieu merci, je pense qu’au niveau de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines, notre département, celui des Lettres, a été le 1er à répondre à cette sollicitation de l’Université au service du développement national. C’est là une raison fondamentale.
La seconde raison est liée au développement social et politique du Niger.

Comme vous le savez, la communication joue un rôle essentiel dans le développement d’un pays, sur tous les plans. Et, on s’est rendu compte que les formations données au Niger n’étaient jamais au diapason de ce rôle majeur de la communication. Au début, on ne pensait qu’à la communication médiatique. On s’est dit que les étudiants de l’IFTIC finissaient avec Bac+3, et nous avons des Bac+3, de l’université. Pourquoi ne pas offrir une formation en Master qui permette aux étudiants de l’IFTIC et d’autres étudiants d’avoir une ouverture.

Une ouverture d’autant plus intéressante qu’elle leur permettra d’accéder aux hautes fonctions de la communication médiatique, notamment en relation avec la rédaction et le secrétariat de rédaction, et aspirer par la suite à des responsabilités comme Rédacteur en Chef ou responsables au sein de la direction de publication.

Voilà, de manière ramassée, les raisons qui ont présidé à l’ouverture de ce master qui correspond à un besoin vital pour notre pays. Dans la perspective du développement national, l’université se doit d’apporter cette modeste contribution.

En quoi consiste ce master, et quelles sont ses spécificités ?
Sa spécificité est liée à sa nature. C’est un master de base généraliste et qui a de l’ambition. Vous savez, le domaine de la communication est très vaste, et nous avons pensé qu’à partir du moment où nous recevons des étudiants ayant plusieurs profils au moment de l’inscription, nous pouvons les mettre dans un moule commun, un moule généraliste, quitte à ce que la pratique professionnelle leur permette de se spécialiser dans un des sous-secteurs de la communication.

C’est pourquoi nous faisons la communication multimédias, autrement dit nous explorons toutes les spécialités de la communication qui sont très nombreuses, et nous y ajoutons multimédias, puisqu’aujourd’hui la communication passe par plusieurs formats.

C’est dans cette perspective qu’il faut comprendre l’importance du stage pratique que nous faisons faire aux étudiants, puisqu’en ce qui concerne la théorie, en 2 ans, l’étudiant touche à toutes les spécialités, ce qui lui permet, à partir du stage, de choisir librement le domaine qui correspond à ses aptitudes et à sa vocation. Donc, le stage va apporter une plus-value technique, pratique et professionnelle à la formation reçue.

Quels sont les critères et les conditions pour les candidats à l’inscription au master professionnel en communication et multimédia ?
Le premier critère, c’est la capacité d’accueil. Nous avons ouvert ce Master dans la perspective de ne pas dépasser quinze étudiants par classe. Ce qui semble être le standard international. Mais, nous demandons aux étudiants qui postulent d’être au moins titulaires d’un parcours BAC +3, donc d’avoir la Licence ou tout diplôme équivalent reconnu, comme le diplôme de l’Université, de l’IFTIC, de l’ENA, etc.

Nous recevons beaucoup de dossiers, mais nous avons 2 critères supplémentaires pour les départager. De deux dossiers de même qualité, nous préférerons prendre celui de l’étudiant de l’université ; et nous prenons les quinze premiers en fonction de leurs moyennes.
Est-ce que le département a suffisamment de ressources pour conduire cette formation professionnelle ?
S’agissant des enseignants, nous faisons la même chose que toutes les universités en matière de formation professionnelle. On est obligé de valider les diplômes en faisant appel à la fois aux universitaires et aux praticiens. Mais, le Master est un diplôme universitaire. Il y a des formations en Master à travers la ville de Niamey, mais ces Masters là peuvent souffrir d’un manque de reconnaissance.

Lorsque l’IFTIC voulait créer son Master, il a fait appel à l’université afin que nous permettions à un enseignant de rang magistral, de rang A, d’en être le directeur. Car pour être directeur ou coordonnateur de Master, il faut être un enseignant de rang magistral. Mais si le département accueille le Master Communication Multimédia, il fait appel aussi aux autres départements, parce qu’on essaie de donner une formation de base assez fournie en culture générale aux étudiants.

Par exemple, concernant la législation de la Communication, vous trouverez des enseignants de la Faculté de Droits qui viennent dispenser des cours ; pour la sociologie, la communication sociale, on fait appel aux départements de Sciences Humaines ; autant, en ce qui concerne les disciplines en rapport avec la langue, nous faisons appel aux enseignants des départements d’Etudes Anglaises, Etudes Françaises ou de Science du Langage.

Du point de vue des ressources matérielles et techniques, on note quelques problèmes qui surviennent surtout au niveau des équipements techniques, notamment en Communication Médiatique. Au départ, à la création du Master, nous nous sommes dit qu’en cas d’options de Communication Médiatique, nous ferions une convention avec l’IFTIC pour bénéficier de leur matériel. Dieu merci, grâce à la Coopération Française, nous venons de recevoir du matériel de dernière génération concernant tout le secteur du multimédia, donc nous pensons que le problème est réglé en ce qui concerne les ressources techniques.

Maintenant nous sommes en train de réfléchir pour évaluer cette formation. Nous sommes à trois promotions et nous pensons qu’il est temps de l’évaluer en fonction du contexte, voir ce qu’il faut ajouter ou réajuster. Mais nous pensons que dans le contexte de notre pays, nous avons les ressources qu’il faut pour donner une formation acceptable pour ce début de cycle de Master, en espérant que nous allons améliorer davantage les prestations au fur et à mesure.

Avez-vous des partenariats avec d’autres institutions dans le cadre de ce programme?
Au niveau national, nous sommes en partenariat avec les institutions publiques et privées et des organismes car c’est auprès de celles-ci que nous envoyons les étudiants pour leurs stages, le stage étant est une partie intégrante du cursus. De ce point de vue, nous sommes en contact avec ces institutions.

La Faculté des Lettres et Sciences Humaines a aussi un accord de coopération avec l’IFTIC, mais notre partenaire stratégique, c’est surtout l’Institut Panafricain d’Etudes et de Recherche sur les Médias, l’Information et la Communication, (IPERMIC) de l’Université de Ouagadougou, avec lequel nous avons commencé le programme.

Et le Pr Balima qui en est le directeur général vient chaque année rejoindre notre équipe pédagogique dans l’organisation de ce Master. Nous pensons élargir le cadre de notre partenariat. Je n’oublierai pas non plus les universités de l’intérieur du pays, notamment l’université de Dosso qui voulait ouvrir un cycle de Licence Professionnelle en Journalisme. L’équipe pédagogique de notre Master a été associée à la définition des programmes de ce cycle.

Et probablement à partir de l’année prochaine, l’université de Dosso va nous impliquer dans la mise en œuvre de cette Licence qui va recruter des étudiants de niveau Bac + 2 pour leur donner une formation de Licence en une année. Ce sera beaucoup plus efficient que de prendre des étudiants et leur donner trois ans de formation après le BAC. Parce qu’un étudiant qui a deux ans de cursus universitaire, a toute la culture suffisante pour qu’après un an de formation, il puisse exercer le métier de journaliste au Niger.
Combien d’étudiants ont été formés depuis la création de ce master, et quel est le taux de réussite ?
Pour la première promotion, nous avons pris 19 étudiants, 17 pour la 2nde promotion et une dizaine pour la 3ème, mais beaucoup ont dû désister à cause des frais de formation, parce qu’une formation professionnelle est payante. C’est vrai que les 2 premières années, ce n’était pas payant. Au total, pour les trois promotions, il y a environ 45 étudiants.

Mais souvent, les étudiants ont des problèmes d’accès au stage, ce qui ne leur permet pas de finaliser leurs études en préparant les mémoires, car cette formation est assortie de la soutenance publique d’un mémoire. Ce n’est pas un rapport, mais un véritable mémoire de stage.

Evidement, lorsque vous n’avez pas de stage, vous ne pouvez pas faire de mémoire. Pour la 1ère promotion, nous avons enregistré 10 étudiants qui ont pu soutenir, et tenez vous bien, la moitié a été recrutée avant la soutenance. Ils ont déjà été placés, parce que le domaine de la Communication est presque vierge au Niger. Aujourd’hui, vous avez beaucoup d’institutions qui n’ont même pas de service de Communication, alors que la Communication est au cœur de leurs perspectives de développement.

Quelles sont les opportunités et les ouvertures pour ceux qui arrivent à décrocher leur Master ?
Ce n’est pas par faute de modestie, mais je dois dire les ouvertures sont illimitées. Cela est dû à la base généraliste de la formation, mais déjà axée sur le professionnalisme. Un titulaire d’un Master en Communication multimédia apte à travailler dans tout secteur, particulièrement dans celui de la communication.

Nous sommes dans un pays où, la communication du point de vue technique, est vraiment en plein balbutiement, c’est-à-dire que pour le moment, il n’y a que des ouvertures. Nos étudiants peuvent travailler dans les institutions de la République, les ministères, les conseils, les hautes institutions de l’Etat. Ils peuvent exercer également dans les entreprises privées. D’ailleurs, certains ont déjà été recrutés dans le secteur privé.

Ils peuvent aussi travailler dans les organismes internationaux, dans les universités. Nous avons déjà des universités qui ont recruté parmi nos étudiants, et je pense que toutes les universités, dans l’atteinte de leurs objectifs, seront amenées à créer des directions de communication et à recruter des étudiants avec un Bac+5 en communication pour jouer ce rôle.

Sur le marché de l’emploi, on trouve d’autres Masters en Communication qui sont des masters de spécialité en Communication. Cependant, je pense que la valeur ajoutée de nos étudiants, c’est le fait de faire leur cycle dans une université qui plus est, l’Université Abdou Moumouni de Niamey ; donc ça ajoute de la crédibilité et de la plus-value à nos diplômes.

Réalisée par Souley Moutari(onep)
www.lesahel.org

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