Deux ans après son film « dans le noir », Boubacar Djingarey Maiga nous revient avec une série de treize épisodes de treize minutes (13) chacun, tirée du réel des téléspectateurs. Intitulé »femme actuelle », le film à travers ces différentes séries montre le quotidien de certaines familles nigériennes. Il aborde des thèmes importants comme l’amour, la polygamie, la haine…
Les principaux personnages sont Moussa, Idrissa, Aicha, Mina et Mimi. Parlant de ces acteurs, le cinéaste Boubacar Djingarey Maiga explique «qu’ils incarnent des couples ou les joies et les peines de la vie s’entremêlent. Ils décrivent de façon générale, les comportements de certaines sœurs envers leurs époux». Justifiant l’objectif recherché, le cinéaste dit qu’il veut amener ses sœurs à mettre fin à certaines pratiques superstitieuses comme le maraboutage ; à éviter de soupçonner leurs maris et/ou d’être excessivement jalouses. Tous ces problèmes peuvent facilement entrainer un dysfonctionnement au sein des foyers et voire même le divorce.
Dans ces séries, il a été mis en place des scenarios pour créer des situations explosives ; c’est étonnant de voir des personnages qui tentent de conserver leur idée de la famille. Tout est là pour attirer l’attention, atteindre le téléspectateur, créer une situation de tensions et regarder comment chacun va s’en sortir. C’est la vie de tous les jours narrée par l’auteur.
«Je suis né et grandi à Niamey, certaines valeurs m’ont été léguées par ma famille comme le respect du mari, la bonne gestion de la famille, le respect de nos us et coutumes, l’entente, la tolérance. La polygamie doit unir et non le contraire. J’ai été toujours sensible aux questions familiales qui sont le sens de mon film, sa portée sociale et culturelle. Notre intention est de montrer que la femme, si elle le veut, peut sauver son foyer et qu’elle arrête de contrôler son conjoint, de s’enfermer et de copier certaines pratiques malveillantes. Que son image soit le plus loin possible des clichés», a affirmé Bouba.
Avec son film »femme actuelle », il espère ouvrir un débat collectif sur ce fléau qu’est le divorce qui prend de l’ampleur dans nos sociétés. Dans cette démarche, assure-t-il, le rôle des parents est déterminant.
Expliquant les raisons de son parcours filmographique, il reconnait avoir eu la chance de grandir dans un environnement où la camera est le principal outil de travail, et aussi la chance de rencontrer des bonnes
personnes au bon moment.
Des projections à Niamey et à Bamako
Dans une volonté de faire, une fois de plus, partager avec le plus grand nombre le goût du septième art et le désir de création, il se mobilise déjà comme il l’a fait cette année pour offrir en 2019, à Niamey et dans toute la sous-région, une programmation de qualité en faisant intervenir des acteurs locaux, nationaux et internationaux de la scène cinématographique. «A l’adresse des jeunes qui sont à leur début de carrière, c’est d’abord de comprendre que le cinéma est une passion. Ensuite, quand on aime faire de cet art un vrai métier, l’apprentissage est fondamental, il faut bien se forger, jusqu’à trouver son but, avoir son objectif. lauteur-du-film-avec-les-acteursC’est une illusion de se voir artiste dès au début de sa carrière. On apprend tous pour le moment. Etre une star peut prendre du temps, un long temps», a affirmé Boubacar Djingarey Maiga.
Malgré quelques succès récents du cinéma nigérien, le fameux adage stipulant que l’art ne nourrit pas son homme, perdure. Très rares sont en effet les artistes à qui le métier exclusif de cinéma couvre entièrement les besoins de la vie. « Les conditions ne sont pas du tout faciles, on fournit assez d’efforts déjà pour se faire connaitre ; nous nous débrouillons tant bien que mal, pour assurer la visibilité de la culture nigérienne, par des productions qui visent surtout l’international», affirme t-il.
Parlant de son film, le cinéaste explique qu’à Niamey, Tillabéry, Dosso, et même à Bamako, le public était au rendez-vous et là c’était formidable. «J’ai beaucoup aimé le spectacle de Bamako, car presque la majorité des nigériens vivant dans la ville avaient fait le déplacement et sans oublier la contribution importante de notre Ambassade qui n’a ménagé ni son temps encore moins ses efforts pour faire de la projection une belle réussite, j’en suis touché », indique Bouba.
Pour ce qui est des projets, il reconnait qu’il y en a beaucoup, mais ne peut pas encore en parler. Selon lui, il doit faire encore ses preuves, et à ce défi personnel s’ajoute celui plus général du faible volume des films produits au Niger et en Afrique et la rareté des salles de projection ; des freins majeurs à son expression et à sa diffusion. Autant de problèmes que les cinéastes doivent diagnostiquer avec plus de réalisme. Son rêve : voir les films nigériens tournés dans des salles de renommée internationale. Il remercie vivement tous ceux qui de près ou de loin ont apporté leur contribution pour faire de ce film un véritable chef d’œuvre.
«J’espère que mon film aura des impacts positifs », confie-t-il avec un brin d’optimisme avant d’affirmer : «pour l’instant, je tourne».
Aïssa Abdoulaye Alfary(onep)