Le Mouvement Patriotique Nigérien MPN Kiishin Kassa a pris connaissance du contenu de la lettre datée du 7 août 2020, adressée au Président du Conseil de sécurité par le Groupe d’experts créé en application de la résolution 2374 (2017) sur le Mali. Cette lettre expose de manière précise et documentée les différents aspects de la criminalité organisée qui sévit au Niger et que nous dénonçons publiquement depuis 2016.
Le paragraphe 72 mentionne que « Le flux de
stupéfiants le plus régulier et le plus stable à travers le Mali reste celui de
la résine de cannabis, ou haschich, en provenance du Maroc, qui transite par la
Mauritanie et le Mali, puis par le Niger jusqu’en Libye. Mais il est également
question de transport de cocaïne par les convois acheminant du haschisch, étant
donné que les routes d’approvisionnement de ces deux stupéfiants convergent au
Mali et prennent la même direction. »
Sur les saisies de drogue, le paragraphe 77 précise que «
Le 29 avril 2020, la Haute Cour de Niamey a condamné des personnes arrêtées en
avril 2018 pour leur implication dans un trafic international de drogue […] Une
cargaison de 10 tonnes de haschisch avait été transportée dans des camions
frigorifiques du Maroc jusqu’au Niger en passant par la Mauritanie, le Mali et
le Burkina Faso. La plus grande partie de la cargaison, environ 7 tonnes, avait
été sortie d’un entrepôt à Niamey dans la nuit du 12 au 13 avril 2018 et aurait
été acheminée vers la Libye. Deux mois après les arrestations, le 13 juin 2018,
les autorités nigériennes ont confisqué 2,5 tonnes qui étaient cachées dans le
même entrepôt. »
Dans le même document, le Groupe d’experts rappelle que
l’enquête effectuée par les autorités compétentes a révélé l’implication dans
cette affaire de nombreuses personnes de nationalité nigérienne.
Déjà, le 21 juillet 2020 dans un point de presse
téléphonique sur le trafic de drogue en Afrique, Madame Heather Merritt,
sous-secrétaire d’État adjointe au Bureau des affaires internationales de
stupéfiants et de répression des Etats-Unis d’Amérique évoquait le risque lié à
ce trafic au Sahel. Elle soulignait la crainte que « les frontières poreuses et
les déplacements de groupes, y compris de groupes armés illégaux et de
criminels transnationaux, permettent un trafic de stupéfiants susceptible de
financer indirectement certains des réseaux et activités terroristes, dans la
mesure où les trafiquants paient pour bénéficier de passages sûrs via des
espaces sous-gouvernés et des itinéraires qui ont également été empruntés par
des organisations terroristes. »
Il est à présent évident pour tout observateur que le
Niger est devenu une plaque tournante pour le trafic de drogue entre l’Afrique
occidentale et l’Afrique du Nord et que ce régime défaillant a une part de
responsabilité dans cet état de fait.
Cette situation extrêmement préoccupante menace l’état de
droit et met gravement en cause notre sécurité car le terrorisme n’a jamais été
aussi étroitement lié au crime organisé, au trafic de drogue et d’armes ainsi
qu’à la corruption.
Malgré les enjeux particulièrement cruciaux pour l’avenir
de la République du Niger, nous constatons que le régime en place fait preuve,
sur la question, d’un laxisme étonnant qui confine à la complaisance. Le
Mouvement Patriotique Nigérien est déterminé à conquérir démocratiquement le
pouvoir afin de remettre notre pays sur une trajectoire bénéfique pour toutes
les Nigériennes et tous les Nigériens.
Si la question du trafic en tout genre et de la
corruption, liée à celle du terrorisme n’est pas fermement et urgemment prise
en charge par le régime en place, ce dernier aggravera davantage la situation
catastrophique de notre pays et laissera derrière lui un Etat délabré et
ingouvernable. Nous l’appelons à un sursaut de patriotisme au nom de cette
République qui est peut-être la seule valeur politique commune qu’il nous
reste. Il n’est pas trop tard pour mettre fin à la permissivité et aux
complicités à tous les niveaux de l’Etat.
L’avenir de notre pays est en jeu.
Fait à Niamey, le 4 octobre 2020.
Pour le MPN-KIISHIN KASSA
Le Président
Ibrahim Yacouba