Photo lors de la cérémonie de clôture
La 7ème Conférence du Réseau des Instances Africaines de Régulation de la Communication a clos ses travaux aujourd’hui dans la salle Margou de l’Hotel Gaweye de Niamey, sur un constat amer. En effet, à 19 mois de l’échéance déclarée d’abandon de la diffusion en signal analogique au profit du numérique, l’essentiel des pays africains est à la traine. Sur les 54 pays africains, seulement deux pays, à savoir la Tanzanie et l’Ile Maurice, sont à la norme et au mode de diffusions numériques.
C’est donc de l’état des lieux de cette transition des médias à supports électroniques des pays africains vers le tout numérique que la rencontre de Niamey a amplement discuté. Tous les contours et aspects de la question ont été abordés par les professionnels et tenants du secteur et les institutionnels qui ont la charge de le réguler. Pour mieux réussir cette transition, la rencontre de Niamey, 3 jours durant, a intensifié les réflexions sur les défis et les bouleversements de la migration vers la norme numérique.
En clôturant les travaux, le nouveau président en exercice du RIARC et de la Conférence des Instances de Régulation de la Communication d’Afrique, notre compatriote Abdourrahamane Ousmane, a indiqué que »la particularité de la 7ème CIRCAF a été sans doute d’avoir permis à quatre catégories d’acteurs, à savoir les régulateurs des médias, les institutions internationales et régionales, les opérateurs de télévision, les opérateurs de satellite, de confronter leurs points de vue et parfois leurs intérêts sur la problématique de la transition vers le numérique ». »Nos échanges nous ont aussi permis de découvrir que des expériences de Télévision Numérique Terrestre existent déjà dans certains pays africains. Il faut sortir de l’anonymat toutes ces belles initiatives, qu’elles émanent du secteur public ou privé, pour les valoriser, pour les modéliser, afin de proposer des solutions qui prennent en compte les intérêts des pays et des citoyens africains. Cependant, il ne faut pas non plus fermer la porte aux opportunités de partenariat qui s’offrent aux pays africains, dès lors que celles-ci s’inscrivent dans une logique gagnant-gagnant ; et dès lors que ces offres vont permettre à ces pays de bien tracer leurs routes vers le numérique », a-t-il dit.
Comme toute révolution technologique implique des bouleversements, l’adoption du tout numérique aura des conséquences sur bien des aspects de la vie des médias en Afrique. Bien des monopoles constitués risquent d’éclater, de nouveaux acteurs dans les domaines de la production audiovisuelle et de la distribution vont voir le jour, en même temps que de nouveaux rôles en matière de transport et diffusion du signal radio et télévision, sans compter la révolution en matière des technologies du matériel de production et de diffusion qui ne seront plus analogiques. Nos pays et les institutions nationales de régulation doivent se résoudre à faire face à ces nouvelles donnes et à les gérer avec des implications juridiques et de nouveaux enjeux.
C’est pourquoi, dans son discours de clôture, le président du CSC du Niger a tenu à souligner que »derrière l’extinction du signal analogique et le passage au numérique, se profilent des enjeux éminemment politiques, notamment la liberté de la communication audiovisuelle, la liberté d’expression et d’opinion, le droit d’accès à l’information des citoyens. Il est de la responsabilité des instances de régulation des médias de placer ou de replacer ces questions au centre des stratégies nationales de migration vers le numérique. En effet, nous devrons toujours garder à l’esprit, à la suite de Philippe BOURE, je cite : »l’idée de régulation est en fait assimilée à celles des libertés. Liberté d’obtenir une fréquence, liberté inscrite dans le droit de diffuser des programmes et dans celui de les recevoir ». Il a enfin ajouté que la Conférence des présidents des instances qui a eu lieu hier matin même au cours de cette rencontre de Niamey, a adopté le projet de plan d’action 2014-2015, élaboré par le CSC du Niger, et qui devient ainsi la feuille de route commune du RIARC pour le prochain biennum. Cette feuille de route est axée autour de cinq axes thématiques: la transition vers le numérique; le cadre juridique et institutionnel de la régulation; la régulation des médias en période électorale; l’égalité des sexes dans les médias; le partenariat et le réseautage. »A travers ces cinq (5) axes thématiques, le plan d’action que nous venons d’adopter vise d’une part à consolider les acquis des présidences antérieures à travers la capitalisation des bonnes pratiques; d’autre part à révéler les défis qui se posent au RIARC, notamment la remobilisation des instances membres, la recherche des partenaires techniques et financiers, l’élargissement du réseau aux pays qui ne sont pas encore membres et l’accroissement de la visibilité du RIARC dans les espaces sous régionaux, régionaux et internationaux traitant des questions de communication et de régulation », a souligné Abdourrahmane Ousmane. Au cours de la cérémonie de clôture, les participants ont eu droit à la lecture du rapport de synthèse qui stipule que la vice présidence en exercice revient au Ghana qui accueillera également la prochaine conférence. Des motions ont également été adressées à l’endroit des autorités nigériennes.
En marge des travaux de cette 7ème conférence, les instances de régulation des pays membres de l »UEMOA plus la Guinée ont tenu une réunion pour matérialiser la création d’une plateforme qui sera pour eux un cadre formel d’échanges d’idées et d’expériences pour notamment : impulser des études relatives à l’environnement médiatique ouest africain ; mener des réflexions sur les enjeux technologiques, culturels, sociologiques, politiques et économiques du secteur de l’audiovisuel en Afrique de l’Ouest; améliorer les performances techniques et économiques de ses membres par le renforcement des capacités; encourager les organismes de financement à investir dans le développement de la production, la distribution et l’exploitation des œuvres audiovisuelles.
Mahaman Bako