Les recherches de la société française Biosantech sont aujourd’hui les plus avancées au monde. Elles ont été menées par des experts qui ont pour l’instant travaillé bénévolement. Une levée de fonds doit permettre de rémunérer l’équipe prochainement.
«Biosantech n’a jamais versé aucun salaire», affirme au Figaro Corinne Tréger, PDG de la société qui développe le vaccin contre le Sida aujourd’hui dans la phase de recherche la plus avancée au monde.
En septembre dernier, Biosantech obtenait les autorisations nécessaires pour faire évoluer ses recherches en phase II, au coeur d’un protocole qui en compte trois. «D’autres sociétés avaient déjà atteint la phase II mais elles avaient dû arrêter leurs tests après l’apparition d’effets secondaires.
Actuellement, nous sommes les seuls en phase II dans le monde et aucun de nos patients n’a montré le moindre effet secondaire.» Un exploit que certains pensaient réservé aux cadors pharmaceutiques. Il a finalement été réalisé par une micro-société basée à Sophia-Antipolis et dans laquelle des pontes de la recherche sur le Sida travaillent bénévolement.
L’aventure commence en 2011, lorsque Corinne Tréger fonde avec son mari la société Biosantech avec l’espoir de mettre au point un vaccin contre le VIH. Elle reprend un projet du CNRS auparavant épaulé par plusieurs grandes entreprises du secteur de la santé, qui avaient rapidement renoncé.
«Les recherches ont été abandonnées par cupidité, parce que les investisseurs voulaient gagner de l’argent à court terme, déplore Corinne Tréger. À Bisosantech, nous travaillons par croyance, parce que nous voulons que le projet aboutisse.» Une levée de fonds participative de 500.000 euros
Avec l’aide de plusieurs experts en immunologie, notamment le professeur Jean-Claude Chermann, co-découvreur du VIH aux côtés de deux prix Nobel de médecine (Françoise Barré-Sinoussi et Luc Montagnier), et l’appui du CHU de Marseille, les premiers essais ont lieu.
La première phase de tests sur des animaux est concluante. En septembre 2013, une nouvelle série de tests commence sur des patients atteints du VIH. Mais Corinne Tréger, qui puisait jusque-là dans ses fonds personnels, ne peut plus financer à elle seule des travaux de recherche coûteux, aujourd’hui scrutés par le monde entier. «Nous avons besoin de moyens pour réussir cette nouvelle phase du projet.»
Elle lance alors une levée de fonds participative sur le site Happy Capital. Objectif: trouver des investisseurs à hauteur de 500.000 euros pour structurer et rémunérer l’équipe d’une dizaine de personnes qui planche sur le projet mais aussi ouvrir un centre de recherche en immunologie.
À l’heure actuelle, 16.000 euros ont été récoltés. «Rien n’est encore finalisé. Et il reste de toute façon beaucoup de choses à accomplir. Nous ne sommes qu’au début du chemin…»